Alors que la filière du logiciel libre et Open Source française s’est réunie à l’occasion du Paris Open Source Summit les 6 et 7 décembre, une étude révélée à cette occasion montre une bonne croissance du marché en France. L’Hexagone est même championne en Europe dans le domaine !
Le CNLL (Union des Entreprises du Logiciel Libre et du Numérique Ouvert), le pôle compétitivité Systematic Paris-Région et le Syntec Numérique ont dévoilé le matin du 6 décembre, lors de la keynote d’ouverture du Paris Open Source Summit, les résultats d’une étude réalisée par PAC-CXP et des chercheurs des universités de Valenciennes et Lyon 3. De 2016 à 2017, le chiffre d’affaires France est en augmentation de 8 %, se montant à 4,5 milliards d’euros (dont 4,2 milliards pour les services et 278 millions pour l’édition de logiciels). Un marché, s’appuyant sur l’infrastructure, le middleware et le Web, qui représente 10 % de l’IT dans l’Hexagone. Cette année, le logiciel libre a fourni 45 000 emplois ETP (équivalent temps plein).
Des relais de croissance assureront la position de la France
La France est leader en chiffre d’affaires, devant le Royaume-Uni (4,2 milliards d’euros et l’Allemagne (4 milliards d’euros), et pour la part de l’open source dans le marché IT global. Elle devrait garder sa place jusqu’en 2021 selon les estimations du rapport. Quelles sont les prévisions pour les années qui viennent justement ? Une croissance annuelle de 8,1 % à l’horizon 2021, avec une hausse de 12,6 % pour l’édition et de 7,8 % pour les services, le double environ des prévisions de croissance pour l’ensemble du secteur numérique. Le marché trouve de nouveaux relais de croissance dans le Big Data, les outils de développement orientés DevOps et les technologies autour du Web. Le besoin de recrutement net s’élève à 4 000 personnes par an d’ici 2021, pour atteindre 56 600 emplois en 2021. Et c’est là où le bât blesse : car on manque de compétences, tout autant techniques (développeurs, administrateurs systèmes, data scientists…) que juridiques.
Les entreprises de plus en plus séduites
Pourquoi un tel engouement ? Parce que les entreprises veulent ré-internaliser et maîtriser leur SI, mutualiser et rationnaliser leurs investissements logiciels, accélérer leurs programmes d’innovations stratégiques. L’impact du logiciel libre sur la transformation numérique des entreprises et services publics, et sur l’innovation, est aussi lié à l’avance technologique dans un certain nombre de secteurs clefs : Big Data, API ouvertes, social business, blockchain, services cloud, agilité de l’IT, intelligence artificielle.
Rencontré sur le salon, Henri d’Agrain, le Délégué Général du Cigref (réseau de grandes entreprises qui a pour mission de développer la capacité des grandes entreprises à intégrer et maîtriser le numérique), nous fait d’ailleurs part d’une actualité brûlante : “Depuis quelques mois les entreprises membres du Cigref ont décidé de travailler collectivement et de manière renforcée sur les voies, solutions et expériences en Open Source pour être une alternative aux grands éditeurs”, dont les pratiques commerciales sont sujettes à fortes polémiques. Lire à ce propos notre article sur SAP et celui sur Oracle. Au côté d’Henri d’Agrain, Véronique Torner, co-fondatrice et co-dirigeante d’alter way, sponsor et co-organisateur de Paris Open Source Summit, nous confirme l’adoption de l’Open Source en tant qu’alternative aux éditeurs propriétaires : “Le message de fond à retenir : il faut passer aujourd’hui à l’échelle”. Lire notre article sur alter way. L’Open CIO Summit, un huit clos pour DSI qui fait partie du programme du salon, en a été la démonstration. Avant, les entreprises ajoutaient “quelques briques Open Source aux solutions traditionnelles”, maintenant “elles vont faire le contraire”, soutiennent de concert les deux responsables.