Exclusif – Cette tribune a été rédigée par la DRH de NetApp France, spécialiste du stockage des données dans le Cloud, qui donne sa vision sur l’avenir du télétravail.
Au regard d’un sondage mené début avril par Harris Interactive pour le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, la pratique du télétravail remonte déjà sur l’ensemble du territoire suite aux dernières annonces du gouvernement pour faire face à la crise de la COVID-19. En résumé, les chiffres sont au plus haut depuis janvier dernier, mais encore inférieurs à ceux enregistrés en novembre 2020, avec actuellement une moyenne de 3,6 jours effectifs par semaine et par salarié. Est-ce le signe alors d’une meilleure adhésion collective au format ?
Pas vraiment si l’on s’arrête sur le fait que parmi ces télétravailleurs, 34 % affirment mal le vivre au quotidien. Pas plus encore si l’on juge l’ensemble des actifs pouvant facilement travailler à distance. Toujours, selon Harris Interactive, sur 8,6 millions ils ne sont aujourd’hui en effet que 5,6 millions à l’avoir adopté. Ces réticences interrogent de plus en plus le monde professionnel, l’obligent à repenser les modèles aussi bien technologiques, organisationnels que sociaux, au point que quelques grandes entreprises de la Silicon Valley, favorables d’abord au passage à un télétravail permanent pour certaines catégories d’employés, revoient leurs positions.
Pour une généralisation du travail hybride
Désormais, la piste privilégiée va vers un modèle plus équilibré de travail hybride partagé entre bureau et domicile, voire un tiers-lieu comme dans le développement de ces espaces de coworking situés en centre-ville et de plus en plus plébiscités par les actifs. Sur cette thématique, le dernier Observatoire de la consommation de Cetelem mené fin 2020 dans une quinzaine de pays européens l’illustre bien, avec notamment 72 % des français souhaitant une généralisation du télétravail, plus pour son côté outil de flexibilité que par obligation.
Plus généralement, 8 européens sur 10 admettent d’ailleurs que le « sans contact » fera désormais partie intégrante de leur quotidien mais ils ne sont que 45% à apprécier cette évolution des faits. Pour 60%, cette nouvelle donne est même plus une contrainte qu’autre chose, et ce pourcentage monte à 69% en France. Dans cette évolution des mentalités bousculée par la crise sanitaire, le télétravail fait logiquement état de figure de proue avec, toujours selon la même étude de Cetelem, l’image d’une dichotomie qui lui colle encore à la peau.
Une dichotomie dans la perception du télétravail
Ainsi, si 58 % des européens interrogés reconnaissent ses nombreuses vertus positives comme sa praticité d’usage, son gain de temps de transports, son autonomie renforcée, etc., ils sont encore 73 % à y associer du négatif (81 % en France) comme le sentiment d’isolement généré, l’affaiblissement des liens sociaux, la fatigue psychologique ou bien encore la hausse de la charge mentale avec le risque accru d’effacement des frontières entre vie personnelle et professionnelle. Pour schématiser, un manager ne peut par exemple pas attendre, en ce moment, la même chose d’un collaborateur vivant dans un petit appartement avec des jeunes enfants, d’un employé se trouvant dans une maison avec jardin et des adolescents plus autonomes.
Ce côté négatif de la balance ne va d’ailleurs pas en s’allégeant à en juger cette autre donnée issue de Cetelem : si 74 % des français interrogés avaient bien vécu le premier confinement de mars 2020, ils sont désormais 32 % à y voir d’abord une contrainte. Un sentiment que l’on retrouve encore dans le dernier baromètre annuel de Malakoff Humanis du côté des managers français : s’ils étaient par exemple 18 % à déclarer rencontrer des difficultés dans la mise en place du télétravail fin 2018, ils sont désormais 40 % à le constater ! Bref, malgré tous ses attraits et son efficacité d’action face à une pandémie sanitaire, le télétravail souffre encore à l’évidence d’un manque d’organisation et d’acceptation pérennes au sein des entreprises.
Plus problématique encore, selon le dernier baromètre de l’Institut Viavoice pour l’Exploratoire Sopra Steria Next, le monde de l’entreprise est actuellement coupé en deux sur l’adoption du télétravail avec une attitude des dirigeants corrélée à la taille de leur structure. Si 80 % des grandes entreprises se disent ainsi favorables à une généralisation plus large du télétravail, 77 % des PME n’en veulent pas au contraire. Comme l’illustration d’une forme de fracture numérique et surtout d’une digitalisation des entreprises qui, même si elle s’est accélérée au cours de cette dernière année, reste encore très inégale en fonction des moyens à disposition.
Deux idées fortes pour réussir la transition
Par leur expertise technologique éprouvée et leur culture déjà forte du télétravail, mais aussi par leurs processus de travail où l’autonomie, l’agilité et la flexibilité étaient déjà fortement privilégiées, les sociétés informatiques ont bien sûr cette chance de pouvoir traverser aujourd’hui plus facilement cette transition. Mais pour toutes les entreprises désireuses de s’inscrire dans cette dynamique, deux idées fortes doivent en résumé être suivies pour réussir.
D’abord ne laisser aucun « verrou » technologique dans les infrastructures informatiques déployées. S’assurer une disponibilité optimale des données, une facilité d’utilisation et une flexibilité d’exécution au plus près des besoins des applications, c’est déjà faire un pas de géant vers plus de sérénité organisationnelle. Ensuite mettre en place un accompagnement personnalisé et constant des salariés afin de prévenir au mieux les risques psycho-sociaux d’une telle situation. Sessions de coaching pour les managers, forums numériques de partage pour échanger et être accompagnés, conseils de bien-être ou suivi psychologique dispensés gratuitement ou à moindres frais, etc., tout doit être fait là aussi, dans la mesure du possible, pour briser tout sentiment d’isolement et faire rimer distance avec proximité.