A l'approche de What's Next, événement majeur pour la communauté IT, Pierre Queinnec CTO – Zenika, nous présente cette conférence qui réunira le 26 et 27 mai, au Grand Rex, les plus grands noms du monde Java.
-Quelle est la genèse de l’évènement, d’où vient l’idée ?
Pour répondre à cette question, il faut un peu de contexte. En 2008, Zenika a fait venir Ari Zilka, le CTO de Terracotta, pour une conférence exceptionnelle à Paris. Ari a accepté de venir de San Francisco afin de présenter devant une salle comble de 150 personnes.
A l'époque, rappelons que le Java User Group parisien venait de se lancer, et était le seul à organiser des événements publics sur Java à Paris. Zenika était sponsor du Paris JUG, mais souhaitait aussi promouvoir d'autres technologies qui lui semblaient intéressantes, et participer en sus de façon directe au partage de l'information en sponsorisant la venue de stars de notre domaine.
Zenika a été créée par des consultants Java/JEE, et il est clair que l'une de nos motivations était de pouvoir profiter de ces conférences pour rencontrer les personnes derrière les technologies que nous appréciions tant. C'est pour cela que nous avons fait venir les auteurs des projets open-source que nous souhaitions soutenir, notamment Spring, Apache Wicket, iText, Terracotta, Eclipse BIRT, HTML5, EhCache, etc… Nous avons ainsi organisé une quarantaine de conférences, toutes gratuites, suivies d'un pot avec les speakers pour que chacun puisse poser ses questions techniques.
En 2010, à la demande de la Fondation Eclipse dont nous sommes membres, nous avons repris le flambeau de l'organisation de la grande conférence française Eclipse annuelle. L'Eclipse Day Paris a réuni les plus grands spécialistes de l'écosystème Eclipse dans un format sur une journée, gratuite et libre d'accès, au Pavillon Royal. L'événement a eu un grand succès, un peu plus de 400 personnes ayant fait le déplacement pour rencontrer les développeurs Eclipse.
Fort de cette expérience, nous avons souhaité organiser une grande conférence française afin de réunir toute la communauté de passionné(e)s Java de France. Le second motif très important derrière la création de la What's Next, est la constatation que la France souffre cruellement d'une comparaison avec les autres pays européens sur le terrain des grandes conférences Java. L'Angleterre a une quantité d'événements de grande taille couvrant tous les domaines et tous les langages de programmation. L'Allemagne a la conférence annuelle JAX, la Belgique a la fameuse conférence Devoxx qui réunit 3500 personnes, etc.
Il est important pour la France de pouvoir s'établir de façon visible sur la scène mondiale Java, et la What's Next est l'une des pièces du puzzle. En tout cas c'est notre pierre à l'édifice.
-Comment voyez vous le présent et l’avenir de java ?
Le présent, c'est celui de l'un des langages les plus utilisés de l'histoire de l'informatique, aussi bien en termes d'existant que de projets en cours ou en amorçage. C'est aussi le constat qu'une syntaxe volontairement simple et lisible est un choix de prédilection pour les entreprises, pour lesquelles une ligne écrite est une ligne à maintenir.
L'avenir se fonde sur ce double constat: Java est un langage de masse, sans connotation péjorative, c'est-à-dire qu'il nivelle l'écart de niveau entre un développeur brillant et un développeur moins au fait de ses possibilités. L'écart de productivité ne se situera pas forcément au niveau syntaxique, mais au niveau de l'utilisation des bibliothèques disponibles, des briques open-source les plus adaptées. Un bon développeur saura tirer parti des technologies pointues qui sont aujourd'hui librement disponibles, alors qu'une personne moins au fait ré-écrira sans cesse des fonctionnalités déjà accessibles. Le terme langage de masse n'est comme précisé pas péjoratif, car il permet à des développeurs de niveaux variés de cohabiter sur un même projet en minimisant les chances de tomber sur du code où personne ne saura intervenir.
L'avenir est donc fondé sur cette base. Java évolue mais conserve en mémoire sa population cible. Son évolution est donc volontairement conservatrice, même si l'intégration des Closures est bienvenue et provoquera une vraie attente des développeurs pour que les productions se mettent à jour.
Mais l'avenir de Java n'est peut-être pas uniquement Java sur la JVM, mais bien Java la syntaxe, au travers de projets comme Android ou GWT par exemple… La conférence What's Next vise à répondre à une partie de ces interrogations, notamment en regroupant des speakers d'horizons et de sociétés très différents.
