Le Royaume-Uni veut renforcer son arsenal d’outils pour lutter contre les risques pour sa sécurité économique provenant de la mondialisation et de pays comme la Chine ou l’Iran, a déclaré le vice-premier ministre Oliver Dowden jeudi lors d’une allocution.
Les entreprises, mais aussi les universités, sont “vulnérables” du fait de l’ouverture de l’économie britannique, par ailleurs un atout, a déclaré M. Dowden au centre de réflexion Chatam House. “Le covid et la guerre de la Russie en Ukraine ont mis au jour l’interconnexion des chaînes d’approvisionnement mondiale et dans quelle mesure elle peut être exploitée, avec la Russie faisant grimper les prix du gaz et la Chine exerçant des actes de coercition économique”, a-t-il élaboré. Le gouvernement conservateur, sans prévoir de nouvelle loi, entend renforcer les possibilités d’appliquer certaines règles existantes, pour éventuellement bloquer des investissements étrangers dans des domaines considérés comme stratégiques ou pour s’opposer à des exportations de biens liés à la sécurité nationale, comme les nouvelles technologies, les semi-conducteurs ou certains minéraux. M. Dowden a aussi annoncé que les autorités passeraient en revue les actuels contrôles d’exportation des technologiques émergentes. Le gouvernement a déjà utilisé la loi sur la Securité nationale et l’investissement (NSI) pour bloquer plusieurs tentatives d’entités chinoises d’acquérir des fabricants britanniques de semi-conducteurs.
Les restrictions commerciales, armes de coercition
“Nous devons nous assurer que les biens technologiques que nous vendons à l’étranger ne sont pas utilisés pour nuire à notre intérêt national”, justifie le ministre. “Nous voyons des tentatives délibérées d’utiliser comme armes de coercition des restrictions commerciales”, a-t-il ajouté, citant en exemple “celles de la Chine contre la Lithuanie et de la Russie contre l’Equateur”. “Nous avons aussi vu des exemples ou l’approvisionnement du secteur public pose des risques pour la sécurité nationale, des systèmes de surveillance aux infrastructures de télécommunications”, selon M. Dowden. “C’est pour cela que j’ai banni Huaweï de notre réseau de 5G et les équipements de surveillance chinois des sites clé du gouvernement”, a-t-il insisté. Londres avait en effet annoncé, en juillet 2020, l’exclusion du géant chinois Huawei de son réseau 5G, invoquant déjà un risque pour la sécurité du pays. Beaucoup de menaces économiques envers le Royaume-Uni “sont liées à la Chine mais également à des Etats hostiles comme l’Iran, la Russie et la Corée du nord”, a fait valoir M. Dowden. Le ministre a aussi souligné que les universités “sont à la fois vulnérables et ciblées” par des Etats hostiles.
La rédaction avec AFP