“Jusqu’à 2 800” salariés du groupe franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics, soit un peu moins de 6 % des effectifs, seront concernés par des départs volontaires à l’échelle mondiale sur une période de trois ans, dans le cadre du projet de transformation de l’entreprise, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué.
Ces départs s’ajouteront à “l’attrition naturelle” des effectifs et devrait voir “jusqu’à 2 800 personnes quitter l’entreprise à l’échelle mondiale sur une base volontaire sur 3 ans” , a détaillé STMicroelectronics, alors que le groupe compte 50 000 collaborateurs, dont 11 500 en France. Au coeur d’une passe d’armes entre ses coactionnaires, la France et l’Italie, il avait précisé fin janvier qu’il prévoyait une diminution de ses charges d’exploitation comprise entre 300 et 360 millions de dollars (288 et 345 millions d’euros) à l’horizon 2027.
STMicroelectronics, qui avait annoncé en octobre 2024 son plan de transformation, a indiqué qu’il concentrerait les investissements des prochaines années sur quelques modèles essentiels à la construction de semi-conducteurs. L’entreprise mise également sur l’intelligence artificielle (IA), dans les étapes de recherche et développement comme de fabrication, pour augmenter la productivité de ses sites, a-t-elle précisé. “En nous concentrant sur des infrastructures de fabrication de pointe et sur les technologies mainstream (les plus vendues, NDLR), nous continuerons à tirer parti de tous nos sites existants, avec des missions redéfinies pour certains d’entre eux afin de soutenir leurs succès à long terme“, a indiqué le PDG du groupe Jean-Marc Chéry, cité dans le communiqué.
Des sites voués à se spécialiser
L’entreprise a également détaillé le devenir de ses différentes sites de production, répartis entre la France, l’Italie, Malte et Singapour, voués à se spécialiser et à augmenter leurs volumes de production. L’usine de Crolles en France, qui concentre la majorité des emplois en France avec le site de R&D à Grenoble (7 500 personnes), augmentera ses capacités pour devenir “le cœur de l’écosystème des produits numériques de ST“.
Le patron du groupe est au coeur d’une montée des tensions entre Paris et Rome, co-actionnaires de l’entreprise à hauteur de 27,5%, qui a débuté mercredi avec une prise de parole du ministre italien des Finances, Giancarlo Giorgetti. Dans des propos rapportés par Bloomberg et confirmés par le gouvernement italien à l’AFP, ce dernier a déclaré retirer son soutien à M. Chéry sur fond du rejet par le conseil de surveillance de l’entreprise de l’une des deux candidatures proposées par l’Italie.
Jeudi, le conseil de surveillance, chargé du contrôle de la gouvernance de l’entreprise, a réaffirmé son soutien au PDG : “Le Conseil de Surveillance exprime son soutien renouvelé à Jean-Marc Chery, Lorenzo Grandi et à l’équipe de management, notamment dans leur capacité à mener à bien la transformation dans un contexte difficile pour l’industrie des semi-conducteurs.” Le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso se rangeait du côté de son gouvernement.
STMicroelectronics a annoncé qu’il publiera ses résultats du premier trimestre 2025 avant l’ouverture des marchés sur les Bourses européennes le 24 avril 2025. Le chiffre d’affaires du groupe en 2024 avait diminué de 23,2 % par rapport à l’année précédente.
Juliette Paoli avec AFP