Alors que les avantages du cloud computing sont aujourd’hui une réalité, la place de la DSI est remise en question de part l’émergence de nouveaux services à la demande. Services qui bouleversent profondément la conception du rôle de l’informatique professionnelle.
Solutions & Logiciels IT ouvre son site à Eric Chicha, directeur Global Services France d’EMC, qui explique comment le département informatique peut devenir un moteur stratégique pour la croissance de l’entreprise grâce à l’ITaaS (l’informatique sous forme de services).
Que ce soit en matière de flexibilité ou de coût, les avantages du Cloud Computing pour les entreprises ne sont plus à prouver. Mais ces avantages s’accompagnent de bouleversements profonds dans notre conception de l’informatique professionnelle, et donc notre conception du rôle du service informatique. Depuis plusieurs années maintenant, la place de la DSI est remise en question, tantôt vouée à disparaître, tantôt pilier fondamental de la croissance de l’entreprise.
Certains évangélistes du Cloud vous diront que le rôle des départements informatiques centralisés au sein des entreprises est en train de devenir redondant car l’informatique évolue vers un modèle de fonctionnement OPEX, beaucoup plus flexible. De mon point de vue, cette prédiction a peu de chance de se réaliser car la DSI a déjà commencé à évoluer. Elle s’adapte, s’améliore et devient une fonction vitale pour l’entreprise au fur et à mesure de sa mutation. Plutôt que de constituer une menace, l’ITaaS semble être l’une des meilleures opportunités offertes au département informatique.
L’émergence de l’informatique clandestine
Avec la consumérisation de l’IT, l’utilisateur professionnel est bien plus autonome qu’il ne l’était par le passé. Habitué à manipuler ses appareils personnels de plus en plus puissants, il n’hésite plus à faire appel à un fournisseur ITaaS tiers pour obtenir les capacités dont il a besoin, sans même consulter le service informatique. L’émergence de cette informatique clandestine est à la fois une menace concurrentielle et une nouvelle contrainte pour le département informatique. Elle représente surtout un énorme défi – une récente enquête réalisée par IDG pour EMC révèle que la moitié des chefs d’entreprise actuels se tournent à présent vers des fournisseurs externes pour compléter ce que fournit l’informatique interne. Cet engouement s’explique par une plus grande rapidité de livraison et de mise sur le marché, une capacité à tirer parti d’une expertise technique non disponible en interne, et des coûts assez bas. Pourtant, c’est bien l’agilité – plutôt que le coût – qui favorise l’adoption de l’informatique clandestine.
Bien que de nombreuses fonctions informatiques centrales au sein des grandes entreprises aient été d’une manière ou d’une autre virtualisées – ce qui veut dire que théoriquement, elles ont les moyens d’approvisionner une plateforme informatique en l’espace de quelques minutes – ces délais d’approvisionnement sont rarement satisfaits. Cela est dû aux contrôles des opérations et des processus ainsi qu’aux structures de gouvernance des grandes entreprises – des structures qui peuvent figer l’approvisionnement pendant des semaines ! Dans un tel environnement, on comprend mieux le recours à des fournisseurs tiers pour répondre à des besoins de rapidité et d’agilité, car ils peuvent rendre opérationnelles les ressources requises en quelques minutes.
En utilisant l’ITaaS, complétée de méthodes et processus agiles (Devops), il est possible d’imaginer et de tester en un rien de temps de nouvelles idées, qui ont le potentiel de générer de nouveaux revenus. Ensuite, selon l’accueil du marché, l’idée peut facilement être développée ou abandonnée,sans ponctionner à outrance les budgets de développement.
Le problème pour le service informatique de certaines entreprises, c’est que les utilisateurs s’abonnent à ces services sans son accord et dans de nombreux cas à son insu. Ils échappent donc à toute gouvernance et à tout contrôle – un cauchemar du point de vue de la gestion comme du respect de la conformité.
Intégrer, et non interdire
L’informatique clandestine ne doit pas pour autant être considérée comme l’ennemi à abattre. Les avantages qu’il y a à pouvoir disposer rapidement de ressources sont trop importants pour s’en priver, et ce quels que soient les services Cloud que le service informatique est capable de mettre en place. Au contraire, pour que le département informatique prospère dans ce nouveau monde, l’informatique doit adopter ces services tiers et trouver le moyen de les faire fonctionner au mieux, au sein même de leur organisation. Pour cela, l’informatique doit devenir le courtier des utilisateurs informatiques. En plus d’assurer sa fonction traditionnelle – qui devra cependant gagner en agilité – l’informatique devra aussi proposer un portefeuille de choix ou un catalogue en libre-service qui oriente l’utilisateur vers l’offre la plus appropriée en fonction de ses besoins et de son budget. Ainsi, plutôt que de concurrencer l’informatique clandestine, le département informatique peut l’intégrer à son catalogue. Point capital : l’informatique obtient la supervision et le contrôle des solutions d’ItaaS utilisées au sein de l’entreprise, ce qui lui permet de les gérer plus facilement dans le cadre d’une stratégie d’infrastructure plus étendue.
Bien sûr, l’évolution du rôle du département informatique induit un énorme changement culturel. Alors que les compétences informatiques traditionnelles resteront toujours indispensables pendant la phase de transition, un effet de balancier s’opérera obligatoirement avec le temps, qui verra ces compétences devenir désuètes. C’est ici que le rôle de l’informatique as a service prendra de l’importance. Les informaticiens devront profiter de cette période de transition pour comprendre ce qui leur sera demandé au sein du département informatique du futur et pour acquérir les compétences indispensables dans ce nouvel environnement.
Placer l’informatique au cœur de l’entreprise
Le point positif pour le département informatique, c’est que s’il parvient à gérer ce changement culturel comme il convient, sa position dans l’entreprise deviendra critique. Aujourd’hui, l’informatique centrale est encore trop souvent perçue comme un centre de coûts et non comme un moteur de développement de business. En intégrant l’ITaaS, les services générateurs de revenus pourront être fournis bien plus rapidement, avec un impact immédiat sur les résultats financiers. Une fois que les avantages de l’agilité auront été ressentis, l’entreprise sera mieux en mesure de monétiser les données qu’elle possède sur de nouveaux marchés et dans des catégories de produits nouvelles. D’un seul coup, le département informatique sera promu au grade de moteur stratégique pour la croissance de l’entreprise.