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Quelle confidentialité des données après la BlockChain ?

Robert Bentz
Robert Bentz, FWA

“Une angoisse m’étreint… Et si mes informations étaient vraiment en sécurité ! Le concept de la BlockChain, nous interroge sur l’avenir…” Ainsi commence cette tribune de Robert Bentz, directeur adjoint de FWA (solutions pour la gestion de l’information de l’entreprise, comme Dispodoc). .

Pour faire simple, la BlockChain est l’architecture logicielle qui sous-tend le Bitcoin. Il devient assez simple de penser ce que l’on veut du Bitcoin, mais il est indéniable que personne n’a rien entendu sur la sécurité des échanges et des archivages des opérations pour cette monnaie numérique. Plus étrange le Bitcoin, avec cette architecture BlockChain, se supporte tout seul sans banque, sans serveurs hyper sécurisés localisés sans vraiment connaître l’emplacement. La BlockChain n’a pas besoin de serveurs pour exister. Les informations sont stockées sur l’ensemble des ordinateurs des « abonnés », les « mineurs ». Le système quant à lui consiste à hyper crypter l’information, qui sera stockée par fragments sur les machines distinctes, sous forme de chaîne de blocks. L’abonné peut même être rémunéré pour l’espace qu’il met à disposition des échanges. La sécurité vient de l’atomisation de l’information, qui est aussi cryptée et qui est gérée dans une « chaine de blocs » qui évolue tout le temps, avec les échanges des abonnés. Hacker une information mouvante est quasiment impossible. J’aime beaucoup aussi la théorie des « généraux byzantins » pour expliquer l’infaillibilité des échanges.

La BlockChain peut être utilisée pour de nombreuses applications sécurisées, les échanges monétaires bien sûr, mais aussi des applications de type contractuelles (contrats types) avec la traçabilité de la validation (covoiturage, logistique, smart contrats, ..), notarisation de documents au niveau mondial (Valeur probante), le cadastre pour l’obtention d’informations, voire pour l’achat de parcelles (en Afrique), plus généralement, le stockage d’informations sensibles avec la traçabilité des consultations et sécurité des accès. Les hackers n’ont pas un serveur à attaquer, mais des milliers de PC qui ne stockent que des fragments d’informations dont la reconstitution est quasiment impossible. Mais alors ! A quoi vont servir tous nos serveurs, nos tiers de confiance ? Le stockage dans le Cloud ? Sécurisé ou non. Voilà l’objet de mon angoisse depuis quelques semaines. Si les Microsoft avec Azure, Amazon avec son AWS, et tous les autres n’ont plus de clients pour acheter leur espace disque et leur puissance de calcul, c’est toute l’économie du Cloud qui va s’écrouler.

Mais alors pourquoi les grands acteurs du stockage s’intéressent à la BlockChain : Orange en France La Banque Santander en Espagne, et aussi Microsoft Azure ? Y aurait-il un piège ? Ils s’y intéressent car ils ne veulent pas se faire « uberiser », comme les taxis l’ont été. Ces acteurs veulent intégrer ces nouvelles possibilités dans leur cœur de métier.

L’idée maîtresse est d’utiliser la Blockchain pour la validation des transactions (échanges, requêtes, contrats, etc.) et garder la partie stockage dans le Cloud. Il est vrai que les enjeux du Bitcoin, qui ne gère que de la donnée numérique quantitative peut être satisfait au travers des espaces disques disponibles chez les abonnés (mineurs). Mais pour la gestion d’une masse plus importante de documents ou d’informations volumineuses, il n’est plus pertinent d’embarquer dans la chaîne de blocs ces éléments « polluants » en termes de performance. Alors l’on en revient au stockage classique dans le Cloud. C’est l’objet même de l’initiative Microsoft Azure avec Storj. Ainsi les acteurs du Cloud s’investissent dans la BlockChain. Mais qui peut en payer le prix ? Principalement les tiers de confiance, que la BlockChain va permettre de remplacer.

A ce jour, nous n’en sommes qu’au début de l’histoire de l’utilisation de la BlockChain. Toute entreprise raisonnable doit aujourd’hui s’y intéresser, car les conséquences en lien avec le métier peuvent être importantes. Si de grands acteurs du numérique s’investissent autant sur ce sujet, c’est qu’il y a de belles opportunités à venir !