La transformation numérique des entreprises françaises progresse, mais accuse toujours un retard, ont regretté mardi des responsables du Medef.
“Les entreprises françaises sont toujours globalement en retard », notamment par rapport à l’Allemagne, même si “la période du Covid a fait progresser beaucoup de choses en termes d’usage », a déclaré Christian Poyau, coprésident de la commission Mutations numériques et impacts sociétaux du Medef, lors d’une rencontre avec la presse.
Imposer des plans de formation et de reconversion
“Il y a près de 200 000 emplois qui sont à pourvoir en France dans le monde numérique et dans les cinq ans qui viennent, ce sont plus de 300 000 emplois qui vont être à pourvoir », a ajouté Pascale Dumas, l’autre coprésidente de cette commission. Afin de pouvoir recruter suffisamment, “il faut à la fois imposer des plans de formation pour les nouveaux accédants sur le marché du travail mais également des plans de reconversion » pour ceux déjà en poste, a-t-elle expliqué. Mme Dumas a souligné qu’il s’agissait d’un “enjeu majeur » pour les territoires, citant en exemple la région Occitanie qui investit “à peu près 25 % de son budget, soit 950 millions » d’euros, pour financer des plans de formation et de reconversion.
Une méconnaissance des aides du plan de relance
Mais les entreprises sont loin d’utiliser pleinement les dispositifs existants, selon une enquête réalisée auprès de 173 entreprises de toutes tailles et tous secteurs par le cabinet BCG. Ainsi 56 % des entreprises interrogées par le cabinet ont déclaré ne pas avoir eu connaissance de l’existence des aides du volet numérique du plan de relance du gouvernement, et seules 10% d’entre elles ont bénéficié de ces aides ou d’un accompagnement dans ce cadre, d’après l’enquête.
Pendant la crise sanitaire, des difficultés d’accès aux réseaux de télécommunications par les salariés ont été rapportées par 38% des entreprises, signale BCG, qui anticipe toutefois une amélioration avec le déploiement de la fibre et de la 5G. Mais la transformation numérique ne dépend pas que de la qualité de la connexion à internet : elle est aussi freinée par le manque de talents et de financements. Une majorité d’entreprises n’ont ainsi pas recruté de profils dans le numérique depuis la crise du Covid-19, selon l’enquête, tandis que près de la moitié des entreprises industrielles ont un besoin de financement pour leur transformation numérique. Enfin, à ce jour, 44 % des entreprises de services et 57 % des entreprises industrielles n’ont pas entamé de processus de valorisation de leurs données.
La Rédaction avec AFP
L’impact de la crise en Ukraine
Selon une étude réalisée par Sage et Strand Partners, 1/3 des TPE et PME françaises estiment que la crise liée à la guerre en Ukraine va considérablement impacter leurs possibilités d’investissements dans les 12 mois à venir. Elles pensent également que les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement vont s’empirer dans les mois à venir (49 %) ou encore que les coûts liés à l’inflation devront s’accompagner d’une augmentation des salaires et des loyers commerciaux (31 %). Elles souhaitent davantage de soutien de l’Etat. Elles considèrent en effet, à 25 %, que les pouvoirs publics joueront un rôle dans leur stratégie de croissance au cours de l’année 2022. “Nous observons sur le marché une certaine dynamique, mais relativement fragile au vu du contexte géopolitique mondial et des obstacles qui restent au cour des préoccupations des PME. L’inflation, les déficits de compétences et les problèmes de trésorerie sont autant de priorités auxquelles le gouvernement devra répondre pour soutenir la reprise durable de nos PME et tenter de limiter autant que possible les impacts de la guerre en Ukraine », analyse Pac$ome Lesage, président de Sage France et Europe du Sud.
Juliette Paoli