INTERVIEW
Le secteur de la sécurité privée et de la surveillance humaine, autrefois appelé gardiennage, compte aujourd’hui plus de 10 000 entreprises en France. Si la croissance du chiffre d’affaires du secteur est en constante augmentation depuis plus de 10 ans, une réduction des marges financières des entreprises est observée parallèlement.
Vincent Guérin, PDG de Aexae -éditeur de solutions logicielles pour les entreprises de la sécurité – constate une prise de conscience des enjeux financiers encore plus forte depuis le début de la crise sanitaire dans le secteur. Dans cette tribune, il revient sur la situation des entreprises de sécurité, les difficultés auxquelles elles sont confrontées et envisage des solutions pour les aider à augmenter leur rentabilité.
Qu’est-ce que la crise sanitaire actuelle a changé pour les entreprises de sécurité privée ?
“ Sans vous surprendre, l’état du marché est aujourd’hui très contrasté suivant les domaines d’intervention. Les entreprises fournissant des agents pour la grande distribution ou les hôpitaux ont vu la demande augmenter depuis mars 2020. Mais des secteurs comme l’industrie ou l’événementiel, avec la baisse d’activité et le télétravail sont par contre très affectés.
L’année dernière, les demandes de prestation ont dû être gérées dans l’urgence. Que ce soit dans les établissements de santé ou commerciaux, les entreprises de sécurité ont reçu énormément de requêtes pour des agents supplémentaires capables de gérer de nouvelles missions : comptage des personnes, vérification des mesures sanitaires, etc.
Le métier d’agent est passé de missions de surveillance passives à des tâches pro actives vers le public avec la nécessité de se former à de nouveaux besoins. Les entreprises ont su répondre présentes face à cette demande qui continue d’évoluer vers de plus en plus de services associés (solutions de comptage par exemple).
Vous parlez d’évolution de l’activité, qu’en est-il de la rentabilité des entreprises ?
Malgré ces évolutions, la difficulté principale du secteur reste la même depuis des années : la rentabilité en raison de marges très faibles. De mon point de vue, deux éléments expliquent ce problème :
- l’absence de règles communes et d’accord de branche. Chaque société se bat sur le marché avec des armes différentes, notamment sur la manière de calculer les heures supplémentaires des agents.
- le fait de vendre des heures et non un service : en se voyant proposer un taux horaire, les acheteurs chez le client ont tendance à aller vers le prix le plus bas. C’est un des rares métiers où l’on connaît le coût de revient du fournisseur. Le prix est donc l’élément comparatif absolu alors que l’on parle d’une prestation globale avec des qualités de services différentes.
La prise de conscience de l’importance des services apportés par le secteur de la sécurité depuis 2020 est donc bien réelle, mais malheureusement pas assez pour faire évoluer le système. C’est un sujet sur lequel les organisations patronales travaillent au quotidien pour tenter de revaloriser le marché. Les habitudes peinent à changer comme on a pu le constater récemment lorsque la majorité des organisations syndicales de salariés ont refusé d’accepter une revalorisation de la grille salariale pour 2021.*
De quelle manière les entreprises peuvent-elles se différencier pour devenir plus rentables?
Aujourd’hui, deux leviers sont à disposition des entreprises pour pérenniser leur activité.
- L’augmentation de la valeur ajoutée avec la mise en place d’outils supplémentaires – contrôle qualité, main courantes, encadrement – qui permettent de jouer sur les tarifs, même si la marge de manœuvre est considérablement réduite.
- Une meilleure maîtrise des coûts, notamment en surveillant les indicateurs principaux : la gestion des temps et les paies.
Dans la sécurité, chaque heure non travaillée est une heure perdue et chaque heure supplémentaire non facturée est une charge non prévue. Optimiser la gestion des plannings est donc un savoir-faire incontournable. Pour cela il faut pouvoir prévoir en amont les différentes missions à venir, mais aussi gérer le ponctuel.
Améliorer la rentabilité en digitalisant l’exploitation et la gestion administrative, grâce à des logiciels dédiés à la sécurité privée.
Une meilleure gestion permet aussi de réduire le turnover. Il faut savoir que dès qu’un agent doit être remplacé sur un site où il intervient de façon récurrente, une passation est réalisée avec son successeur et ce coût de formation n’est pas imputable au client. Une connaissance des compétences de chaque agent (formations, diplômes) et un planning optimisé sont un des leviers pour prévoir et diminuer le nombre d’heures improductives.
Viennent s’ajouter la partie RH et comptable : les agents étant multi-sites et avec des interventions potentiellement 24h/24 et 7J/7, il faut calculer les primes de nuit, jours fériés, dimanche, etc. La gestion des paies et de la facturation en est d’autant plus complexe.
Aujourd’hui, cette organisation peut être largement améliorée en digitalisant l’exploitation et la gestion administrative, grâce à des logiciels dédiés à la sécurité privée.
Quels sont les avantages qu’un logiciel dédié aux métiers de la sécurité peut apporter ?
En adoptant un logiciel prévu pour gérer les spécificités de la sécurité privée, les entreprises du secteur, quelle que soit leur taille, peuvent rapidement mesurer une nette amélioration du ROI.
. De telles solutions apportent un gain de productivité. La gestion des plannings, des paies et de la facturation est automatisée et simplifiée. L’interfaçage avec les autres outils du SI, comme les logiciels comptables ou les outils du terrain (main courante informatique par exemple) permet de gagner un temps précieux.
Au niveau de la gestion des ressources humaines, l’automatisation des process de gestion libère du temps pour recruter plus d’agents sans avoir à augmenter les effectifs de l’équipe administrative, qui voit sa rentabilité améliorée.
De leur côté, les agents bénéficient d’une mise à disposition en temps réel de leurs plannings et d’ une meilleure communication avec leur responsable. Leurs conditions de travail s’en trouvent améliorées puisqu’ils gagnent en autonomie et en réactivité.
Grâce aux applications mobiles, les agents peuvent consulter à tout moment leurs informations sur leur smartphone et aussi faire remonter leurs demandes d’absence ou d’acompte et suivre leur traitement. Cela renforce leur fidélisation, un élément à ne pas oublier sur un marché très concurrentiel.
Nous parlions aussi de jouer sur la valeur ajoutée. L’utilisation d’un logiciel permet d’avoir une traçabilité des actions effectuées et des preuves à fournir au client final en cas de discussion : c’est une garantie indiscutable de la qualité de service.
Dans notre domaine, la transformation digitale ouvre beaucoup de possibilités. Après la gestion du temps, des paies et de la facturation, les éditeurs de logiciels se tournent dorénavant vers le contrôle de la qualité pour le monde de la sécurité privée. L’objectif étant toujours le même : démontrer au client la valeur ajoutée du service que l’on peut lui fournir pour lui vendre bien plus que des heures de présence d’un agent.
- Source : https://ges-securite-privee.org/actualites/nao-2020-pour-2021
