Face au manque de masques de protection, des initiatives se mettent en place pour fabriquer en impression 3D des protections destinées au personnel médical ou aux commerçants.
En France, à Bougival dans les Yvelines, Frédéric Chêne qui tient d’ordinaire une agence immobilière (l’Agence du Village), s’était équipé, avant la crise sanitaire, d’une imprimante 3D. Et c’est spontanément, cette semaine, qu’il s’est mis à fabriquer gratuitement des visières de protection contre le coronavirus pour les pharmaciens, les commerçants, la police municipale de sa ville et de celle, voisine, de Louveciennes, ainsi que pour l’Hôpital de Mignot au Chesnay, situé à quelques kilomètres.
L’aventure commence via des forums d’impression 3D. Il fait partie d’un groupe sur Facebook crée le 25 mars où se sont réunis cette semaine des membres des Yvelines qui se sont lancés dans l’impression 3D (Makers vs Covid FR78). Ils sont 54 membres à l’heure où nous écrivons ces lignes.
“Il me faut 5 heures pour fabriquer un seul masque. J’essaie de gagner du temps, en baissant un peu la qualité (ndlr, ce qui ne change rien à la protection en elle-même) », nous indique Frédéric.
Avec son imprimante 3D, il crée la partie haute de la visière (la partie bleue sur la photo) sur laquelle il attache une feuille de plastique semi-rigide, une feuille de reliure que l’on met habituellement sur les rapports, et il utilise des élastiques de couture qu’il se procure auprès de ses voisins (ces derniers les laissant dans sa boîte aux lettres). “Aujourd’hui (ndlr, le 26 mars), je vais essayer d’en imprimer une douzaine, nous confie-t-il. Je lance les impressions aussi la nuit ».
Pour fabriquer sa visière, il utilise ses bobines de plastique (PLA) qu’il avait déjà en stock. “Coup de bol, j’en avais encore un peu » et les feuilles de plastique qu’il avait aussi de côté, une centaine. Un rouleau fait environ 1 kg et permet de fabriquer 55 masques. “Ce n’est pas un problème de budget », assure-t-il, “un rouleau de 1 kg coûtant entre 20 et 25 euros. Avec la feuille de plastique, le produit fini coûte entre 3 et 4 euros. Mais la matière première va manquer. » Frédéric compte néanmoins sur certains fabricants qui ont contacté les groupes Facebook spécialisés pour soutenir ces bénévoles de la 3D.
En Bosnie, c’est la débrouille aussi avec la 3D
Loin des Yvelines, en Bosnie, relate Rusmir Smajilhodzic, de l’AFP, quelques professeurs et étudiants de l’université de la petit ville de Zenica se sont mis eux aussi à fabriquer à l’aide d’imprimantes 3D des pare-visages qui sont gratuitement distribués dans les hôpitaux et les ambulances.
Les premiers exemplaires ont été faits samedi dans le petit laboratoire (iDEAlab) de la Faculté d’ingénierie et des technologies où cinq imprimantes
sont en service 24h/24, raconte à l’AFP Mirza Oruc, 38 ans, un des initiateurs du projet.
“Nous imprimons actuellement à Zenica à quatre endroits, sur une quinzaine d’imprimantes, afin de réduire au maximum le contact entre les gens » et donc la transmission du virus, dit celui-ci, professeur à la faculté de médecine. Ils ont pris pour modèle un type de visière, dont le dessin a été mis en ligne gratuitement par la compagnie chèque Prusa, un fabricant d’imprimantes 3D, et l’ont adapté aux besoins du moment, en coopération avec l’hôpital de Zenica. “Ces visières sont principalement destinées au personnel médical qui est en contact direct avec les patients », explique le jeune professeur.
Environ 180 personnes ont à ce jour été contaminées par le nouveau
coronavirus en Bosnie. Trois personnes y sont mortes du Covid-19. Les
autorités ont décrété l’état de catastrophe, mis à l’arrêt toute activité
non-essentielle et introduit un couvre-feu nocturne. “La petite communauté grandit et plus de cent imprimantes tournent actuellement à cet effet », souligne Mirza Oruc.
Ultimaker mobilise son réseau de centres
d’impression 3D
Le spécialiste de l’impression 3D Ultimaker a mis à disposition son réseau international de centres d’impression 3D, d’experts et de designers pour tous les hôpitaux qui manquent d’outils et d’applications qu’il est possible de fabriquer rapidement grâce à l’impression 3D.
Les hôpitaux qui sont confrontés à une pénurie de pièces stratégiques, comme des valves pour les appareils respiratoires ou bien des masques, et qui disposent déjà de modèles et de matériaux d’impression 3D peuvent contacter directement les centres les plus proches pour leur envoyer leurs demandes d’impression 3D. Ultimaker met également à disposition les machines directement disponibles dans l’entreprise. Une carte mise à jour en permanence indique les centres d’impression 3D à proximité des professionnels.
Par ailleurs, si un hôpital a besoin d’aide pour concevoir des pièces et des outils déjà ou bientôt en rupture de stock, Ultimaker met à disposition une équipe de designers et d’ingénieurs d’application pour l’accompagner. Cette pièce est imprimée par le centre d’impression 3D le plus proche et envoyée à l’hôpital dès que possible. Après avoir été testée et validée par l’hôpital, elle peut ensuite être fabriquée en plus grande quantité.