Comment se porte le logiciel en France ? Bien, selon les chiffres du tout dernier Truffle 100. Le chiffre d’affaire du marché s’établit à 12,8 milliards d’euros, en progression pour la 8ème année consécutive, avec un résultat net en augmentation, à 1 186 millions d’euros.
Le secteur est en excellente santé malgré sa profonde mutation et une concurrence internationale forte. Le CA comme le résultat net sont en augmentation, avec des investissements R&D qui atteignent 1 176 millions d’euros. La révolution du SaaS et du Cloud Computing boostent activement le marché. Le chiffre d’affaires total s’établit à 12,8 milliards d’euros, soit 1 milliard de plus qu’en 2014, indique la 12ème édition du« Truffle 100 France », observatoire de référence des 100 premiers éditeurs de logiciels en France publiée par Truffle Capital, acteur majeur du capital-risque européen, et le Groupe CXP, 1er cabinet européen indépendant d’analyse et de conseil dans le domaine des logiciels, des services informatiques et de la transformation numérique. Le chiffre d’affaire Edition croît également très nettement atteignant 7,5 milliards d’euros en 2015, contre 6,6 milliards d’euros en 2014). « 2015 est un bon millésime : 9% de croissance du chiffre d’affaires, doublement des résultats, 15% d’augmentation des investissements en R&D, une belle dynamique de création d’emplois qualifiés, un effectif total de 107 000 personnes avec une très faible propension à la délocalisation… Les éditeurs de logiciels français sont exemplaires, tirent l’économie nationale vers le haut, démontrent que l’esprit entrepreneurial, la prise de risque et le pari sur l’innovation sont de vertueuses qualités porteuses de succès et de conquête. Ils défendent la place de notre pays sur l’échiquier mondial et contribuent à la renommée de la French Tech », commente Bernard-Louis Roques, co-fondateur et directeur général de Truffle Capital.
Le marché est tiré par le haut du classement
Le marché français de l’édition de logiciels reste largement tiré par le haut du classement, les 5 premiers éditeurs représentant 54 % du CA. Dassault Systèmes montre toujours son emprise, représentant 33,7% du chiffre d’affaire Edition. Il est suivi par Sopra Steria, qui monte dans le classement, avec une forte croissance du chiffre d’affaire portée par le rapprochement Sopra – Steria. Ses résultats nets sont aussi en progression (576,6 millions d’euros en 2015 contre 465,5 millions d’euros en 2014). S’affichent ensuite Murex. Cegedim qui passe de la deuxième place à la 4ème mais devient bénéficiaire, assant d’une perte de 199,7 millions d’euros en 2014 à un bénéfice de 67 millions d’euros en 2015 (rappelons que Cegedim a vendu ses activités CRM et statistiques à IMS Health). Axway conserve sa 5ème place. Au total 24 éditeurs ont progressé dans le classement, contre 60 en 2014.
On notera par ailleurs l’augmentation de la part des sociétés en décroissance qui passe de 1% en 2014 à 11% en 2015. 60 ont perdu au moins une place, contre 22 en 2014. 9 ont conservé leur place et 7 sociétés sont sorties du classement (8 en 2014), dont deux suite à des rachats : Dictao racheté par Morpho (Safran) et Ordirope, racheté par GFI Informatique.
Des recrutements en hausse
La nette croissance globale du chiffre d’affaire se reflète également au niveau des recrutements, avec des effectifs en augmentation à 106 920 contre 103 380 en 2014. Les effectifs de R&D sont également en légère augmentation et représentent 15,7% de l’effectif total contre 15% en 2014, soit près de 1 000 recrutements sur ce seul secteur.
Après une légère érosion en 2014, les investissements globaux en R&D repartent également à la hausse et atteignent 1 176 millions d’euros, contre 1 024 millions d’euros en 2014.
La R&D reste par ailleurs très largement internalisée, 73% des éditeurs n’envisageant pas de délocaliser cette activité placée au cœur de leur développement. La plupart des éditeurs considèrent en effet que l’internalisation de la R&D est un facteur stratégique clé qui permet notamment de favoriser la réactivité.
L’Île-de-France conserve sa place centrale
La région Île-de-France conserve sa position prédominante dans le classement, regroupant toujours 83% du chiffre d’affaires Edition, 88% de l’effectif total et 82% des effectifs R&D ; chiffres stables depuis 2014. Elle est toujours suivie par la région Auvergne-Rhône-Alpes qui totalise 9% du chiffre d’affaires Edition (8% en 2014), 6% de l’effectif total (5% en 2014) et 9% des effectifs R&D. A elles deux, les régions Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes représentent toujours 91% du chiffre d’affaires Edition.
