Réunis à Barcelone lors du Mobile World Congress, les opérateurs et les équipementiers se disent confiants dans l’avenir de la 5G en dépit de ses débuts timorés. Ses évolutions, comme la 5G standalone ou la 5G privée, devraient convaincre les entreprises de ses performances réelles.
La 5G, un flop ? En France, les réseaux mobiles de cinquième génération ne suscitent guère l’enthousiasme. Quelque deux ans après son lancement commercial, la 5G ne représente que 6 % du nombre total de cartes SIM en circulation, selon les statistiques du troisième trimestre 2022, tenues par l’Arcep, l’autorité de contrôle des télécoms. Le taux de pénétration de la 5G dans les autres Etats membres de l’UE ne semble pas sensiblement meilleur.
Ces débuts poussifs ne suscitent pas l’inquiétude des acteurs de l’industrie des télécoms. Réunis la semaine dernière à Barcelone, pour le Mobile World Congress (MWC), opérateurs et équipementiers ont expliqué que nous n’avions rien vu et que la 5G allait bientôt tenir toutes ses promesses en termes de débit ou de réduction du temps de latence.
Des promesses (enfin) tenues avec la 5G SA
Annoncée pour courant 2023, l’arrivée de la 5G dite standalone (SA) permettra, de fait, de réaliser un véritable saut de performance avec un débit multiplié par dix et une latence ramenée à la milliseconde. Jusqu’alors, la 5G devait cohabiter avec la 4G dans le cœur de réseau. Cette cohabitation a surtout offert un surcroît de capacité aux opérateurs.
Annoncée pour courant 2023, l’arrivée de la 5G dite standalone (SA) permettra de réaliser un véritable saut de performance.
Au MWC, Orange a dévoilé les premiers résultats de Pikeo, son réseau expérimental 5G standalone de bout en bout. L’opérateur français a notamment mis en évidence l’intérêt de la technologie de network slicing apportée par la 5G SA. Soit la capacité de découper à la volée un réseau en “tranches” et de leur attribuer des niveaux de services différents en fonction des besoins et de la criticité du cas d’usage desservi.
Les acteurs des télécoms misent aussi sur l’évolution normative de 5G. Attendue en 2023 ou 2024, la 5G advanced correspond à la version 18 et suivantes des standards émis par le 3GPP, l’organisme international de normalisation. Cette sorte de 5G+ ou de 6G- doit permettre, selon Nokia, de créer des expériences utilisateur réellement immersives, avec des fonctionnalités de réalité étendue combinant le réel et le virtuel.
Au MWC, le fabricant de puces Qualcomm a présenté le premier système modem compatible 5G Advanced. L’équipementier chinois Huawei évoque, lui, une 5.5G. Cette étape intermédiaire à la 6G renouvellerait l’expérience de l’appel vocal et vidéo en apportant la reconnaissance d’images, la traduction en temps réel ou l’incrustation d’un avatar en réalité augmentée.
Couverture par satellite et ondes millimétriques
Autre évolution standardisée 3GPP, la 5G NTN (Non-Terrestrial Network) apporte cette fois la connectivité par satellite. Le coréen Samsung a présenté un modem compatible et son rival taïwanais MediaTek une puce dédiée. Cette couverture par satellite s’adresse, du côté du grand public, aux randonneurs, skieurs et autres plaisanciers et, du côté des industriels, aux acteurs de l’automobile ou de la logistique.
la 5G NTN (Non-Terrestrial Network) apporte cette fois la connectivité par satellite.
Les performances de la 5G diffèrent également en fonction de la banque de fréquences retenue. Plus on monte dans le haut du spectre – autour de 26 GHz – et plus les gains en termes de vitesse et de capacité sont élevés. En contrepartie, la portée du signal décroit proportionnellement.
Les ondes dites millimétriques (mmWave) permettent, par exemple, de couvrir les process critiques d’un site industriel. Au MWC, Ericsson a annoncé, en association avec Telefónica et Qualcomm le lancement du premier réseau mobile 5G millimétrique commercial en Espagne.
Le marché très convoité des réseaux privatifs
La 5G privée a également suscité un très grand nombre d’annonces à Barcelone. Il s’agit, comme son nom l’indique, de proposer à une entreprise son propre réseau en installant sur son site les équipements ad hoc comme des relais et des antennes. Ainsi, indépendante de l’infrastructure publique, elle bénéficie d’une qualité de service garantie et d’une sécurisation accrue.
Indépendante de l’infrastructure publique, la 5G privée bénéficie d’une qualité de service garantie et d’une sécurisation accrue.
Les équipementiers voient dans cette 5G privée un moyen de monétiser leurs solutions. Nokia qui entend se recentrer sur le marché BtoB en a fait une priorité de son nouveau plan stratégique. De son côté, Cisco a multiplié les partenariats dans ce sens avec les fabricants de puces Intel et Qualcomm ou l’opérateur japonais NTT. Un an après avoir lancé son offre de private 5G, Hewlett Packard Enterprise (HPE) vient de racheter Athonet, un spécialiste italien du domaine.
Les Cloud providers lorgnent également ce marché de la 5G privée. Amazon Web Services, qui dispose déjà de sa propre offre de 5G privée (“AWS Private 5G”), a présenté “Integrated Private Wireless on AWS”, un programme de déploiement de réseaux privatifs en association avec des opérateurs comme Orange, Deutsche Telekom ou Telefónica.
Le même AWS propose d’héberger Pikeo d’Orange dans son Cloud ou en mode hybride. De son côté, Microsoft Azure a annoncé la disponibilité générale de “Private 5G Core”. Ce service permet d’opérer des réseaux 5G privés en périphérie du Cloud (Edge) via sa plateforme Azure Arc.
Un déploiement plus rapide que la 3G ou la 4G
Enfin, la GSMA, l’association mondiale pour l’industrie des communications mobiles, a communiqué ses prévisions en termes d’adoption de la 5G. Le nombre d’utilisateurs, particuliers et professionnels, a dépassé le milliard à la fin de 2022 et devrait atteindre 1,5 milliard cette année, puis deux milliards d’ici à la fin de 2025.
Le nombre d’utilisateurs, particuliers et professionnels, devrait atteindre deux milliards d’ici à la fin de 2025.
En janvier 2023, la GSMA a recensé 229 réseaux 5G commerciaux dans le monde et plus de 700 modèles de smartphones compatibles. “Cette dynamique confirme que la 5G est le standard qui se déploie le plus rapidement, devant la 3G et la 4G.” CQFD.
Xavier Biseul