Le 27 septembre dernier, Isabelle Rouhan était l’invitée de la commission ReinventWork de l’ACSEL (association de l’économie numérique) pour parler de son livre « Les métiers du futur », qui regroupe fiches métiers et entretiens avec des experts.
« Ce livre est parti de deux choses, a raconté Isabelle Rouhan. D’abord d’une discussion avec mes deux fils de 10 et 14 ans, sur le métier qu’ils voulaient faire. Je me suis rendue compte que chacun décrivait un métier qui n’existe pas encore. Je suis allée creuser le sujet et j’ai trouvé une statistique d’un think thank californien financé par Dell, l’Institut du Futur. Il a démontré en 2017 que pour des écoliers et des étudiants actuellement scolarisés, dans 85% des cas, le métier qu’ils exerceront en 2030 n’existent pas encore. Je suis par ailleurs entrepreneuse. J’ai fondé un cabinet de recrutement, Colibri Talent, il y a deux ans. Je chasse les dirigeants sur les métiers du digital, de la transformation, de l’innovation et de la data et je me suis aussi aperçue que je ne faisais quasiment que des création de postes, souvent sur des métiers qui n’existaient pas dans les entreprises ». Isabelle Rouhan décide alors de se documenter sur le terrain. Elle réalise une trentaine d’interviews d’experts (artistes, entrepreneurs, enseignants, agents du service public…) et établit une trentaine de fiches sur les métiers de demain.
Que trouve-ton dans la liste non exhaustive de ces métiers répertoriés dans son ouvrage ? Amplificateur de talents, social seller, avocat augmenté, fonctionnaire intrapreneur, neuro manager, éthicien de l’intelligence artificielle, hacker éthique ou encore éducateur de robot. « J’aime beaucoup ce métier », a souligné Isabelle Drouhan. Dans son ouvrage, elle décrit l’éducateur de robot comme le superviseur de l’apprentissage d’une intelligence artificielle. Il lui appartient de documenter des séries d’exemples pertinents et surtout d’éviter les biais. En effet, on le sait, des algorithmes mal documentés peuvent conduire à créer des discriminations.
Le défi de l’automatisation
Pour Isabelle Rouhan, le sujet des métiers de demain est un défi dû à l’automatisation. « La typologie des métiers établie dans mon ouvrage est basée sur l’automatisation des tâches, a t-elle expliqué. Une étude réalisée par McKinsey en 2017 démontre que d’ici 2022 la moitié des heures travaillées en France est potentiellement automatisable. C’est absolument colossal. Ce qui ne veut pas dire pour autant que nous serons tous évincés par des robots, ni qu’il n’y aura plus de métiers et d’emplois. Selon l’étude, 5 % des métiers pourraient être totalement remplacés par l’automatisation, mais en revanche, 60 % des métiers vont être en partie impactés. Cela pose énormément de défis. Que fait-on du temps libre que ça génère, comment l’emploie-t-on utilement, que fait-on des gens qui vont être intégralement remplacés par des machines ? ».
Isabelle Rouhan pointe cependant dans cette évolution certains éléments positifs. « Eurostat, qui est l’organisme de statistiques au niveau européen, démontre que d’ici 2025, ce sont 15 millions d’emplois liés au digital qui seront créés et 6 millions détruits en parallèle. On constate donc que la balance est positive et qu’on crée davantage d’emplois qu’on en détruit. Le sujet, c’est que ce ne sont pas les mêmes ».
Auteur : Patricia Dreidemy