Transformation du SI, pour le client ou globale : où en sont les entreprises dans leur mutation digitale ? Chaque année l’ESN Infosys fait le point au travers de son rapport dédié, et présenté à Davos.
Transformation numérique : quelle est la maturité des entreprises et leurs perspectives ? C’est l’objet de l’étude “Digital Radar 2019” *, menée par Infosys, qui classe les sociétés en trois types : visionnaires, explorateurs ou observateurs. Que recouvrent ces catégories ? Les visionnaires (“visionary”) comprennent le potentiel du numérique pour transformer de façon globale leur entreprise, explique l’ESN. Les explorateurs (“explorer”) s’engagent dans des programmes numériques motivés par le besoin d’améliorer l’expérience client. Les observateurs (“watcher”) voient, quant à eux, la transformation numérique à travers le prisme de l’efficacité. Il semble relativement facile à ces derniers d’adopter le statut d’explorateur si l’on regarde les chiffres : ils étaient 50 % des répondants dans la catégorie des observateurs lors du précédent rapport (mars 2018) pour passer à 61 % dans cette nouvelle édition – logiquement le nombre d’observateurs diminuent. En revanche, celui des visionnaires ne varie pas.
Un effet boule de neige
Globalement, on peut noter un effet “boule de neige”. Plus les entreprises progressent dans leur transformation digitale, plus elles multiplient les initiatives numériques de grande ampleur. Les visionnaires ont une moyenne de 12 initiatives globales mises en place et des projets pilotes opérationnels sur 7 initiatives complémentaires. Les explorateurs ont en moyenne 6 initiatives numériques de grande ampleur et des projets pilotes aboutis sur 7 autres initiatives. Les observateurs n’ont mis en place qu’1 ou 2 résolutions numériques à l’échelle de leur organisation et sont en phase de test de projets sur le même nombre. de quelle initiatives s’agit-il ? Celles pour moderniser les systèmes existants et la structure (comme l’automatisation et l’intelligence artificielle), celles axées sur l’amélioration de l’expérience client et celles axées sur la maîtrise des technologies de pointe, comme la réalité virtuelle et augmentée, les drones et la blockchain.
Des objectifs différents
A l’effet “boule de neige” s’ajoute celui d’une concentration d’objectifs différents. Les observateurs se focalisent sur l’élargissement des initiatives fondatrices, celles de la modernisation du SI. Les explorateurs s’autorisent un plus large éventail d’initiatives, comprenant les projets structurels et ceux d’amélioration de l’expérience client. Cependant ils sont parfois freinés par l’absence de progrès dans les initiatives structurelles déployées à l’échelle globale de leur organisation. Seuls les visionnaires mènent à grande échelle de nombreuses résolutions, toutes catégories confondues. Les visionnaires sont également les seules entreprises qui réalisent des progrès substantiels dans le lancement d’initiatives de premier plan à l’échelle de leur organisation.
Les freins des systèmes historiques et des ressources
Un certain nombre d’entreprises sont en effet incapables d’expérimenter rapidement une idée. Pour beaucoup, les systèmes existants les bloquent, tout comme les budgets, insuffisants. Il leur manque également des ressources en conduite du changement et des compétences spécifiques. La cybersécurité apparait également comme une difficulté forte, au même niveau que le manque de capacités de changement du management.
D’importantes différences selon les secteurs d’activité
- Les niveaux de maturité numérique les plus élevés ont été observés dans les secteurs de la technologie, de l’industrie, des télécommunications et des services financiers.
- Le commerce de détail se situe au milieu du classement, même si de nombreux distributeurs traditionnels n’ont pas sauté le pas du numérique.
- Les industries telles que les biens de consommation, la logistique et les soins de santé se classent en bas de l’échelle.
- On remarquera que le secteur de l’automobile, qui doit moderniser les systèmes existants, accuse un retard également.
*Sondage en ligne mené en novembre 2018 auprès d’un échantillon de plus de 1 000 répondants occupant des postes de direction au sein d’entreprises ayant des revenus supérieurs à 1 milliard de dollars en Australie, Chine, France (10 %), Allemagne, Inde, au Royaume-Uni et aux États-Unis (49 %).