L’amiral Arnaud Coustillère, nous raconte la cyberdéfense française, dont il est un pionnier. A l’heure ou les conflits armés sont de nouveau proche de nous et entraînent des menaces de cyberguerre, le témoignage d’un soldat de la marine puis de la cyberdéfense vient à point nommé. Ecrit avec Aude Leroy, grand reporter, cet ouvrage indispensable pour qui d’intéresse à la cybersécurité est édité par Tallandier (280 pages, 2,90€).
Vice-Amiral d’escadre, A. Coustillère a participé à la création de la cyberdéfense du ministère des Armées, et en été le premier ComCyber de 2011 à 2017. Il préside aujourd’hui le Pôle d’excellence cyber, qui organise notamment chaque année la Cyber Week , à Rennes.
« Grand architecte et premier commandant »
C’est Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense et ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qui a rédigé la préface du livre. Face à « cette nouvelle forme de guerre », il rappelle que « l’arme cyber peut avoir des effets tout à fait comparables à l’armement plus conventionnel ». Aussi, dit-il, « j’ai alors décidé de créer un commandement des opérations cyber, qui engage nos armées vers les nouvelles formes de combats globaux du xxie siècle. L’amiral Arnaud Coustillière en aura été le grand architecte et le premier commandant en opérations réelles. Il nous livre dans ces pages le récit passionnant de ces neuf années qui ont vu se transformer une équipe de pionniers en force combattante de plusieurs milliers d’hommes et de femmes, civils et militaires ».
39 ans aux armées dont la moitié dans le numérique et le cyber
Arnaud Coustillière se livre dans le premier chapitre : petit-fils d’amiral 3 étoiles, son arbre généalogique compte un nombre incalculable de militaires, tant du côté paternel que maternel. Commandant de vaisseau à 27 ans, il raconte : « Je viens du cœur des armées, celui des opérations aéromaritimes avec de nombreuses affectations sur des navires de combat en zone de crise, et plusieurs commandements. Je suis amiral, et la marine est mon corps d’armée d’origine. Mais je vogue désormais dans le cyberespace. (…) En 2020, lors de mon ‘Adieu aux armes’ , j’aurai passé trente-neuf ans au service de mon pays, pour moitié dans le domaine maritime et pour moitié dans les domaines numérique et cyber. »
L’arme de la souveraineté
Arnaud Coustillère rappelle aussi l’axe stratégique, la barre tenue ferme pour garder le cap de la souveraineté : « La France a réellement pris le tournant de la cyberdéfense dès 2010. Elle la considère aujourd’hui comme un attribut de sa souveraineté. Elle souhaite disposer de son autonomie stratégique, face à ses adversaires, ses compétiteurs qui entendent déployer une forme d’extraterritorialité pour dominer cet espace et y maintenir leur hégémonie économique et stratégique, reléguant l’Europe dans une forme de vassalité plus ou moins acceptée. La voie est étroite d’autant que depuis les années 1970, la France a raté de nombreux virages informatiques, puis numériques. »