Témoignage – Pôle Emploi, qui compte 57 000 agents répartis dans 900 agences dans toute la France, partage ses données RH et de performance sociale avec ses 2 000 managers à travers une application de datavisualisation, Digit RH.
Entretien avec Aurélien Fenard, directeur de la transformation digitale chez Pôle Emploi.
Solutions Numériques : dans quel contexte s’inscrit ce projet de partage de données RH ?
Aurélien Fenard, directeur de la transformation digitale de Pôle Emploi : Nous avons de fortes ambitions en termes de digitalisation. Beaucoup de progrès passent par la connaissance et le partage des données.
Avant le déploiement d’une application de pilotage RH créée avec l’éditeur français Toucan Toco, il était fastidieux d’extraire les données RH des outils de gestion pour les fournir aux décideurs sur le terrain. L’idée de cette nouvelle application, qui s’appelle Digit RH, a germé il y a cinq ans. Une interface d’échange de fichiers a été mise en place avec notre SIRH, qui comporte une dizaine de grands systèmes (paie, formation, promotion, mobilité, recrutement…).
Une première version de la solution a été créée pour les membres de la direction générale. Puis le déploiement s’est progressivement étendu aux différentes strates hiérarchiques (direction d’agence, territoriale, régionale, fonctions support). Comme pendant la crise sanitaire, ce n’était pas un projet prioritaire, ça s’est fait assez lentement. Aux indicateurs RH classiques comme les effectifs, que le manager peut par exemple extraire par catégorie ou par secteur (la maille la plus fine étant l’agence) se sont progressivement ajoutés divers indicateurs de performance sociale, mesurant le climat social. Les managers ont accès à des données relatives au recrutement, à la formation, aux compétences, à l’absentéisme, au taux de féminisation…
S.N. : Quels sont les avantages que retire Pôle Emploi de l’usage de cette application ?
A.F. : Nous rapprochons la donnée des sites régionaux et locaux de prise de décision, ce qui apporte de la valeur. Tous les échelons de management ont accès aux mêmes données, que l’on soit directeur adjoint d’agence ou membre de la direction générale. Aujourd’hui, cela représente environ 2 000 personnes.
L’application permet de couvrir plusieurs thématiques RH dans une seule et même interface, de faire vivre la donnée en intégrant les indicateurs clés du moment, de communiquer mensuellement sur la performance sociale de chaque région.
De fait, l’application change la manière dont les managers consomment la donnée. Ils apprécient les gains de temps et d’efficacité qu’elle procure. La visualisation des données est simple, les données peuvent être croisées. Les chiffres sont actualisés chaque mois. Le manager peut avoir accès aussi bien aux données mensuelles que trimestrielles ou annuelles. L’application facilite également les revues avec les équipes. Elle permet aussi de se benchmarker.
Au niveau de la direction digitale, le temps gagné sur les tâches d’extraction est consacré à l’analyse des données.
S.N. : L’application de datavisualisation va-t-elle s’élargir à d’autres types de données ?
A.F. : Forts de la réussite de cette application de visualisation des données RH, nous travaillons actuellement au déploiement d’une application similaire de pilotage de la performance opérationnelle, sur la même plate-forme. Il devrait être effectif d’ici à la fin de l’été.
S.N. : Comment ce projet s’inscrit dans la politique globale de ressources humaines de Pôle Emploi ?
A.F. : Pôle Emploi est soucieux de la qualité de vie au travail, du bien-être des agents et de leur formation. La culture d’établissement évolue, associant performance sociale et performance opérationnelle, créant un cercle vertueux. De même, la fonction RH est en constante évolution. Elle se veut un business partner des managers et des opérations.
Christine Calais
