La filiale française de Slack a transformé ses méthodes de travail et RH, privilégiant une réorganisation de ses bureaux, le management par objectifs, l’ouverture du recrutement ainsi que le travail hybride et asynchrone. Ce qui lui permet de gagner en productivité.
« Slack a un client dont la punchline est « lorsque je viens au bureau ce n’est pas pour travailler », met en avant Gabriel Frasconi, directeur général de Slack France. Chez Slack, je l’applique à mes équipes : le bureau est un lieu social pour se connecter entre collègues. On n’y fait pas les mêmes tâches qu’en télétravail à domicile. En outre, je conseille de travailler au moment où l’on est le plus productif : on arrête pendant un temps de répondre aux messages instantanés pour se concentrer. »
Les bureaux français de Slack, éditeur d’une plateforme de communication collaborative, étaient auparavant organisés par fonction. Ils ont été réorganisés par type de client pour casser les silos entre les services : un étage regroupe ainsi un secteur, par exemple la distribution, et différentes fonctions (commerciale, marketing…). En télétravail, pour aller vers une équité de conditions, les salariés ont reçu un chèque pour s’équiper et il y a des pôles de coworking à Boredeaux et Toulouse.
Management de la performance
Pour Gabriel Frasconi, « il faut passer d’un management du temps à un management par objectifs et de la performance de façon précise, quasiment à la semaine. Et donner du sens au travail quotidien, tout en apportant de la flexibilité. » En 2020, face à la surcharge de travail engendrée par les confinements, elle a donné un jour off par mois à ses salariés, un système qui a perduré jusqu’à 2022.
La filiale française du groupe américain a également adapté ses méthodes de recrutement à la pénurie de profils. Elle ne recrutait pas des personnes qui restaient plus de dix ans dans une même entreprise, estimant qu’elles n’étaient pas adaptées à l’environnement « ultrachangeant » auquel Slack fait face. Depuis un an, elle a changé son fusil d’épaule et « cassé ce biais cognitif, qui poussait à recruter des « clones » ». Elle a notamment ouvert son recrutement aux personnes issues des quartiers, des minorités ou des seniors. Ainsi, les salariés n’ont plus besoin de ressembler aux autres et peuvent affirmer leur personnalité plus facilement.
Travail hybride et asynchrone
Slack privilégie le travail hybride et asynchrone, comme elle l’a montré dans sa dernière étude. Selon Gabriel Frasconi, « il permet aux personnes intraverties qui ne se sentent pas à l’aise en réunion d’avoir moins de contraintes et de pouvoir s’exprimer différemment. Chacun n’a plus besoin de ressembler à tout le monde, d’aller aux pots du soir après le travail. »
Mais à l’origine Slack avait calqué, comme beaucoup d’entreprises, ses méthodes de travail en présentiel à celles en distanciel. Et il y avait beaucoup trop de visio, ainsi qu’une productivité moindre.
Aujourd’hui, elle utilise sa plateforme de communication collaborative pour faciliter le travail, diminuer le temps perdu, notamment en réunion et en visio. Celles-ci ont notamment été remplacées par des « huddles » ou appels d’équipe (une fonctionnalité de Slack : appel audio par défaut, possiblement vidéo, instantané et informel), de 12 minutes en moyenne en France.
Enfin, des règles ont été établies : on n’envoie pas de message à 22h, même si à la maison chacun gère son temps comme il le souhaite.
La DRH a aussi travaillé à la question des formations pour permettre aux managers de s’adapter, et créé la fonction de digital workplace transformation manager. L’entreprise collabore en outre avec des startups de station F pour travailler sur le futur du travail, sur l’onboarding.
Les méthodes de Slack préfigurent-elles le futur du travail à court ou moyen terme pour nombre d’entreprises ? L’avenir nous le dira.