La cybersécurité devient aujourd’hui un élément à part entière de la sécurité d’un Etat, mais bien au-delà, elle représente aussi un enjeu économique majeur pour le pays, plaide David Grout, directeur technique avant-ventes, South EMEA de FireEye.
Le nouveau Président devra donc s’attaquer de front à ces deux challenges qui sont la protection des actifs étatiques, des institutions et des citoyens et l’accompagnement, la mise en avant et les projets d’éducations permettant à la France de faire de la cyber un relai de croissance des prochaines années.
Commençons par le coté sécuritaire de la chose dans un premier temps. Il est clair qu’aujourd’hui l’informatique et le monde cyber doivent être considérés comme le potentiel 5ème champs de batailles après la mer, la terre, l’air et l’espace. Nous l’avons vu lors de cette campagne présidentielle mais aussi auparavant lors de campagnes de cyberespionnage, le monde cyber a une influence grandissante et majeure dans les choix, dans les stratégies et dans le positionnement des Etats.
Dynamiser des programmes de sécurisation, de communication et d’éducation
L’arsenal utilisé par les groupes attaquants va du vol d’informations, à la manipulation d’information en passant par des attaques qui peuvent paralyser des fonctions étatiques, des entreprises ou la vie du citoyen. Il paraît donc important pour le nouveau Président de continuer et de dynamiser des programmes de sécurisation, de communication et d’éducation.
Depuis plusieurs années, la France a décidé d’investir dans des centres de cyber excellence notamment à Rennes, dans l’extension des capacités de l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Informations (ANSSI) et dans d’autres programmes. Ces efforts se doivent d’être pérennisés car les enjeux sont grands. Il paraît aussi critique de s’ouvrir à l’Europe dans le cadre de nos programmes de sécurisation de l’information afin de donner une capacité plus large aux sociétés de contribuer à l’effort national et aussi de trouver de nouveaux marchés de croissance.
La sécurisation du patrimoine informationnel français doit être une priorité forte, et ce par la mise en place d’outils de sécurité mais aussi d’outils d’analyses, d’investigations et de réponses à incidents. Il faut se doter de capacité de compréhension afin de réagir au plus vite et comprendre afin de limiter les potentiels impacts. Un positionnement fort dans la cyber est aujourd’hui aussi un enjeu de politique international, cela a été démontré lors de la présidence de Monsieur Obama, lors notamment des accords avec Monsieur XI JinPing sur la non inférence de l’Etat dans les vols de propriétés intellectuels des entreprises américaines.
Un des autres enjeux, vus pendant cette campagne, tournera clairement sur l’usage des réseaux sociaux et la propagation des fake news. L’utilisation des outils informatiques nouveaux afin d’influencer les décisions des citoyens est un risque majeur qui se présentera pendant la prochaine présidence. La question qui se posera sera comment éduquer et accompagner les citoyens dans l’évolution de leurs capacités de jugement.
La cyber comme relai de croissance pour l’Etat
C’est cet enjeu qui nous amène clairement à ce point fort : la cyber comme relai de croissance pour l’Etat. La digitalisation de la vie du citoyen, l’informatisation de notre quotidien à travers les smart cities, l’Internet des Objets, la médecine accompagnée, l’intelligence artificielle … et la sécurisation de l’ensemble de ces nouveaux usages sont autant de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités que le nouveau président de la République se devra de saisir. La mise en place de filière de formation, d’accompagnement à la recherche, de facilitation de création de startups sont des vecteurs de croissance important pour les prochaines années. Un point commun à tout cela en dehors de l’outil informatique est la confiance numérique ; le citoyen, le consommateur aura besoin d’une assurance de confiance, que ce soit dans l’usage de ses données personnelles, dans la qualité des outils qui lui sont proposées ou encore dans la disponibilité et la qualité des outils fournis.
Etre capable de sécuriser, de répondre à des incidents qui se produiront inévitablement – car la sécurité à 100% n’existe pas -, seront aussi deux enjeux majeurs de la prochaine présidence si elle souhaite faire de cette opportunité cyber une opportunité pérenne, il n’y a pas de relations longues sans confiance. L’arrivée des réglementations européennes comme le GDPR sont déjà un bon signe dans cette direction de la confiance, mais la mise en place de formations, d’informations, pourquoi pas dès le plus jeune âge à l’école, sont des éléments qui feront à coup sûr de la France une société en avance et pionnière dans la création d’emplois sur les usages de demain.
Pour conclure, la cyber est un vrai enjeu de ce futur quinquennat, un enjeu géopolitique de stabilisation des institutions et de rayonnement dans le monde et un enjeu de croissance, de réduction du chômage et de transformation de notre société. Si notre nouveau Président sait saisir cette double opportunité, nous en sortirons tous vainqueurs en tant que citoyens mais aussi en tant que pays.