OVHcloud a organisé le jeudi 2 février sa première convention tech organisée à La Cité des Sciences et de l’Industrie. L’evénément a été marqué par une keynote d’ouverture emmenée par Octave Klaba, fondateur et président, les interventions de Thierry Souche, Chief Technical Officer OVHcloud, et Yaniv Fdida, Chief Product Officer OVHcloud. L’occasion pour le champion français du Cloud de faire un point sur sa stratégie de développement et évoquer les lancements de produits à venir pour l’année 2023 et au-delà.
Si la gestion d’OVHcloud est aujourd’hui assurée par Michel Paulin et Thierry Souche, pour la direction technique, c’est bien l’emblématique fondateur Octave Klaba qui a lancé le “Very Tech Trip”, nouveau nom de la journée qu’OVHcloud consacre chaque année aux développeurs. Il a immédiatement mis en avant : « OVHcloud est le seul fournisseur de Cloud européen qui a atteint la taille critique pour être considéré comme une alternative européenne. » Il a souligné que les interdépendances entre pays issues de la globalisation de l’économie ont été bousculées par la crise du Covid puis un climat de guerre à la fois économique et militaire. « Nous allons voir que les continents, les régions, les pays vont essayer de retrouver de l’autonomie et une certaine souveraineté. Pour nous, cela signifie plus de régulation sur les data. Il va devenir plus compliqué de faire notre job. » Pour Octave Klaba, la véritable question à se poser est comment, dans un tel contexte de régionalisation et de complexification, en tirer parti pour un business à l’échelle mondiale.
Une stratégie de développement internationale qui s’accélère
Le fondateur d’OVHcloud a ensuite détaillé les différents axes de sa stratégie. Actuellement, OVHcloud possède une présence commerciale dans 14 pays, dispose de datacenters dans 8 pays, mais va en accélérer la construction de nouveaux (voir schémas ci-dessous).
« Nous allons déployer une nouvelle typologie de datacenters : les régions. La première sera initiée en fin d’année, à Paris. Au Canada, nous avons commencé les travaux à Toronto et il y en aura 2 autres qui formeront la région Canada. Même chose en Allemagne en 2024/2025. Aux Etats-Unis, nous avons déjà 3 datacenters. Nous allons progressivement leur ajouter des extensions. » En parallèle à la création de ces régions (comparable à ce que font déjà AWS et Microsoft Azure), Octave Klaba a révélé la construction de nouveaux datacenters en Inde, en Suisse où une région devrait être créée à terme, puis en Italie, en Espagne, au Japon, le Maroc.
Des annonces produits tous azimuts
Parmi les annonces produits, on peut noter dans le domaine du Cloud public l’arrivée d’une brique IAM au catalogue d’OVHcloud dans les prochaines semaines. Les accès de l’ensemble des services seront désormais gérés depuis un même point, dans l’espace client puis via API en mode « Infrastructure As Code » dans un deuxième temps. Une solution de KMS (Key Management System) est aussi dans la roadmap du nordiste.
Pour les entreprises qui migrent vers les conteneurs et en particulier l’orchestrateur Kubernetes, OVHcloud pousse déjà l’offre Managed Kubernetes, mais il va proposer un Control Plane unique pour gérer les nœuds Kubernetes hébergés chez lui ou chez d’autres fournisseurs, sans lock-in. L’offre est une réponse à celle d’Anthos de GCP. Par ailleurs, OVHcloud va renouveler ses gammes d’hébergement de machines virtuelles et doubler la capacité réseau de ses offres.
C’est Thierry Souche, CTO d’OVHcloud, qui a dévoilé les annonces relatives à la gestion des données et à l’IA, le segment de marché sans doute le plus disputé entre les CSP actuellement. Soulignant une année 2022 particulièrement active avec 12 nouveaux moteurs de base de données intégrés à la plateforme et proposés aujourd’hui en mode hébergé, le CTO a précisé les apports de l’acquisition de ForePaas en avril 2022 : « Non seulement cette suite logicielle permet de gérer les données de A à Z, mais nous avons en plus accueilli une très elle équipe, pleine de talent et qui a envie de participer à l’aventure de la donnée souveraine. La solution apporte une suite complète d’outils ; du stockage jusqu’à l’exploitation des données. Nous allons rendre chaque composante de cette solution accessible en mode As a Service. »
Octave Klaba a précisé cette stratégie Cloud public : « Nous visons 80 produits à terme dans notre famille de produits Public Cloud. Notre idée est d’open sourcer l’ensemble de ces développements pour que tout le monde puisse télécharger ces outils, les essayer en interne, y compris nos concurrents, nos clients. Il faut arrêter, en Europe ,de tous développer les mêmes fondamentaux du Cloud. Dans notre stratégie 2020-2025, nous allons investir de l’ordre de 1 milliard d’euros sur ces 80 produits et les open sourcer à la communauté pour ensuite pouvoir développer les 100 produits suivants. »
Des solutions pour faciliter le “Move to Cloud” des entreprises
Pour le volet Cloud privé, “Hosted Private Cloud” dans le jargon OVHcloud, les offres VMware on OVHcloud ont été simplifiées en 2022, et la solution Hosted Private Cloud powered by VMware a été qualifiée SecNumCloud par l’ANSSI.
