Groupe ADP a démarré en 2020 la construction, avec sa filiale Hub One, d’un réseau 4G/5G Pro pour unifier les différents réseaux de communication (Tetra, Dect et Wi-Fi) utilisés par le grand public et les professionnels présents sur les aéroports parisiens qu’il administre. Éric Barnier, le responsable de sa stratégie IT&T, nous dévoile les bénéfices de ce vaste chantier de modernisation.
Olivier Bellin, magazine Solutions Numérique : Pourquoi le Groupe ADP a-t-il lancé en 2020 un projet 4G/5G Pro sur les aéroports parisiens qu’il gère ?
Éric Barnier, responsable de la Stratégie IT&T du Groupe ADP :
Auparavant, nous utilisions plusieurs réseaux de télécommunication différents (Tetra, Dect et Wi-Fi) et avions recours à des terminaux spécifiques pour chaque usage. Le transfert sur un nouveau réseau professionnel 4G unifié sera complètement opérationnel en 2021/2022. Nous ne sommes pas seul à porter ce projet initié en 2020 avec l’aide de notre filiale Hub One. En tant que gestionnaire aéroportuaire, nous voulons satisfaire les usages à la fois des passagers, mais aussi ceux de nombreux professionnels évoluant sur nos plateformes. Rien qu’à Paris-Charles de Gaulle, ce sont plus de 91.000 salariés toutes entreprises et secteurs d’activités confondus qui sont concernés [ndlr : compagnies aériennes et prestataires, entreprises du fret et de la logistique, commerçant et hôteliers, contrôleurs aériens, gendarmes, douaniers, etc.].
Et pour quels bénéfices concrets ?
Ce projet de déploiement d’une 4G pro adaptable à la 5G va mettre un terme à la sédimentation de nos réseaux et à notre dépendance à certaines technologies en voie d’obsolescence. Grâce aux technologies réseau 4G, nous ferons converger toutes les applications des différents usagers sur un même matériel alors que la plupart des anciens réseaux (Tetra, Dect, etc.) ne permettent pas, par exemple, de passer de l’audio et de la vidéo sur une même bande. En outre, la couverture de ce nouveau réseau sera assurée aussi bien en intérieur qu’en extérieur des terminaux et de l’ensemble de nos installations. La densité et le débit seront également augmentés.
Pourquoi avoir demandé à l’Arcep une fréquence dans une bande 5G alors que votre projet est encore au stade la 4G ?
Nous avons déposé en 2020, en collaboration avec Air France, une demande auprès de l’Arcep, qui nous a alloué 40 MHz dans la bande de fréquences 2.6 GHz, qui est différente de la bande 3.5 GHZ destinée au grand public. Cette fréquence est réservée à des usages verticaux professionnels en 4G, mais aussi pour la 5G prochainement. L’attribution décidée par l’Arcep est agnostique en termes de technologie, à charge pour les bénéficiaires de l’attribuer et de l’exploiter au mieux, peu importe qu’il s’agisse d’un projet de réseau 4G ou 5G pro.
ADP prévoit-il la création à terme d’un réseau 5G privé avec une infrastructure LTE ?
Notre projet est bien basé sur la technologie 4G LTE qui migrera progressivement vers la 5G.
Quels freins avez-vous dû lever en interne pour lancer ce projet 4G ?
Aucun en interne chez ADP car tous les collaborateurs de la DSI savent que nos infrastructures aéroportuaires sont sensibles et nécessitent un réseau sécurisé et résilient pour la gestion des activités aéroportuaires, au bénéfice des collaborateurs et pour faciliter le travail des différents services de l’État. Le vrai challenge réside dans la coordination des différents acteurs de notre écosystème, dont les attentes et les vitesses de traitement sont différentes.
Estimez-vous que la 4G est plus sécurisée que vos anciens réseaux ?
Oui, ce nouveau réseau ADP est plus pérenne que nos anciens réseaux. Et comme il utilise des technologies réseaux standardisées, il ne dépend plus de solutions propriétaires ou d’un fournisseur en particulier. Autrement dit, nous n’avons plus d’« Épée de Damoclès » au-dessus de la tête à cause des technologies anciennes, comme le Tetra que nous portions encore à bout de bras.”