(AFP) – Vladimir Poutine a promulgué mercredi une loi controversée visant à créer en Russie un “internet souverain” isolé des grands serveurs mondiaux, dénoncée par ses détracteurs comme un moyen de renforcer le contrôle des autorités sur le réseau.
Le texte de loi, publié mercredi sur le portail officiel russe, prévoit son entrée en vigueur en novembre 2019. Officiellement présentée au nom de la sécurité informatique, la loi doit
permettre aux sites russes de fonctionner en se passant des serveurs étrangers. Concrètement, elle prévoit de créer une infrastructure assurant le fonctionnement des ressources internet russes en cas d’impossibilité pour les opérateurs russes de se connecter aux serveurs internet hors du pays. Les fournisseurs russes d’accès à internet devront également s’assurer de la mise en place sur leurs réseaux de “moyens techniques” permettant un “contrôle centralisé du trafic” pour contrer des menaces éventuelles.
Ce contrôle passera notamment par l’agence de surveillance des télécoms et médias russes (Roskomnadzor), souvent accusée de bloquer arbitrairement des contenus sur la toile, et les services spéciaux russes (FSB).
Isoler l’Internet russe
La loi est très critiquée car elle est vue par de nombreux militants comme une tentative de contrôler les contenus, voire d’isoler progressivement l’internet russe dans un contexte de pression croissante des autorités. La semaine dernière, dix organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, dont Reporters Sans
Frontières (RSF) et Human Rights Watch (HRW), avaient appelé Vladimir Poutine à ne pas la promulguer. Dans un communiqué commun, elles dénonçaient un texte pouvant conduire à des “blocages arbitraires”, “un contrôle étatique facilité” et un recul de
l’anonymat en ligne. Plusieurs manifestations contre la loi ont été organisées, dont une ayant réuni des milliers de personnes à Moscou en mars.
Ces dernières années, les autorités russes ont serré le tour de vis sur le réseau internet national, bloquant des contenus et sites liés à l’opposition, mais aussi des services qui refusaient de coopérer avec elles tels que la plateforme vidéo Dailymotion, le réseau social LinkedIn ou la messagerie Telegram.