En 2023, l’environnement VMware Tanzu va arriver chez OVHcloud ainsi que la solution de virtualisation réseau NSXT pour une gestion avancée de la microsegmentation, déjà en bêta pour quelques clients. vSphere 8 arrivera dans quelques mois.
Lilian Lisanti, VP Private Cloud d’OVHcloud, est revenu sur le partenariat avec NetApp et l’arrivée d’une nouvelle classe de stockage Enterprise File Storage. Celle-ci offrira un débit garanti de 64 Mbit/s par To, jusqu’à 4 000 IOPS réservées par To, sans coût additionnel sur la bande passante.
Autre partenariat de poids dans les projets de « Lift to Cloud » pour OVHcloud, celui noué avec SAP. Les datacenters européens d’OVHcloud ont été certifiés par SAP en 2022, ce qui permet au français de proposer son premier service SAP basé sur des serveurs Bare Metal. L’offre SAP HANA TDI repose sur des machines dotées de 192 Go à 1,5 To de Ram. En outre, l’hébergeur propose des packs VMware vSAN certifiés HANA jusqu’à 3 To de Ram par serveur.
Des offres d’hébergement Web rénovées
Enfin, sur l’hébergement Web, une des activités historiques d’OVHcloud, un renouvellement des plateformes matérielles est en cours, avec plus de puissance de calcul à la clé et des machines de nouvelle génération dotées de disques SSD.
La rénovation des offres va aussi porter sur le volet messagerie avec une offre Zimbra modernisée et la création d’une offre conjointe avec Shadow (éditeur de services Cloud dont Octave Klaba a pris le contrôle en 2021). OVHcloud veut aller chasser sur les terres de Microsoft 365 et Google Workspace avec une offre alliant e-mail, stockage de type Drive, videoconferencing, chat, édition de documents en ligne et PC dans le Cloud.
Il est à noter que le fournisseur prépare le lancement d’une offre de téléphonie IP dont le softphone sera disponible sur toutes les plateformes desktop et mobiles et une plateforme qui aura des intégrations possibles avec Salesforce.com, ServiceNow, etc.
Enfin, pour l’assistance traditionnellement très « tech » de cette plénière, OVHcloud a annoncé l’arrivée de machines dotées de processeurs de dernière génération, les Xeon Sapphire Rapids d’Intel et AMD Genoa. « Les nouvelles plateformes apporteront jusqu’à 256 cœurs par serveur, plus de 12 000 cœurs par rack, plus de 2 Po de stockage pour un même serveur et 8 To de Ram sur 2 sockets » a indiqué Yaniv Fdida, Chef Product Officer d’OVHcloud. Les entreprises qui rechercheront le plus de puissance de calcul possible pourront opter pour des racks de 16 KW, une offre qui sera lancée en bêta en 2023. Enfin, OVHcloud annonce l’arrivée du refroidissement par immersion dans ses offres pour les usages spécifiques, notamment pour les clusters de GPU dédié à l’IA.
Se préparer au quantique dès maintenant
Octave Klaba a exhorté les grandes entreprises à s’acculturer sur le calcul quantique, pointant la rupture qu’allait représenter le quantique et ne pas attendre l’arrivée des premiers ordinateurs quantiques pour commencer à monter en compétences sur la question. Dans ce but, OVHcloud a signé en juin 2022 un accord avec Atos afin de mettre à disposition l’émulateur quantique de ce dernier dans le Cloud d’OVHcloud en mode “as a service”.
« Le quantique est un domaine qui me passionne. Le siècle dernier a été accéléré grâce à l’atome, notre siècle le sera par le quantique. Il y aura 3 champs d’application : la sécurité, les capteurs et les ordinateurs. En sécurité, dans les 3 à 5 ans, nous allons devoir renouveler tout le chiffrement. 100 % des équipements et du software vont devoir être remplacés. Ce sera un challenge pour tout le secteur de la tech. Grâce à l’intrication quantique (deux particules forment un système lié, NDLR), une nouvelle typologie de capteurs va apparaître, avec des capteurs intriqués qui vont pouvoir être envoyés très loin, y compris dans l’univers et lire un état à une distance incroyable. Enfin, il y aura différents types d’ordinateurs quantiques. Ils pourront résoudre des problèmes que l’on ne sait pas bien calculer aujourd’hui, comme l’impact d’une molécule sur une protéine. Avec beaucoup de GPU, on ne sait simuler que quelques millisecondes d’une telle réaction chimique, au bout de plusieurs mois de calcul. Demain, nous aurons des ordinateurs quantiques qui calculeront ce type de simulation beaucoup plus rapidement. »
« Si votre entreprise fait plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, il faut consacrer un budget de 1 million d’euros par an sur le quantique dès maintenant. Les paradigmes changent, il faut former des gens, comprendre les problématiques, appréhender la programmation quantique. Cela va demander du temps et cela va demander des années. Si les grosses entreprises ne s’intéressent au quantique que le jour où le premier ordinateur quantique sera disponible, elles auront accumulé du retard par rapport à leurs concurrents qui ont déjà mené cette maturation. C’est un risque pour l’Europe. »
Alain Clapaud