Osamu Nagayama, le nouveau président du conseil d’administration de Toshiba Corporation, a reconnu le 9 avril avoir rejeté une proposition de rachat non sollicitée de la part de CVC Capital Partners. Toujours dans le rouge, le conglomérat japonais reconnaît qu’il n’a pas fermé la porte à l’offre si celle-ci est améliorée.
Toshiba déclare le 7 avril avoir reçu une proposition initiale préliminaire de la part du fonds privé luxembourgeois CVC Capital Partners (CVC) concernant l’acquisition et la privatisation du groupe japonais Toshiba. Osamu Nagayama, le président du conseil d’administration de Toshiba Corporation, annonce son rejet « Cette proposition initiale de la part de CVC était entièrement non sollicitée et non initiée par Toshiba de quelque manière que ce soit. La proposition n’examine pas en détail l’activité de Toshiba ».
La Direction de Toshiba explique aussi que la proposition initiale de CVC est conditionnée à diverses questions telles que les autorisations des déclarations antitrust des juridictions concernées, la loi japonaise sur les opérations de change et le commerce extérieur (Foreign Exchange and Foreign Trade Act of Japan), ainsi que le financement nécessaire.
De plus, il n’est pas prévu que la proposition de transaction soit financée exclusivement par CVC ; en effet, « il est indiqué dans la proposition de CVC que la société ferait appel à l’aide financière de certains co-investisseurs et établissements financiers afin de conclure la proposition de transaction. Nous nous attendons à ce que ce processus financier nécessite un certain temps, et implique une certaine complexité à prendre en considération ».
Cette OPA est-elle une opportunité pour Toshiba ?, qui est dans le rouge
Toutefois, le conseil d’administration de Toshiba reconnaît qu’il n’a pas fermé la porte à l’offre de CVC Capital Partners. Il se dit prêt à « l’examiner attentivement la proposition initiale dès qu’elle apportera des clarifications ». Cette OPA est-elle considérée comme une opportunité pour le conglomérat japonais ? En effet, Toshiba prévoit de renouer avec les bénéfices en 2021, mais il a accusé une perte nette d’environ 880 M€ (114,6 milliards de yens) sur son dernier exercice 2019/20 qui s’était terminé le 31 mars dernier, en raison de coûts de restructuration et de l’impact du Covid-19 au dernier trimestre.
Pour 2021, Toshiba n’a pas modifié sa perspective d’un bénéfice opérationnel annuel en recul de 16% sur un an à 110 milliards de yens (844 M€). Et il a légèrement abaissé son objectif de chiffre d’affaires 2020/21, désormais attendu en repli de 9% sur un an à 3 070 milliards de yens (24,1 milliards d’euros, soit 20 milliards de moins que lors de sa dernière révision en novembre dernier 2020.
Toshiba estime que le recul de ses ventes dans certaines divisions (systèmes d’infrastructures, commerce de détail et l’impression) ont été presque compensés par une croissance solide de son activité dans les appareils électroniques et de stockage de données.
Toshiba change sa stratégie et transforme son conseil d’administration face à des actionnaires activistes
Mi-2020, Toshiba a nommé Osamu Nagayama comme nouveau président de son conseil d’administration pour exécuter le Toshiba Next Plan (TNP), son plan de transformation sur cinq ans annoncé en novembre 2018. Dans le cadre de cet engagement, Toshiba a renouvelé en 2019 son conseil d’administration, en accord avec ses plus importants actionnaires.
Ces derniers sont assez actifs depuis que Toshiba est dans le rouge. D’autant que le géant japonais Toshiba a enchaîné les scandales et les déboires ces dernières années. L’AFP rapportait au début 2021 que le fonds singapourien Effissimo avait réclamé la tenue d’une nouvelle AG car la dernière assemblée générale ordinaire du groupe avait été marquée fin juillet 2020 par des irrégularités dans le comptage des voix. La direction de Toshiba avait été décimée il y a plusieurs années suite à un scandale de maquillage de comptes…
Toshiba continue l’élimination de ses activités déficitaires
Un autre actionnaire de Toshiba, le fonds américain Farallon Capital, a réclamé davantage d’explications au groupe sur sa nouvelle stratégie de croissance externe.
Comme en 2020, Toshiba avait alors déclaré qu’il continuait l’arrêt ou la vente de ses activités déficitaires. Le groupe japonais examine aussi des options pour maximiser la valeur de l’actionnaire en monétisant par exemple sa participation à 40,2 % dans Kioxia, sa filiale de puces à mémoire au profit de ses actionnaires. La cession du groupe en 2021 fait-elle aussi partie de ce projet de maximiser les profits de ses actionnaires ?