-Comment se positionne Zenika par rapport à java ?
Très clairement, Java est notre langage de prédilection, et la JVM notre plateforme de choix. Mais il faut savoir être force de proposition et présenter des solutions basées sur leurs mérites techniques respectifs, afin de permettre aux utilisateurs de faire des choix éclairés. Nous sommes en ceci aidés que l'interopérabilité est de plus en plus facilitée à la fois par les technologies type REST ou WS-*, mais aussi par les middlewares eux-mêmes type GemFire ou RabbitMQ qui présentent des interfaces pour de nombreux langages et plateformes différentes.
Je rajouterai à titre personnel être chagriné par le sort actuel d'Apache Harmony, et être attentif aux développements d'OpenJDK. Je pense aussi que le projet LLVM et notamment VMKit / J3 sont à surveiller car ils offrent une alternative qui pourrait se révéler intéressante à terme.
-Quels sont les points forts de l’évènement ? les personnalités invitées ?
La What's Next Paris est l'occasion d'enfin réunir la communauté et les utilisateurs de Java français, et de les faire rencontrer une sélection des esprits les plus brillants de notre domaine. Le tout dans une atmosphère technique sans langue de bois, ce qui permet de repartir avec de nouvelles idées et solutions pour les problématiques d'aujourd'hui et de demain.
Nous avons invité des experts de chacun des domaines à venir parler de leur sujet de prédilection. Les deux keynotes seront faites par Adrian Colyer, le CTO de SpringSource / VMware, et par Neal Gafter de Microsoft, qui a travaillé précédemment chez SUN et à qui nous devons les principales évolutions de Java dans les versions 1.4 et 5.
Les autres sujets abordés seront :
– l'intégration continue, avec la venue de Kohsuke Kawaguchi de CloudBees (ex-SUN aussi), le développeur du produit leader du secteur, Jenkins (précédemment nommé Hudson);
– les architectures orientées message et l'interopérabilité avec Rob Harrop de SpringSource;
– les langages alternatifs avec Clojure par Howard Lewis Ship, le fameux créateur d'Apache Tapestry, et Scala, au travers de systèmes d'acteurs avec Jonas Bonér;
– le Java très avancé avec Jevgeni Kabanov, l'homme derrière le révolutionnaire JRebel;
– la scalabilité ou passage à l'échelle avec l'un des grands spécialistes du genre, Theo Schlossnagle, qui a littéralement écrit le livre, puisqu'il est l'auteur de Scalable Internet Architectures;
– le futur du web avec HTML5 et les WebSockets, par Brad Drysdale, le directeur technique de Kaazing;
– les architectures haute-disponibilité de type grille de données avec Jags Ramnarayan de GemStone;
– le futur des environnements de développement avec Eclipse Orion et son co-leader Boris Bokowski.
– et d'autres encore
Un programme vitaminé dont le mot d'ordre est d'apporter le maximum aux participants, en n'ayant retenu que des sessions techniques où chacun pourra trouver son bonheur et réponse à ses questions.
-On a l’habitude de conférences et de salons où l’entrée est gratuite. Quelles sont les raisons de l’entrée payante ? Pour quelles raisons un développeur paiera-til ?
Est-ce que Zenika en fait une opération commerciale, rentable ?
C'est une question très intéressante. Zenika n'a auparavant jamais organisé d'événements payants. Toutes nos conférences ont toujours été publiques et gratuites. C'est donc pour nous une première.
Nous avons rendu l'entrée payante car il est impossible d'organiser un événement de cette taille sans un minimum de contribution de chaque participant. Je dis bien un minimum car tout a été fait pour que le prix du ticket soit le plus bas possible.
Mais louer le Grand Rex pour trois jours (un jour pour tout installer et tout tester, et deux pour la conférence), rémunérer tout le staff, agents de sécurité, hôtesses d'accueil, enregistrement vidéo, préparer des surprises sympathiques pour les participants, payer les billets de dizaines de speakers du monde entier, tout cela coûte cher. Et ceci répond par ailleurs à votre dernière question, une conférence de ce type ne peut être rentable. Il s'agit d'une vraie volonté d'organiser un grand événement qui permette à chacun de s'amuser, d'apprendre de nouvelles choses, de networker et de rencontrer plein d'autres personnes passionnées, bref un événement à la hauteur des attentes de la communauté Java française.
Et pour cela, si vous aussi vous utilisez ou appréciez Java et son écosystème, faites-vous plaisir et participez avec nous à la plus grande conférence Java française jamais organisée!