Situé à Jussieu dans le 5ème arrondissement, le Sorbonne Center for Artificial Intelligence (SCAI) se veut un catalyseur de la recherche et de la formation interdisciplinaire en IA. Solutions Numériques a rencontré Gérard Biau, son directeur.
L’Alliance Sorbonne Université (regroupant Sorbonne Université, le CNRS, l’Inserm, l’Inria, l’UTC, le Muséum national d’histoire naturelle, l’INSEAD et l’IRD) a annoncé en juin dernier la création, en partenariat avec l’AP-HP et le CEA, du Sorbonne Center for Artificial Intelligence. Le SCAI ouvrira ses portes cet automne dans un espace de 700 mètres carrés sur le campus Pierre et Marie Curie (Jussieu) après des travaux d’aménagement qui vont commencer cette semaine.
Ce centre de recherche et de formation interdisciplinaire en intelligence artificielle mobilisera l’ensemble des forces des unités mixtes de recherche des différents partenaires, engagées dans la science des données, le calcul haute performance et dans l’intelligence artificielle en mathématiques, informatique et robotique ainsi qu’en climatologie et biodiversité, en santé, en économie et en humanités numériques.
En parallèle, le SCAI d’Abu Dhabi, qui ouvrira sur le campus de Sorbonne Université Abu Dhabi à la même époque, développera des actions de recherche et d’enseignement innovantes et des partenariats dans cette région.
Faire converger les compétences
« L’idée n’est pas de sortir les chercheurs de leurs laboratoires mais d’avoir un lieu, une sorte de maison commune, qui regroupe les projets de recherche autour de l’IA, précise Gérard Biau, directeur du SCAI et professeur au laboratoire de probabilités, statistique et modélisation de Sorbonne Université. Nous sommes partis du constat que nous possédons beaucoup de forces vives autour de l’IA, depuis les domaines fondamentaux jusqu’à des projets autour de l’éthique, la philosophie, la sociologie, en passant bien évidemment par la médecine, et que tous ces chercheurs ne travaillent pas suffisamment ensemble. Nous voulons donc essayer de catalyser leurs compétences grâce à ce centre ».
Durant la phase d’amorçage, le financement du SCAI, – quelque 4 millions d’euros par an -, sera assuré à hauteur de 500 000 à un million d’euros par l’Alliance, et le reste par des chaires d’université en partenariat avec des entités privées, typiquement des industriels. « Notre objectif est d’atteindre l’autonomie financière d’ici un ou deux ans grâce à ces chaires d’excellence, affirme Gérard Biau. Un « memorendum of understanding » a déjà été signé avec un consortium Thales-Total pour investir sur une chaire double à Paris et Abu Dhabi. Nous sommes aussi en discussion très avancée avec le groupe Atos pour une chaire sur les problématiques de la greffe du rein ».
SCAI animateur des formations en IA de Sorbonne Université
Côté enseignement, le SCAI se fixe le même rôle de catalyseur. « Le centre n’a pas pour vocation de se subsister à l’UFR mais comme pour la recherche, de créer une dynamique autour de l’IA. Au niveau de la formation initiale d’abord, il va être force de proposition puisque l’Université s’est fixé comme objectif que tous ses étudiants, au niveau des Masters mais aussi au niveau doctoral, soient sensibilisés à l’intelligence artificielle, explique le directeur du SCAI. Notre ambition est de créer une communauté de doctorants capables notamment de porter la bonne parole sur l’IA et de faire de la formation à l’IA ». Dès la prochaine rentrée universitaire, un nouveau parcours de Master 2, animé par le SCAI, sera créé par Sorbonne Université : le master en apprentissage et algorithmes. « Nous avons reçu cent-cinquante candidatures pour une vingtaine de places », précise Gérard Biau. Le SCAI concevra des conférences spécialement pour les élèves.
Au niveau de la formation continue, Sorbonne Université a lancé l’année dernière un Diplôme universitaire (DU) « IA et learning machine » dont la première promotion de vint-quatre élèves est sortie en juin et qui recommencera à la prochaine rentrée. Une formation courte non diplômante en « deep learning » a été créée dans le même temps. Ces formations continueront à être pilotées par le service de formation continue de l’Université et le SCAI aura vocation à les animer. « Enfin, l’animation grand public autour de l’IA est un troisième volet de formation, essentiel pour nous, affirme Gérard Biau. Nous espérons mettre en place très rapidement dans nos locaux un cycle de formations et de conférences gratuites ouvertes à tous ».
Le SCAI en chiffres
– 4 axes de recherche : mathématiques-informatique-robotique, santé-médecine, climat-environnement-univers et humanités numériques
– 700 m² au cœur de Paris
– Plus de 100 scientifiques, 150 doctorants et chercheurs postdoctoraux, 300 étudiants
– Plus de 20 partenaires industriels des start-ups aux grands groupes internationaux
– 1 antenne sur le campus d’Abu Dhabi de Sorbonne Université.
Auteur : Patricia Dreidemy