“Plus qu’un remplacement des emplois par l’IA, on va assister à une transformation des métiers par ces technologies” prédit le dernier rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST).
On pensait ses conséquences plutôt sombres, elles deviennent plus optimistes. “Pour l’OCDE, ce n’est qu’un tiers des emplois qui seront profondément transformés par le développement de l’intelligence artificielle au cours des 20 prochaines années. Et selon l’économiste du Massachussets Institute of Technology (MIT) Daron Acemoglu, qui a publié en mai 2024 une étude approfondie, seulement 4 ou 5 % des tâches pourraient être entièrement automatisées” assurent les rapporteurs.
Cependant, les parlementaires notent que les professions les plus qualifiées pourraient être davantage touchées que lors des révolutions technologiques précédentes. “En tout état de cause, les études disponibles ne confirment pas le chiffre inquiétant de 47 % d’emplois destinés à disparaître de l’évaluation initiale de Frey et Osborne de 2013”.
Reste que la vitesse des changements avec l’IA est incertaine. Plusieurs conditions sont à prendre en considération : le degré d’adoption, la diffusion des systèmes, les temporalités, les zones, mais aussi les relations collectives et individuelles avec les IA…
18 recommandations pour accompagner l’IA dans nos vies
Pour accompagner l’intégration de l’IA comme nouvel acteur dans la société, les parlementaires proposent 18 recommandations “dont cinq sont consacrées à la préparation du futur sommet de l’IA qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février prochain”. Ce sont : l’IA au service de l’intérêt public avec la question des infrastructures ouvertes, l’avenir du travail, la culture, l’IA de confiance et la gouvernance mondiale de l’IA sous l’égide l’ONU.
Par ailleurs, les parlementaires font ces propositions :
– initier le cadre d’une régulation globale et multidimensionnelle de l’IA en s’inspirant des travaux de l’OCDE et de l’UE ;
– développer un programme européen de coopération en IA avec les pays partageant une vision similaire de l’IA et de ses enjeux ;
– associer plus étroitement le Parlement à son organisation en assurant la présence d’un député et d’un sénateur au sein du comité de pilotage du sommet ;
– développer une filière française ou européenne autonome sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’intelligence artificielle ;
– mettre en place une politique publique de l’IA avec des objectifs, des moyens et des outils de suivi et d’évaluation ;
– organiser le pilotage stratégique de la politique publique de l’IA au plus haut niveau avec une réelle dimension interministérielle ;
– former les élèves de l’école jusqu’à l’université, former les actifs et le grand public à l’IA pour maîtriser cette technologie ;
– accompagner le déploiement de ces technologies dans le monde du travail et la société, notamment par la formation permanente mais aussi avec des études qualitatives et quantitatives sur l’impact de l’IA sur l’emploi, le tissu social (dont les inégalités) et analyses sur les structures cognitives devront également être régulièrement menées ;
– lancer un grand dialogue social autour de l’intelligence artificielle et de ses enjeux ;
– mobiliser et animer l’écosystème français de l’IA notamment avec des pôles d’animation régionaux ;
– reconduire le programme « Confiance.ai » stoppé en 2024 ou mettre en place un projet équivalent ;
– soutenir la recherche publique en intelligence artificielle selon des critères de transversalité et de diversification des technologies ;
– relever le défi de la normalisation en matière d’intelligence artificielle ;
– s’assurer du contrôle souverain des données issues de la culture française et des cultures francophones et créer des bases de données autour des cultures francophones notamment en s’inspirant des initiatives menées par l’Espagne ;
– préparer une réforme des droits de propriété intellectuelle, dont le droit d’auteur, pour les adapter à l’IA et surtout aux usages de l’IA générative :;
– confier à l’OPECST le suivi et l’évaluation régulière de la politique publique conduite par le gouvernement.