Interrogé début novembre par des médias sur le boom du e-commerce durant le reconfinement en France, Michel-Edouard Leclerc a cherché à positiver. Il invite les commerçants à saisir cette opportunité en basculant leurs boutiques sur Internet et à arrêter, tout comme les Politiques d’ailleurs, d’utiliser Amazon comme un épouvantail. Un message que n’a pas écouté l’une de ses hypers…
Interrogé le 6 novembre 2020 par la radio BFM sur le boom du e-commerce alors que la France reconfine massivement, Michel-Edouard Leclerc, le président et fondateur des grands magasins Leclerc, a choisi dans un premier temps de positiver : « Ces contraintes sanitaires et légales font gagner deux ans d’avance au secteur de la distribution pour passer au digital. On voit même désormais des petits commerçants s’associer pour se positionner sur le e-commerce, mais aussi des petites places de marché se créer, avec des banques parfois ». Michel-Edouard Leclerc a paru lassé par les débats et querelles « stériles » dans le e-commerce en France. Par exemple, à la question de savoir s’il faut-il supprimer le Black Friday ?, il répond par la négative et invite même à créer des fêtes commerciales avec des noms… français si les gens préfèrent.
Arrêtez d’utiliser Amazon comme un épouvantail, faîtes mieux que lui !
Le président et fondateur des hypers Leclerc déplore également la volonté de certains en France à toujours vouloir trouver un bouc émissaire à leurs problèmes. Le site de e-commerce américain Amazon en serait le meilleur exemple dans son secteur selon Michel-Edouard Leclerc : « On doit arrêter d’utiliser Amazon comme un épouvantail. Au contraire, nous devons suivre son exemple – Amazon est un formidable logisticien – pour s’améliorer afin de pouvoir rivaliser avec lui. Chez Leclerc, nous voulons être plus fort que lui, mais à la française, en offrant davantage de conseil et d’humain qu’Amazon ».
D’ailleurs, Michel-Edouard Leclerc a rappelé que son groupe est encore compétitif même s’il reverse chaque année à ses 130 000 salariés environ 25% de ses bénéfices avant impôts. Côté impôts toujours. BFM a révélé qu’Amazon n’aurait payé en 2019 « que » 420 M€ d’impôts en France, contre plus d’un milliard pour Leclerc selon son président.
Le groupe Leclerc est l’un de nos champions du e-commerce et du Drive
L’un de ses magasins a stigmatisé – en franc-tireur ? – certaines enseignes du e-commerce, comme Amazon et CD-Discount, qui seraient favorisées par les mesures prises sur le livre par le Premier Ministre, Jean Castex (voir photo).
Rappelons que le groupe Leclerc est déjà l’un des principaux e-commerçants de la grande distribution. Michel-Edouard Leclerc a expliqué que son groupe « réalise plus de 4 milliards dans le digital, via le Drive que nous avons popularisé en France avec du clic&collecte sur des produits précommandés ».
Michel-Edouard Leclerc déplore la fermeture dans l’urgence de nombreux rayons « non essentiels » dans les hypers
Si le président des hypers Leclerc se dit préoccupé par la fermeture massive des boutiques physiques du commerce traditionnel, il déplore surtout celles dans l’urgence de nombreux rayons « non essentiels » dans les hypers. « C’est le bordel. Dans tous les hypers de France, des milliers de produits doivent être retirés en 2 jours des rayons. (…) Le gouvernement a décidé que plutôt que de laisser ouvrir d’autres commerçants, la justice passait par la fermeture de nombreux rayons des hypers !» expliquait deux jours plus tôt Michel-Edouard Leclerc sur Linkedin. « Ne croyez pas la tâche facile, ils y passeront encore de nombreuses heures aujourd’hui, comme ils y ont passé de nombreuses heures cette nuit… Tout ça avec “l’aimable pression” des préfets et inspecteurs, médiatisée par le ministre de l’Intérieur qui dénoncera au JT les récalcitrants… Pas un mot des autorités à leur égard, pour s’excuser du revirement ! ».
Une incompréhension partagée dans la grande distribution IT
De nombreux acteurs de la distribution, IT notamment, sont montés au créneau pour expliquer leur incompréhension. Par exemple, Innelec Multimédia et Also, de grands leaders de la distribution IT en France, ont répondu au commentaire de Michel-Edouard Leclerc sur Linkedin. Ils déplorent également la cacophonie qui a entouré la fermeture, dans l’urgence, de certains commerces et de nombreux rayons jugés « non essentiels » par le Gouvernement :
Nicolas Berthou, président du directoire chez Innelec Multimédia : « Certes il faut assurer la sécurité de tous, mais nous devons aussi préserver notre système économique. Ce n’est pas en privant les uns de ceux que les autres ne peuvent pas faire que l’on est juste !! Merci au premier ministre de détruire le tissu économique français au profit de l’américain Amazon qui de plus ne paye pas les impôts comme le font les commerçants de notre beau pays ».
Laurent Mitais, senior vice-président Merger & Acquisition chez ALSO Group : « Ou alors c’est pour mieux valoriser leur portefeuille boursier. Dans tous les cas, c’est vraiment ahurissant et on peut hésiter entre bêtise et incompétence ».