La solution a été développée par la startup T.O.P., « spin off » de l’ESN internationale Aymax. Dédiée aux managers, aux RRH et aux DRH, la solutions en mode SaaS est basée sur un algorithme utilisant l’IA et la « data science » pour anticiper les fluctuations des équipes et limiter le turnover dans les entreprises.
« J’avais lancé une dynamique d’innovation dans mon ESN et proposé à certains managers de mettre des idées sur la table pour les traiter avec les équipes, raconte Maxime Cariou, fondateur-CEO d’Aymax et cofondateur de T.O.P. L’un d’entre eux, qui avait fait carrière au Canada, m’a parlé de solutions de ce type existant là-bas et a suggéré d’en développer une pour résoudre le problème de fort turnover – entre 30 et 40 % – lié à notre métier de consultant informatique ».
Maxime Cariou recrute alors un docteur en intelligence artificielle pour monter le dossier et ils commencent à développer la solution, un an avant de lancer la société T.O.P. en mai 2022. « Au fur et à mesure des développements et des itérations, nous nous sommes rendus compte que cela devenait probant, poursuit-il. Nous avons ensuite fait une levée de fonds de plus d’un million d’euros en deux semaines en mars 2022, après avoir finalisé le Proof of Concept. Puis, il a fallu vendre le produit, ce qui a pris un peu plus de temps. Nous avons eu notre premier client, un grand groupe industriel, trois ou quatre mois après ».
90 % de fiabilité pour les grands groupes
Basé sur l’analyse des data RH dont dispose les entreprises (profil individuel, scope de compétences, historique professionnel, date d’arrivée dans l’entreprise, niveau de formation…), l’outil est en mesure de visualiser le risque de démission en temps réel, d’identifier les souhaits de mobilité des collaborateurs et de proposer des actions préventives et correctives au cas par cas pour retenir un salarié sur le point de partir : formation, prime, hausse de salaire…
La solution est utilisable par les entreprises de tous les secteurs de l’économie. A chaque fois, T.O.P. adapte l’algorithme au contexte du client. Sa fiabilité est de plus de 90 % pour les grands comptes et elle parvient à réduire le taux de turnover de 15 à 40 %. La startup compte actuellement une quinzaine de clients, essentiellement en France, la plupart dans les domaines du numérique et de la banque-assurance.
L’enjeu RGPD des data RH
« Nous avons conçu la solution dans le sens du RGPD et avons été accompagnés par un cabinet d’avocats spécialisé dans le domaine. Seules sont traitées des données RGPD, un historique de données RH classiques de trois ans en moyenne émanant du SIRH des entreprises, que l’on complète avec des données du marché, explique Maxime Cariou. Nous travaillons dans le registre du principe juridique de « l’intérêt légitime comme base légale ». D’après ce principe, quand une solution va dans le sens du collaborateur, il n’est pas toujours nécessaire de lui demander son consentement mais, pour autant, il existe certains prérequis comme l’inscription dans des chartes internes de l’entreprise. Le collaborateur doit également être informé du traitement des données. C’est pourquoi nous présentons également la solution au CSE de l’entreprise ».
Un cadre légal est par ailleurs en train de se mettre en place via le SIA (Service de l’Intelligence Artificielle) créé au sein de la CNIL. T.O.P. prévoit aussi de faire certifier sa solution par l’AFNOR.
Patrice Dreidemy