Avec la généralisation du télétravail, 46 % des salariés des PME françaises sont suivis à travers des logiciels de surveillance. Même si certaines finalités de la surveillance sont comprises et acceptées par les salariés, 55 % des employés souhaiteraient ne plus être surveillés selon une étude de Software Advice. Un manque de transparence de la part des entreprises, voire de non respect de la loi, dégrade la confiance dans le recours aux outils de surveillance.
Avec la généralisation du télétravail, de plus en plus d’entreprises ont adopté des logiciels de surveillance permettant de mesurer la productivité des employés. 46 % des salariés attestent l’existence d’outils de surveillance au sein de leur entreprise, selon l’étude « Employee Monitoring 2023 » de Software Advice (qui conseille les entreprises sur le choix de leurs logiciels). Elle a été menée auprès de 557 employés et 339 managers dans des PME en France.
Le Code du Travail et le Règlement général sur la protection des données (RGPD) imposent de recueillir consentement du collaborateur sur la collecte des données à caractère personnel, et de l’informer sur les finalités du traitement et les intérêts légitimes poursuivis. Si 62 % des répondants surveillés ont été informés de leurs droits, 31 % affirment que non (7 % l’ignorent).
Les deux tiers des personnes interrogées se sentent à l’aise si l’on surveille la gestion de la charge de travail (69 % : listes de tâches, emploi du temps, objectifs et indicateurs clés de performance) la présence (66 % : heures de connexion), et même la communication numérique (65 % : e-mails, visio, messagerie instantanée). A contrario, la surveillance de l’espace de travail par webcam est jugée intrusive (58 % de personnes pas à l’aise).
Les avantages cités à la surveillance sont la prise en compte des heures travaillées et supplémentaires (36 %), les preuves du travail des employés (28 %), la visibilité sur la productivité des salariés (28 %) et sur les activités quotidiennes (27 %), la délégation de tâches adaptée à la charge de travail de chacun (26 %) et la détection d’erreurs (26 %). 13 % des sondés disent que la surveillance ne présente aucun avantage.
Inquiétudes sur la confiance, la vie privée et le stress
Les répondants sont néanmoins inquiets face aux dispositifs de surveillance, que ce soit en termes de confiance (41 %), de non-respect de la vie privée (40 %), de l’augmentation induite du stress (37 %), des impacts négatifs sur le moral, des questions d’éthique et de transparence.
59 % estiment que la surveillance n’a aucun impact sur leur motivation au travail, contre 22 % pour qui cela les encourage à travailler moins, 18 % à travailler plus. Et si on leur donnait le choix, 55 % des employés souhaiteraient ne plus être surveillés, même si 30 % n’y trouveraient pas d’inconvénients.
Certains experts RH ont bien saisi les problèmes suscités par le suivi. Dans un précédent article, ils ne recommandent pas aux entreprises de faire usage d’outils de tracking, parce qu’ils démontrent un manque de confiance et amoindrit la qualité de la relation entre le salarié et sa hiérarchie. Ils préconisent plutôt autonomie et responsabilisation des salariés.
Plus de transparence améliore la confiance
Cette étude montre que la transparence peut être globalement améliorée, d’autant plus qu’elle favoriserait la confiance des employés vis-à-vis de ces outils de surveillance. Plusieurs informations sont ainsi à fournir quant aux données recueillies :
- le type de données collectées
- les moments pendant lesquels elles sont collectées
- la manière dont elles sont collectées
- la finalité de leur collecte
- les mesures de protection des données
- leur durée de conservation
- la personne responsable du traitement des données.
D’autres solutions de mesure de la productivité
L’autosurveillance via des outils permettant aux salariés d’évaluer eux-mêmes leurs performances, et la gamification pour dynamiser les équipes à travers des challenges et des récompenses sont des pistes à étudier.