L’intelligence artificielle est-elle une menace ou une opportunité pour la planète ? Alors que l’IA se diffuse à une vitesse phénoménale dans tous les aspects de notre société et promet de nombreuses ruptures, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté à l’unanimité un avis composé de neuf préconisations.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit “qu’un doublement des centres de données dans les deux à dix prochaines années pourrait faire passer leur part dans la consommation mondiale d’électricité de 1 %, actuellement, à 13 %“.
Cette hausse a des conséquences notables sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2). “La montée en puissance de l’IA générative, qui nécessite des ressources plus importantes en termes d’électricité, d’eau et de métaux rares, laisse entrevoir une tendance à l’augmentation de son empreinte écologique. L’impact environnemental de l’IA ne se limite en effet pas à son utilisation : il s’étend à toutes les phases de son cycle de vie, de la fabrication à la distribution, en passant par la gestion de la fin de vie des équipements” affirme le CESE.
D’un autre côté, l’IA peut aussi être une solution pour préserver l’environnement. “Google, dans une étude commandée en novembre 2023 au cabinet Boston Consulting Group, avance que l’amélioration des connaissances, permise par les progrès en IA, pourrait atténuer de 5 à 10 % les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2030”. Aujourd’hui, l’IA dans son ensemble représente encore une faible part (0,03 %) de la consommation électrique mondiale.
Les préconisations
Ainsi, le CESE a adopté neuf préconisations pour une développer une IA éthique et durable. Les élus du CESE proposent que la France joue un rôle moteur dans l’évaluation de l’empreinte environnementale des IA et recommandent la mise en place d’un événement international, inspiré de la COP21, pour promouvoir des initiatives exemplaires à fort impact.
La formation est un axe clé. Les exigences d’écoconception et d’usage frugal de l’IA doivent être intégrées dans les programmes de formations initiales et continues.
Les programmes de recherche et d’innovation sur les IA sont également prioritaires. “Les financements publics pour les projets de développement d’IA « frugales » (« Green IA ») et d’IA à finalité directement environnementale (« IA for green ») doivent être renforcés“.
La qualité et la transparence des systèmes sont aussi essentielles. Le CESE préconise le respect des réglementations et l’interopérabilité des systèmes qui sont une nécessité.
L’évaluation de l’empreinte environnementale des IA est aussi préconisée. Le CESE demande d’exiger “des entreprises concernées la transparence sur la consommation des ressources, et de construire un référentiel d’évaluation environnementale garantissant sa légitimité scientifique, politique et démocratique. Cette évaluation permettra aux utilisateurs, citoyens et entreprises, de choisir les IA les plus sobres.”
L’une des préconisations concerne l’écoconception des équipements désormais rendue obligatoire. Le CESE demande “d’intégrer systématiquement la démarche d’écoconception des équipements, notamment les terminaux, dont le renouvellement est accéléré par l’IA, en s’appuyant sur les normes et recommandations existantes“.
Les usagers ont un rôle majeur à jouer. Le CESE propose de “responsabiliser les usagers par des campagnes d’information générales et spécifiques sur l’empreinte environnementale des IA et de leur garantir la possibilité de désactiver sur leurs applications les usages d’IA et la collecte de données“.
Les élus proposent aussi que les pouvoirs publics veillent “à respecter l’objectif de zéro artificialisation nette, notamment par l’utilisation de sites déjà artificialisés“.
Enfin, l’avis adopté demande que “dès l’origine des projets d’implantation de centres de données (datacenters), l’usage du système européen de notation de durabilité de ces centres et le principe de récupération de la chaleur fatale soient intégrés“.