Décidément, les datacenters s’accumulent sur une petite portion de territoire de la Seine-Saint-Denis, comme les voitures sur l’autoroute A1 que j’ai empruntée pour assister le 6 octobre à l’inauguration du dernier site d’Equinix, le PA10, à Saint-Denis, un modèle de datacenter du futur.
Le campus d’Equinix à Saint-Denis, racheté en 2008 à Digital Realty, comprend désormais un nouveau site, PA10, sans doute pour marquer le fait qu’il s’agit du 10 ème datacenter Equinix en 20 ans, dans la région parisienne.
PA10 a demandé un investissement de de 139 millions d’euros, sur un plan de 750 millions d’euros sur trois ans. L’investissement total d’Equinix s’élève à 1 milliard sur 5 ans en France, avec l’ouverture de 5 datacenters (4 en Île-de-France et un dans la région de Bordeaux) , devant représenter la création de 165 emplois directs et 450 emplois indirects.
PA10 propose dans sa première phase 3 775m2 d’espace de colocation et une capacité de 1 525 « cabinets ». En phase finale, le site offrira 5 775 m2 de colocation, avec environ 2 250 cabinets. A noter que seuls 2 étages et demi contiennent les racks de serveurs, car un étage d’un des deux bâtiments contient une serre agricole.
Une ferme urbaine sur le toit de PA10
Le développement durable a été une priorité du site, avec des systèmes de récupération de la chaleur « fatale » produite par les équipements des clients d’Equinix.
Equinix s’est en effet engagé à atteindre la neutralité climatique à l’échelle mondiale d’ici 2030. PA10 est conçu dans le but d’obtenir la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Le site devrait utiliser 100 % d’énergie renouvelable et intégrer de multiples initiatives environnementales conformes à la norme ISO 50001.
L’eau du data centre sera récupérée à 28°C. Le refroidissement des serveurs à l’aide de pompes à chaleur dégagera 6,6 MW de chaleur. Cette énergie renouvelable et de récupération alimentera en chauffage et eau chaude sanitaire des programmes immobiliers à proximité immédiate, notamment la piscine Olympique et la ZAC Plaine Saulnier dont la Métropole du Grand Paris est maître d’ouvrage. Equinix s’est engagé contractuellement à fournir gracieusement cette chaleur pour une durée de 15 ans.
L’ énergie est également utilisée pour chauffer une serre de 430 m² dans laquelle seront cultivés des fruits et légumes, installée sur le toit du nouveau site. Cette « ferme urbaine » est opérée par les Fermes de Gally, et les production de fruits et légumes sera offerte aux associations locales, « un exemple unique de transition écologique et d’intégration dans l’environnement » insiste Régis Castagné, Directeur Général France d’Equinix, qui indique : « C’est la première fois en France, et une des premières dans le monde que la récupération de la « chaleur fatale » atteint 6 mégawatt ».
“Quand une entreprise exploite son propre datacenter, son PUE est généralement supérieur à 2.0 ! Elle économisera donc 70% de consommation électrique en déménageant ici. »
« La réalisation d’un datacenter, explique Régis Castagné, Directeur Général France d’Equinix, demande de respecter un triptyque magique, qui en fait la difficulté. En premier, la performance technologique (pour fournir le niveau de service 24/7.). Si pendant la pandémie, dans une famille, on pouvait faire une visioconférences avec Zoom, pendant que les enfants regardaient Netflix, c’est parce que ces services étaient hébergés ici.Ensuite le développement économique : les 139 millions d’investissement, dans le cadre d’un pal plus large. Enfin, l’efficacité énergétique, qui atteint ici un record de 1,26 de PUE. Quand une entreprise exploite son propre datacenter, son PUE est généralement supérieur à 2.0 ! Elle économisera donc 70% de consommation électrique en déménageant ici. »
Des m2 trop chers pour de futurs datacenters?
Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, a pris la parole lors de l’inauguration du datacenter. Il s’est réjouit de ce « partenariat » : « Nous avons l’impression d’inventer la France de demain au travers de ces innovations. Demain nos habitants seront chauffés grâce à nos ‘scories numériques’. Qui l’aurait imaginé il y a vingt ans ? »
L’élu a laissé entendre qu’en raison du prix du foncier, il s’agissait là peut-être du dernier datacenter de la ville. Et il a conclu, en forme de boutade, que les données de la ville n’étant pas encore hébergées dans le datacenter, il allait en négocier le tarif…
