Un gamer français jugé pour des actes malveillants contre Ubisoft et le Cned

(AFP) – Yanni O., dont le pseudonyme de joueur est Y4nn0XX, est visé dans trois affaires distinctes survenues entre 2020 et l’été 2022 en France et au Canada. Le Français, soupçonné d’attaques contre le Cned et Ubisoft, s’est expliqué lors d’une audience correctionnelle à Paris lundi. 

Le délibéré sera rendu le 3 juillet. Le procureur de la République a requis 3 ans d’emprisonnement dont 2 ans assortis d’un sursis probatoire. L’avocat du prévenu a toutefois soulevé une exception en nullité sur une pièce importante du dossier, arguant que les données informatiques saisies lors d’une première enquête avaient été réutilisées sans base légale pour faire le lien avec des faits ultérieurs. Les débats ont difficilement permis de lever le voile sur la personnalité du prévenu, jeune homme chétif de 22 ans, habillé tout de noir, qualifié de “petit poisson” par un avocat des parties civiles mais d'”intelligent” et “nuisible” par un enquêteur. Surtout, des psychiatres ont décelé une “schizophrénie paranoïde” entraînant une “atténuation de la responsabilité”. Tricheur invétéré sur de nombreux jeux vidéo, banni à d’innombrables reprises pour ses agissements, Yanni O. semble “intolérant à la frustration” devine le tribunal, ce qui l’aurait poussé à viser des cibles institutionnelles et des éditeurs de jeu. Dans le dossier le plus récent, on lui reproche de s’en être pris à la société Fuse III, qui administre des serveurs multi-joueurs du très populaire titre Minecraft, alors qu’il était soumis à un contrôle judiciaire.

Faire le buzz et gagner des abonnés sur Twitter

Un an auparavant, il admet s’être joint brièvement aux attaques retentissantes ayant entraîné le blocage du service “Ma classe à la maison” mis en place par le Cned (centre national d’enseignement à distance) dans le cadre de nouvelles mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19. Ses motivations apparaissent futiles: “faire le buzz” et gagner des abonnés sur Twitter, explique-t-il entre deux rires “nerveux”. Le prévenu est aussi accusé de plusieurs canulars téléphoniques ayant entraîné le déplacement de forces de police au domicile de personnes physiques, en dénonçant des faits criminels imaginaires (une pratique appelée “swatting” dans le milieu du jeu vidéo). Son coup d’éclat avait été le déclenchement d’une alerte attentat dans les locaux d’Ubisoft à Montréal le 13 novembre 2020. Le prévenu souhaitait faire lever les mesures de bannissement dont il faisait l’objet sur le jeu de tir Rainbow 6, consacré à la lutte anti-terroriste.