(AFP) – Les autorités américaines ont annoncé mercredi inculper trois Nord-Coréens pour une série de piratages informatiques au préjudice d’entreprises et d’institutions financières, en ciblant notamment le secteur des cryptomonnaies, pour tenter de subtiliser environ 1,3 milliard de dollars en tout.
“Ces agents nord-coréens, en utilisant des claviers d’ordinateurs plutôt que des armes, en dérobant des portefeuilles informatiques remplis de cryptomonnaies plutôt que des sacs remplis d’argent liquide, sont les numéros un des braqueurs de banques dans le monde“, a commenté le procureur fédéral John Demers.
Selon l’acte d’inculpation déposé devant un tribunal de Los Angeles, les trois suspects font partie d’une agence de renseignement militaire nord-coréenne connue pour avoir déjà lancé des cyberattaques. Ils ont été identifiés comme suit: Jon Chang Hyok, 31 ans, Kim Il, 27 ans et Park Jin Hyok, 36 ans.
Obtenir des fonds pour leur gouvernement
L’ampleur de leurs délits est “pharamineuse” et illustre “l’alliance croissante entre des responsables travaillant pour des Etats et des pirates hautement sophistiqués“, a estimé Michael D’Ambrosio, un directeur du Secret Service. Les trois agents sont accusés d’avoir mené ces opérations dans le but d’obtenir des fonds pour leur gouvernement, en évitant les sanctions onusiennes qui ont asséché les sources de revenus du régime de Pyongyang.
Pendant au moins sept ans, selon les autorités américaines, ils ont créé des applications malveillantes de cryptomonnaie qui ouvraient des “back doors” (portes dérobées, ou accès illégitimes) dans les ordinateurs ciblés; ont piraté des entreprises échangeant des monnaies numériques comme le bitcoin; et ont développé une plateforme de blockchain pour échapper aux sanctions et lever secrètement des fonds.
Le département américain de la Justice ne précise pas la somme totale sur laquelle les trois hommes auraient selon lui mis la main. Mais lors d’une opération en 2018, ils ont par exemple volé, selon le département à la Justice, 6,1 millions de dollars à des distributeurs
automatiques de billets de BankIslami, au Pakistan, après avoir eu accès au réseau informatique. Ils se seraient également emparé d’échanges de monnaies virtuelles en
Slovénie et en Indonésie et subtilisé 11,8 millions de dollars à un marché de change new-yorkais.
Les poursuites américaines s’appuient sur les accusations portées en 2018 contre l’un des trois, Park Jin Hyok, pour le piratage de Sony Pictures en 2014 et le vol en 2016 de 81 millions de dollars de la banque centrale du Bangladesh.
Le piratage de Sony Pictures avait été revendiqué par un groupe exigeant du studio de cinéma qu’il annule la sortie de “L’interview qui tue!“, une comédie dans laquelle deux journalistes sont approchés par la CIA pour tuer Kim Jong Un.