Les réseaux sociaux démocratisent l’approche directe de candidats. Pratiqué par un peu moins de la moitié des entreprises, cet usage est lié aux difficultés de recrutement et annonce les prémices d’une transformation plus profonde, montre l’Apec dans son dernier rapport.
85 % des entreprises mobilisent les réseaux sociaux pour recruter des cadres, une pratique banalisée, qui englobe la communication employeur, la diffusion des offres d’emploi, l’approche directe des candidats et la recherche d’informations sur ces derniers. Pratiquée par un peu moins de la moitié des entreprises, l’approche directe reste pour l’heure un usage secondaire des réseaux sociaux, relève l’Apec.
Elle est notamment utilisée par les entreprises rencontrant des difficultés de recrutement (56 % contre 47 % en moyenne) dans un marché de l’emploi cadre de plus en plus concurrentiel. L’approche directe sur les réseaux sociaux permet aux entreprises d’élargir le champ des possibles en sollicitant des personnes qui ne sont pas en recherche active sur le marché de l’emploi. L’urgence du recrutement constitue souvent un facteur déclencheur.
Une identification par mots-clés
Pour identifier des candidats potentiels sur les réseaux sociaux, les entreprises procèdent généralement par mots-clés (78 %) portant sur l’intitulé du poste, le nom des écoles ou les compétences recherchées. Elles regardent aussi les profils travaillant ou ayant travaillé dans des entreprises similaires (65 %). En revanche, plus rares sont celles qui ciblent les personnes s’intéressant à leur entreprise sur les réseaux sociaux (31 %) ou qui consultent les profils en relation avec des membres de leur réseau ou avec leurs salariés (29 %).
Moins de recours aux CVthèques et aux intermédiaires
Cette nouvelle pratique a un impact sur le recours aux CVthèques et intermédiaires, note l’Apec. Parmi les entreprises ayant déjà fait appel à un intermédiaire du recrutement, 27 % déclarent y avoir moins souvent recours depuis qu’elles utilisent les réseaux sociaux. Cette proportion s’élève à 36 % pour les entreprises des services et en Île-de-France. À l’inverse, elle est plus faible pour les entreprises de l’industrie (14 %). Les cabinets de recrutement n’en restent pas moins sollicités quand il s’agit d’un recrutement jugé complexe et/ou à fort enjeu pour l’entreprise.
Quant aux CVthèques, si leur usage reste largement répandu, 1 entreprise sur 4 déclare y avoir moins souvent recours, en particulier les grandes entreprises et les ETI (34 %).
Pour certains recruteurs, le vivier de candidats inscrits sur les CVthèques s’avère limité et parfois obsolète. Les réseaux sociaux sont à l’inverse perçus comme donnant accès à un potentiel de candidats plus large et dont les profils sont régulièrement actualisés.
Les managers, devenus acteurs à part entière du sourcing
L’approche directe renforce également la dimension participative du recrutement en impliquant davantage les managers dans son déroulé. 7 entreprises sur 10 déclarent en effet que leurs managers utilisent les réseaux sociaux pour identifier ou contacter des candidats. Cette pratique est encore plus répandue au sein des entreprises des services (76 %) et en Île-de-France (85 %).
L’approche directe via les réseaux sociaux tend donc à faire des managers des acteurs à part entière du sourcing, quand, auparavant, leur intervention se limitait souvent à la définition du besoin et à la sélection des candidats.
“En démultipliant les possibilités d’approche directe, les réseaux sociaux contribuent à faire évoluer le rapport de force et la nature de la relation entre entreprises et candidats, d’autant plus que la conjoncture du marché de l’emploi cadre est favorable et dynamique.
Plus de la moitié des cadres inscrits sur les réseaux sociaux professionnels déclarent ainsi avoir été directement approchés par un recruteur ou un chasseur de têtes au cours des 12 derniers mois, dont 30 % à plusieurs reprises. Selon le profil recherché, les recruteurs adoptent une posture différente : une prise de contact relativement directe pour des profils « classiques », plus élaborée pour des profils pénuriques souvent chassés et qu’il faut davantage séduire“, analyse l’Apec.