Selon l’observatoire sur les besoins en compétences numériques des régions, réalisé par la Grande Ecole du Numérique (GEN), c’est dans ces trois régions qu’il s’avère le plus compliqué de recruter.
« Ceci peut être lié au grand nombre de startups qui peinent encore à embaucher, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore à l’importance du secteur des logiciels en Pays de la Loire, avance Samia Ghozlane, directrice de la GEN. Dans les Hauts-de-France, ça peut s’expliquer par le grand nombre de postes disponibles dans la logistique ou dans les grands groupes B2C présents dans la région ». Entre 60 % et 80 % des recrutements sont par ailleurs jugés difficiles dans l’ensemble des 13 régions de France.
La GEN entend s’appuyer sur les chiffres de l’observatoire pour consolider son offre de formation et être en mesure de labelliser celles qui oeuvrent au plus près des besoins des entreprises. « Nous avions déjà réalisé une cartographie des métiers, et cet observatoire complète parfaitement cette première étude, affirme Samia Ghozlane. Il permet de développer une vision renforcée des besoins de chacune des régions françaises en matière de numérique et de mieux cibler les formations qui viendront compléter notre offre, dont l’approche inclusive a toujours été la marque de fabrique ». Cette année, l’équipe de la GEN va à la fois travailler sur la publication d’un observatoire national et sur l’actualisation des observatoires régionaux, l’objectif étant de les publier deux fois par an.
Une étude du tissu économique des principaux bassins d’emploi
Pour réaliser l’observatoire, l’équipe de la Grande Ecole du Numérique a été accompagnée par le cabinet de conseil en stratégie HTS Consulting qui l’a aidée à identifier l’ensemble des sources disponibles, en sus des propres données de l’école : les données publiques publiées par l’INSEE, Pôle emploi, Eurostat, BPI France, l’Alliance Industrie du Futur, l’URSSAF, les CCI, les conseils régionaux… La GEN a ensuite sélectionné quelques indicateurs clés permettant d’appréhender les besoins locaux.
Pour chaque région, les protagonistes de l’observatoire ont mené une étude du tissu économique des principaux bassins d’emploi, de la stratégie de développement, des offres d’emploi et de l’offre de formation. « Nous avons ensuite identifié les enjeux régionaux en matière de numérique, et enfin nous avons effectué un rapprochement de l’offre de formation de la GEN, afin d’identifier des « trous dans la raquette » », explique Samia Ghozlane.
La GEN s’est également appuyée sur la jeune pousse WiserSKILLS. « Cette startup, spécialisée dans les data RH, dispose d’une base de 137 000 utilisateurs dans des secteurs très différents répartis au sein de l’ensemble des territoires, permettant de définir une vision claire de l’impact du numérique sur plus de 950 métiers », déclare Samia Ghozlane.
Corse et Dom-Tom, les moins matures
D’après l’équipe de la GEN, les régions les moins matures en termes de numérique sont la Corse et les Dom-Tom. « Le nombre important d’installateurs confirme que la Corse est engagée dans une stratégie d’élargissement de l’accès à Internet, préalable obligatoire au développement de l’économie numérique, souligne Samia Ghozlane. Dans les Dom-Tom, en Guadeloupe par exemple, les freins tiennent à la fois de problématiques de compétences et de générations, mais également de financement et d’accompagnement technique des entrepreneurs », affirme-t-elle.
Les régions, hors Ile-de-France, ayant de forts besoins en compétences numériques
– L’Auvergne-Rhône-Alpes : 9 570 projets de recrutement, surtout des programmateurs (front, back et full stack) ainsi que des chefs de projet. On note une forte transformation digitale des entreprises ainsi que des investissements en structure IT.
– L’Occitanie : 7 610 projets de recrutement. Un fort besoin de techniciens télécom et fibre optique existe, lié au déploiement du très haut débit dans la région. La part d’emplois du numérique dans les entreprises est de 2,5 %, donc plus élevé que la moyenne nationale (1,5 % hors IDF). La transformation digitale des PME renforce leur présence sur Internet et les réseaux sociaux.
– Le Sud : 6 230 projets de recrutement. La région recherche surtout des développeurs et chefs de projet informatiques et également des installateurs de fibre optique, ce qui est lié à l’importante quantité de territoires reculés de cette région montagneuse. La bonne maturité numérique de la région démontre une vitalité de la transformation des entreprises.
– Les Hauts-de-France : 6 120 projets de recrutement. Les profils de développeurs sont très recherchés ainsi que les business developpers. La région se caractérise par son dynamisme dans l’économie numérique. Elle compte un grand nombre de grands groupes B 2 C déjà passés au numérique et une grande vitalité de l’écosystème start up (1 710 startups).
Patricia Dreidemy