Qui remplacera Guillaume Poupard à la tête de l’Anssi (Agence Nationale de la sécurité des Services d’Information), le 1er janvier ? Et pour quelle mission part-il ? Tels sont les deux secrets, bien gardés à cette heure.
Par un malheureux concours de circonstance, c’est au moment d’une nouvelle cyberattaque sur un hôpital (celui de l Versailles), que le directeur général de l’Anssi confirme ce week-end son départ de l’agence pour fin décembre. Ce sera sans doute un de ses derniers dossiers à ce poste. Mais ce départ, n’est pas une surprise, Guillaume Poupard l’avait déjà annoncé à l’occasion du FIC, à Lille, en juin de cette année : « J’ai la satisfaction de laisser une boutique reconnue par les Autorités et les OIV, qui se tournent désormais vers l’Anssi quand ils ont besoin de conseils et de support pour se protéger des cyberattaques ».
Dans son message du 3 décembre, il l’annonce « avec une pointe de nostalgie mais l’esprit déjà tourné vers la prochaine course. ». La photo de son post le montre d’ailleurs dans une course de fond, avec des bâtons de marche nordique. Sa mission aura duré « 8 ans et 9 mois », compte-il, et cette mission, on le devine, aura été à la fois exaltante et épuisante.
Si les attaques de ransomwares, notamment sur les hôpitaux et les villes resteront pour lui sans doute un souvenir douloureux, il aura eu la satisfaction d’avoir fini, avant son départ, le marathon de la directive NIS2, adoptée ce lundi 28 novembre par le Conseil de l’Union Européenne.
Avec la généralisation des cyberattaques, l’Anssi a malgré elle occupé le devant de la scène, et Guillaume Poupard a joué un rôle clé. Respecté et apprécié au sein de l’agence, de l’écosystème et des journalistes (grâce à son style direct et transparent), il n’a pas pu dissimuler son émotion lors de son discours d’inauguration des Assises de Monaco, la grand’messe annuelle des professionnels du secteur.
Cet urgentiste de la sécurité a enduré les freins de la bureaucratie : « 8 ans à ce poste, c’est long dans l’administration », avouait- il en juin. Et dans son message du 3 décembre , il ne mâche pas ses mots: « ..Une mission émaillée de quelques humiliations (…) surtout conduite aux côtés et grâce aux agents de l’ANSSI. Experts, passionnés, exigeants, engagés… ils sont tout simplement formidables, vraiment. Notre intérêt à tous est de les préserver de la bêtise administrative ».
Nul n’est besoin de décoder les propos de ce diplômé d’un doctorat en cryptographie, pour imaginer que son prochain rôle serait d’avantage orienté vers l’action ?
On ne connaît pas encore la « prochaine course » de Guillaume Poupard , mais on peut avoir la certitude qu’il ira loin.