A l’international, le classement des implantations a par ailleurs évolué avec la montée des Etats-Unis et de l’Espagne tous deux ex-aequo à la 2ème position. L’Allemagne descend de la 2ème à la 4ème place :
– Royaume-Uni (37%, contre 31% en 2014)
– Etats-Unis (34%, contre 23% en 2014)
– Espagne (34% contre 22% en 2014)
– Allemagne (31% contre 24% en 2014)
– Italie (21% contre 19% en 2014)
– Canada (17% – arrivée au classement)
– Belgique (17% contre 11% en 2014)
– Chine (15% contre 10% en 2014)
– Maroc (14% contre 10% en 2014)
– Brésil (14% – arrivée au classement)
Les mesures publiques plébiscitées par les entreprises
Le Crédit Impôt Recherche reste en tête, plébiscité par 53% des sociétés (52% en 2014). Il est toujours suivi par le Business Act en 2ème position, cité par 44% des éditeurs. Les programmes européens de R&D montent à la 3ème position avec 33% (contre 30% en 2014), et sont suivis par le développement du capital-risque stable à 33% puis la brevetabilité des logiciels à 20% (contre 16% en 2014).
Pour Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat chargée du Numérique, auprès du ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique « Ces chiffres témoignent du virage pris par l’économie française sous l’impulsion de l’action gouvernementale : soutien inconditionnel aux acteurs innovants à l’avant-garde des mutations numériques, avec comme objectif plus global d’accompagner et accélérer la transition numérique de l’ensemble de notre tissu économique et industriel. Depuis plus de deux ans, le succès de l’initiative French Tech a permis de révéler la force des écosystèmes numériques innovants, présents à Paris (40 incubateurs, 80 espaces de travail partagé, 20 ateliers de fabrication numérique et près de 1 500 startups) et dans les 13 métropoles French Tech labellisées et rassemblées au sein d’un réseau national. Cette carte de France de l’innovation sera bientôt complétée par le lancement des réseaux thématiques qui permettront à d’autres territoires de se raccrocher à la dynamique French Tech ».
Pour Bernard-Louis Roques, les Crédits d’impôts (Innovation et Recherche), la réforme envisagée des marchés publics qui « nous rapproche d’un “Small Business Act” à la Française », favorisent effectivement l’essor de la France digitale, mais il souligne qu’un moteur reste en panne, la bourse : « la bourse ne joue plus totalement son rôle de fournisseur en capitaux et d’outil pour réaliser des acquisitions. Les éditeurs ne se voient pas gratifiés des valorisations et des levées de fonds qu’ils méritent. Malgré leur croissance et leurs performances, leur PER moyen, inférieur à celui d’Alternext et du CAC40, est presque la moitié de celui de leurs homologues Américains. Les introductions en bourse ne compensent plus les sorties, si bien que seuls 25 éditeurs sont aujourd’hui cotés alors qu’ils étaient 33 en 2011. La récente annonce de l’OPA sur CEGID, 6ème du Truffle 100, corrobore cette analyse. Il est urgent d’y remédier en drainant une partie de l’épargne, si massive dans les contrats d’assurance-vie ou autres PEA, vers les sociétés innovantes. »
SaaS et Cloud portent le marché
La révolution apportée par les offres en SaaS et le Cloud Computing continue d’impacter fortement le secteur. Pour faire face à l’évolution des usages et la demande en croissance, 74% des éditeurs du Top 100 disposent désormais d’une offre en Saas (contre 68% il y a un an). 64% des éditeurs estiment que cette tendance continuera à influencer grandement le marché, porté également par les applications de mobilités (61%) et le Big Data (33%).
Les technologies sont « aujourd’hui matures dans les domaines de l’analytique et du Big Data, des médias sociaux ou bien encore de la mobilité/connectivité. Le SaaS, principal levier de croissance du logiciel d’entreprise, en constante progression d’une année sur l’autre chez les éditeurs du palmarès, a ouvert la voie à une nouvelle configuration de l’offre, en imbriquant plus étroitement les logiciels et les services. Associées au SaaS, les interfaces de programmation (API) simplifient la connexion à d’autres applications pour créer des solutions innovantes. Leur utilisation est un catalyseur pour la création et la stimulation des écosystèmes numériques », explique Laurent Calot, président du Groupe CXP.
Et pour 2016 ? Le marché devrait toujours afficher une bonne santé en 2016, 42% des éditeurs du Top 100 anticipant une croissance située entre 5% et 15%. Cette croissance devrait se refléter sur les effectifs (pour 66% des éditeurs), le développement de projets de R&D (63%) et le déploiement des activités à l’international (60%).