C’est l’un des enseignements de l’étude « L’impact du numérique sur la gestion RH », réalisée par Sage avec OpinionWay. 300 décisionnaires RH d’entreprises du privé* ont notamment été interrogés dans le cadre de cette enquête, dont 94,51 % en fonction dans des TPE.
La nature du panel, constitué à plus de 90 % de très petites entreprises, explique que 66 % des décisionnaires RH soient les dirigeants de l’entreprise et 23 % seulement des DRH ou RRH. D’après l’étude, moins de deux sur cinq (38 %) estiment que le digital améliore les relations avec les salariés. Les DRH et les RRH sont plus nombreux (64 %) à le penser que les dirigeants, sans doute car ils sont davantage sur le terrain.
Tiphaine Brisou-Debeze, People Director Europe du Sud et Iberia chez Sage explique ces chiffres par deux facteurs : « Tout d’abord, certains décisionnaires RH peuvent craindre de ce fait de perdre le contact direct, humain, de proximité avec les collaborateurs. De plus, la mise en place de certains outils digitaux dans les entreprises, comme le SIRH, la dématérialisation ou l’outil de gestion de candidatures, demande de travailler en mode projet, de bien cadrer et de travailler l’aspect conduite du changement et la communication. Cela, afin que les collaborateurs puissent intégrer rapidement et avec efficacité ces changements. Cela peut paraître fastidieux, complexe et même coûteux pour les équipes RH, qui ne sont pas toujours staffées, elles-mêmes accompagnées, ou formées pour affronter ces changements. La réticence est certainement moins forte dans les grandes entreprises où la transformation digitale est souvent un peu plus avancée que dans les TPE/PME ».
La sécurité des données, un frein à la numérisation
Les solutions RH les plus présentes (mises en place ou en cours de déploiement) sont les logiciels de comptabilité, de gestion et ceux de paie. Un quart des entreprises n’a mis en place aucune solution RH. Quant à la transformation digitale de l’entreprise, elle n’est pas en projet dans 49 % des organisations et elle est terminée dans seulement 25 % d’entre elles. « Dans le contexte de polycrise et de l’inflation, les entreprises ont du mal à se tourner vers la technologie pour épauler la gestion de leur entreprise, car elles préfèreraient maintenir la trésorerie plutôt qu’investir dans l’IT ou dans de nouvelles technologies », estime Tiphaine Brisou-Debeze.
Les décisionnaires RH interrogés sont par ailleurs majoritairement issus de TPE, qui englobent les artisans et les métiers manuels. Ces derniers estiment probablement pour certains ne pas avoir besoin de la numérisation pour gérer leur activité au quotidien et n’ont pas toutes les ressources internes pour l’envisager comme un levier supplémentaire.
Pour les décisionnaires RH, l’usage d’outils numériques apporte d’abord un gain de temps (26 % tout à fait d’accord et 70 % tout à fait ou plutôt d’accord). Six décisionnaires RH sur dix sont cependant inquiets pour la sécurité des données de l’entreprise et de leurs données personnelles, ce qui explique le retard d’un grand nombre dans la numérisation, cette crainte étant sans aucun doute un sérieux frein.
Les décisionnaires RH restent encore une population à convaincre des bénéfices du digital, 25 % du panel la percevant comme une opportunité et 30 % comme un risque.
Patricia Dreidemy
* Fournisseurs de services BtoB (44 %), entreprises de commerce (27 %), industrie et BTP (18 %) sociétés de services aux particuliers (11 %)