Association à but non lucratif créée par un collectif d’une cinquantaine de personnes issues du monde de la finance responsable, du digital et de la société civile, MANA Community cherche à faire remonter de l’information relative à l’impact environnemental de l’activité des entreprises et la met à disposition des décideurs. Créé en 2015, l’association compte 3 personnes qui ont créé un premier outil destiné à présenter le risque environnemental tel que perçu par la société civile. Cette plateforme, le site MANA-Vox.org a été mise en ligne en 2018.
Pour alimenter cette plateforme, l’ONG recherche partout dans le monde des sources d’information qu’elle juge crédibles. Kiti Mignotte, fondatrice de MANA Community souligne : « Notre projet consiste à repérer les documents relatifs, à écouter ce que ces sources d’information ont à dire. Les gestionnaires de risque vont alors pouvoir adapter leurs pratiques. Il s’agit d’ONG, de journalistes spécialisés, de chercheurs, des experts, on repère les posts, les articles, les analyses publiées par ces sources afin de les structurer et les présenter sur cette plateforme. Ainsi, 1 500 sources d’information sont aujourd’hui écoutées par la plateforme, ce qui a permis de repérer 1 000 incidents environnementaux et 15 entreprises responsables. »
L’information agrégée par l’association se destine notamment aux analystes extra-financiers que l’on trouve chez les assureurs et dont la mission consiste à détecter les risques sociaux ou environnementaux de manière à retirer de leur portefeuille éthiques les entreprises qui sont les plus polluantes. Autre cible potentielle de MANA-VOX.org, les organisations chargées de l’interprétation des données géosatellitaires. Celles-ci vont pouvoir corréler les événements qu’elles constatent sur les clichés satellites avec les informations sur site et chercher à savoir si la disparition d’une forêt est imputable à l’action d’une entreprise. Enfin, une la plateforme cible les acheteurs de la grande distribution qui cherchent à faire du sourcing responsable et veulent s’assurer que leurs fournisseurs ont des pratiques éthiques.
Tout l’enjeu de l’association est de sélectionner des sources de données fiables, mais aussi d’être capable de trier les masses d’information publiées par ces sources, qui ne portent pas exclusivement sur la thématique environnement. « Ce projet ne pourrait pas exister sans IBM Watson. Nous l’avons compris en 2016, lorsque nous avons fait tourner nos algorithmes sur l’entreprise Total. Nos algorithmes se sont avérés incapables de distinguer le mot total du nom de l’entreprise. Le volume d’informations était absolument ingérable pour nos équipes. Nous avons donc cherché une solution qui pourrait les gérer, la pensant inaccessible en termes technique et financier. »
A l’époque, c’est un étudiant en 5ème année à l’Ecole d’Ethique qui l’a cherché. Il opte pour IBM Watson pour la facilité d’utilisation de son interface utilisateur. Enfin, le mécénat d’IBM a rendu la solution accessible pour l’association.
Ce tri mené par IBM Watson permet de réduire de 90 % le volume des documents qui sont traités par le Data Scientist de l’équipe, un prérequis indispensable pour l’association qui s’apprête à faire monter en puissance sa plateforme alors que seules 14 entreprises sont suivies, pour un total de 150 controverses. « Lorsque nous avons commencé à travailler avec IBM, nous nous sommes aperçus que 60 % des documents n’étaient pas liés à la problématique environnementale. Pour passer à l’étape suivante, c’est-à-dire écouter des centaines de sources pour suivre des milliers d’entreprises, nous devons travailler sur la capacité de Watson à identifier les thématiques écologiques. On apprend au modèle de Machine learning des phrases et des mots clés qui correspondent au langage militant. Watson nous renvoie les documents qui correspondent à ce langage et notre Data Scientist valide ou pas les documents sélectionnés par l’IA. »
L’association va pouvoir passer à la vitesse supérieure en s’appuyant sur les capacités de montée en charge d’IBM Watson et de sa toute nouvelle conscience écologique mise au point par les Data Scientist de MANA Community et d’IBM. L’information restera en libre accès, l’association finançant son activité sur financements privés, mécénat et aides des agences de développement.