(AFP) – Face à la levée de boucliers contre la cryptomonnaie de Facebook, la Libra, le responsable du développement de l’entreprise a tenté de rassurer dimanche, reconnaissant qu’un tel vaste réseau de paiement ne devrait pas être contrôlé par une seule entité.
“Je veux réitérer notre fort engagement pour nous conformer aux exigences
réglementaires avant la naissance de la Libra“, a déclaré David Marcus, responsable chez Facebook de la future monnaie numérique, lors
d’une discussion sur les cryptomonnaies à l’IDB (Inter-American Development Bank) à Washington. “Nous reconnaissons qu’un changement de cette magnitude ne peut se faire sans un grand sens des responsabilités“, a-t-il ajouté.
La Libra a été sous le feu des critiques cette semaine à Washington en marge des réunions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le G7, le Groupe des sept pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon), a convenu que la condition sine qua non pour lancer les cryptomonnaies stables, comme la Libra, était l’instauration d’un cadre juridique solide.
Bloquer l’arrivée de la Libra sur le Vieux continent
L’Allemagne, la France et l’Italie sont allées plus loin en répétant que la
Libra n’était pas la bienvenue en Europe. Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a indiqué qu’il travaillait avec ses homologues allemand et italien pour élaborer des mesures destinées à bloquer l’arrivée de la Libra sur le Vieux continent. “Veut-on que la politique monétaire soit aux mains d’une multinationale privée comme Facebook? Ma réponse est clairement non“, a-t-il déclaré, pointant la puissance de frappe du groupe avec ses 2,7 milliards d’utilisateurs, en comptant Instagram, WhatsApp, Messenger…
“Nous n’accepterons pas qu’une entreprise multinationale privée ait la même puissance, la même puissance monétaire que les Etats souverains qui sont soumis au contrôle démocratique; car la grande différence entre Facebook et les Etats, c’est que nous sommes soumis au contrôle démocratique, c’est-à-dire au contrôle du peuple“, avait expliqué avant le week-end au G20 le ministre des Finances français Bruno Le Maire.
David Marcus a semblé lui répondre dimanche. “Depuis le tout début (du
projet), il a toujours été clair pour nous qu’un réseau de paiement tel que la
Libra ne devrait pas être contrôlé par une seule entreprise“, a-t-il dit. Pour répondre aux critiques sur le fait que la Libra serait adossée à un panier de devises, dont l’euro et le dollar, au risque de déstabiliser les Etats, M. Marcus a suggéré des monnaies numériques stables adossées à une seule monnaie. Il a enfin repris l’argumentaire habituel: la Libra doit combler les
lacunes du système de paiement international, citant notamment le coût des paiements transfrontaliers ou le fait que 1,7 milliard de personnes dans le monde n’ont pas ou peu accès à des services bancaires.
La Libra est censée offrir à partir de courant 2020 un nouveau mode de
paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels, permettant d’acheter des biens ou d’envoyer de l’argent aussi facilement qu’un message instantané.