(AFP) – Plus d’une vingtaine de militants pro-démocratie impliqués dans les manifestations de 2020 et 2021 contre le gouvernement thaïlandais, ont été pris pour cible par le logiciel d’espionnage controversé Pegasus, a indiqué lundi une ONG locale de défense des droits de
l’homme.
Leurs téléphones ont été piratés entre “le 21 octobre 2020 et le 19 novembre 2021“, selon le rapport d’iLaw, co-rédigé avec DigitalReach et Citizen Lab, durant une période de forte agitation politique dans le royaume. A l’initiative d’étudiants, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Bangkok pour demander la démission du Premier
ministre Prayut Chan-O-Cha et une réforme en profondeur de la toute-puissante monarchie, un sujet tabou jusque-là. Le mouvement contestataire a faibli par la suite en raison de la pandémie de coronavirus et de l’arrestation par les autorités de la plupart de ses principaux dirigeants.
Les téléphones de 24 activistes ont été piratés
Développé par le groupe israélien NSO, Pegasus, qui permet d’activer à distance les caméras et les micros d’un smartphone, est au coeur de la controverse depuis que plusieurs médias ont rapporté l’an dernier que des gouvernements du monde entier l’avaient utilisé pour espionner des opposants.
Panusaya “Rung” Sithijirawattanakul et Jatupat “Pai” Boonpattararaksa, deux figures des manifestations, poursuivies par la justice qui les accuse d’avoir insulté la monarchie, font partie des 24 activistes dont les téléphones ont été piratés. Trois avocats et trois personnes travaillant pour des ONG sont également concernés. “Bien qu’aucune information officielle ne soit accessible pour découvrir les personnes derrière cette opération, il est clair que c’est le gouvernement thaïlandais qui en tire le plus de bénéfices“, a lancé l’ONG. La justice thaïlandaise doit “mener une enquête approfondie“, a appelé Amnesty International, à la suite de la publication du rapport.
Le groupe NSO est visé par une information judiciaire en France portant sur l’espionnage de journalistes français, dont les téléphones auraient été infiltrés pour le compte de l’Etat marocain, selon un consortium de 17 médias internationaux. Ce groupement avait aussi révélé que Pegasus aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays.
L’affaire a suscité de très nombreuses procédures judiciaires partout dans le monde. Apple a par exemple annoncé en novembre avoir déposé une plainte aux Etats-Unis, car Pegasus aurait servi à cibler des utilisateurs d’iPhone.