Lors d’un direct sur You Tube cette semaine, Mathilde Le Coz, présidente du Lab RH et DRH de Mazars France, et Alexandre Stourbe, directeur général du Lab RH, ont décrypté les temps forts et tendances RH de l’année qui commence. Ils en ont identifié cinq principaux.
Data et intelligence artificielle : leur usage au service du recrutement, de l’expérience collaborateur et du suivi de la performance dans les entreprises va croissant. « La profession RH devient de plus en plus mature en termes de data, a souligné Mathilde Le Coz. On en collecte de plus en plus et on doit aussi faire parler cette data. Elle peut être utilisée notamment dans la prévention en amont des risques psychosociaux », a t-elle pointé.
Pour elle, des openIA comme ChatGPT, qui fait couler beaucoup d’encre depuis son lancement en novembre dernier, pourront par ailleurs se révéler une aide précieuse pour les RH, leur permettant par exemple de rédiger les évaluations annuelles des collaborateurs sur la base de données et d’informations pertinentes. « Cette technologie peut faire peur mais elle peut aussi donner beaucoup d’opportunités et faciliter notre quotidien », a t-elle affirmé.
Flexibilité du travail et workplace : ce sujet de fond figurait déjà parmi les priorités des RH en 2022. « Mais nombre d’entreprises s’interrogent encore sur les nouveaux modèles d’organisation à mettre en place, sur le télétravail, sur les expérimentations autour de la semaine de quatre jours, sur la manière planifier le retour des collaborateurs dans l’entreprise… », a souligné Alexandre Stourbe. Ce qui n’est pas sans entraîner des questions sur la transformation managériale et la prise de posture des managers autour de cette flexibilité et de cette nouvelle organisation du travail
« Fin 2022, nous avons réalisé un rapport de prospective avec le Lab RH sur le recours aux indépendants dans une démarche d’open talents et je pense que cette année, le sujet de la flexibilité du contrat de travail va se poser », a déclaré Mathilde Le Coz. A savoir comment on met en place des temps partiels bien plus flexibles qui marquent une vraie saisonnalité dans la manière dont on souhaite s’investir dans le temps dans son entreprise. Par exemple, préfère-t-on travailler six mois dans l’année et garder six mois pour soi, plutôt que faire un 4/5e ou un 9/10e, pratiques actuellement plus récurrentes ? ».
En conséquence, le thème de l’hybridation des équipes avec des salariés, des indépendants, des “slasheurs” (actifs conjuguant plusieurs activités) va s’inviter en 2023. Tout comme la question de l’accompagnement des fonctions managériales avec les sujets de la confiance, du lâcher prise, de la responsabilisation individuelle. Selon la DRH de Mazars France, cette question est très challengée depuis la crise et met peut-être en avant de nouvelles attentes sociétales beaucoup plus larges sur un nouveau rapport au travail et au manager.
Formation et knowledge management : le temps est à l’hyper-personnalisation des programmes de formation qui doivent répondre au mieux aux attentes des collaborateurs de manière individuelle et être dispensés au bon moment et au bon endroit, sur le lieu de travail ou à distance. Les formations en réalité virtuelle permettent notamment de former les collaborateurs sans consentir d’investissements trop onéreux. Quant à la formation à la RSE, Mathilde Le Coz l’affirme, c’est une thématique horizontale qui impacte toutes les verticales de l’entreprise et tous les enjeux RH.
Care et performance : il s’agit de la santé financière de l’entreprise en cette période inflationniste, de sa transparence globale autour des plate-formes d’employee advocacy, des salariés aidants, de la QVT… « C’est la continuité cette année de ce mélange entre vie privée et vie professionnelle, a noté Mathilde Le Coz. Après la crise, les collaborateurs n’ont plus peur de parler de leurs préoccupations personnelles au travail et ils attendent des réponses adaptées de leur organisation. L’enjeu est de savoir comment on optimise l’expérience collaborateur sur un marché tiré par la demande où les candidats choisissent une organisation qui va améliorer leur quotidien aux sens large ».
Recrutement et employabilité des seniors : un sujet brûlant à l’heure de la réforme en cours. Sur fond de guerre des talents, il semble peu compréhensible d’écarter certains viviers de compétences…
« La fonction RH évolue, on la voit devenir de plus en plus complexe, nécessitant de plus en plus de compétences variées et complémentaires, c’est un métier en perpétuelle transformation », a conclu Mathilde le Coz. Nul doute que le-la DRH de demain sera protéiforme dans le « nouveau » monde encore en construction.
Patricia Dreidemy