Google doit modifier son modèle et ouvrir son moteur de recherche à la concurrence, a recommandé mardi le gouvernement américain avant le prononcé de la peine visant le groupe condamné début août pour monopole.
Dans le document d’une trentaine de pages transmis au juge fédéral de Washington Amit Mehta, le ministère de la Justice (DOJ) évoque de possibles changements “structurels“, un terme que beaucoup d’observateurs traduisent par une scission. Le même magistrat avait reconnu Google coupable de pratiques anticoncurentielles dans la gestion et la promotion de son célèbre moteur de recherche. Le procès avait notamment mis en avant les sommes mirobolantes versées par la filiale d’Alphabet pour s’assurer l’exclusivité de Google Search auprès de fabricants de smartphones et navigateurs internet.
Rendre accessibles les données et les modèles de programmation
Le document publié mardi n’est qu’une version préliminaire des recommandations que le DOJ adressera au juge Mehta, en novembre. Cette première mouture dresse une série de pistes de réformes, parmi lesquelles l’obligation qui serait faite à Google de rendre accessibles les données et les modèles de programmation utilisés pour générer des résultats via son moteur de recherche.
Le DOJ envisage aussi de demander au magistrat d’interdire à Google d’utiliser ou de conserver des données qu’il refuse de partager avec des sociétés tierces.
Le gouvernement américain suggère également la possibilité d’empêcher le géant technologique d’utiliser son navigateur Chrome, sa boutique d’application Google Play Store et son système d’exploitation mobile Android pour conférer un avantage à son moteur de recherche.
“Scinder Chrome et Android les détruirait”
Cette limitation des interconnexions entre les différents produits du groupe californien pourrait passer par des changement “structurels“, le DOJ pointant ainsi dans la direction d’un éclatement. “Scinder Chrome et Android les détruirait, eux et beaucoup d’autres choses”, a réagi Google dans un communiqué posté sur son site. Une séparation forcée “changerait leur modèle économique, augmenterait le coût des appareils et saperait Android et Google Play dans leur compétition avec l’iPhone et l’App Store“, boutique d’applications d’Apple, poursuit Google.
Quant à un partage éventuel des données de recherche et des résultats avec d’autres acteurs d’internet “présenterait un risque pour la protection de vos données et votre sécurité“, avance la société californienne.
Pour Google, les recommandations du gouvernement américain “vont bien au-delà des questions juridiques abordées dans ce dossier“.
Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90% du marché mondial de la recherche en ligne et même 94% pour les smartphones.
Juliette Paoli avec AFP