En l’absence d’une solution “tout intégrée” pour permettre à ses agents publics de collaborer à distance sur leurs projets, l’Etat, via la DINUM, s’est montré pour le coup pragmatique et agile en déployant en deux semaines après la mise en place du confinement la plateforme Plano, de l’éditeur français Wimi.
Un choix lié non seulement à la souveraineté et la sécurité offertes par la plateforme SaaS, mais aussi au fait qu’elle avait déjà été adoptée par le Sénat, l’Assemblée Nationale, plusieurs ministères, dont celui de la Transition écologique, services publics ainsi que le Service d’Information du Gouvernement (SIG).
Lionel Roux, cofondateur et CEO de Wimi, explique à Solutions Numériques les possibilités de ce “Team souverain”, lancé fin 2010 après 3 ans de R&D : “Très tôt, on s’est aperçu que la collaboration ne s’arrêtait pas à de l’échange documentaire, type Dropbox, et qu’il n’était pas viable de multiplier les applications : une pour les docs, une pour les tâches, une pour les communications, etc. La fonction première de Wimi est de permettre à des équipes de créer des espaces de partage multifonction, avec de la communication par tchat ou par visio, de l’échange documentaire avec de la synchronisation de documents sur le poste de travail, de la gestion de tâches, des agendas partagés, du reporting…, explique-t-il.
Tout cela est centralisé dans des espaces de travail unifiés, presque indépendants des fonctionnalités que l’on propose. C’est un espace commun dans lequel on peut activer une ou des fonctions proposées et où l’on invite des personnes, internes ou externes, pour collaborer.”
Les adaptations de la plateforme réalisées pour l’Etat sont d’ordre “cosmétiques”, et non pas fonctionnelles : “une URL en .numerique.gouv.fr et une page d’accueil personnalisée”.
Répondre au cahier des charges de la DINUM en matière de sécurité
Si travailler en mode projet et agile selon les meilleurs standards professionnels est une exigence pour l’Etat à l’instar du privé, celle de la protection des données, de transparence, de réversibilité, de souveraineté et de cybersécurité l’est tout autant. Lionel Roux met en avant le fait que la société est française ainsi que son actionnariat, que l’hébergement est fait en France, chez Scaleway (Iliad), “avec des machines dédiées sur lesquelles nous avons une parfaire maîtrise ». Il précise que la solution fait l’objet d’une demande de certification auprès de l’ANSSI. “Tout était prêt juste avant le confinement”, confie le dirigeant : une CSPN (certification de sécurité de premier niveau) pour l’application et l’inscription à un process de qualification SecNumCloud. “On veut montrer à l’ANSSI que l’on fait les choses selon les bonnes pratiques ».
Une version de la plateforme avec des contenus chiffrés de bout en bout, avec une confidentialité absolue, a d’ailleurs été lancée : Wimi Armoured. Exception, la vidéo utilisant le WebRTC circule sur des canaux chiffrés, mais n’est pas chiffrée de bout-en-bout. La solution a été conçue à l’origine sur la demande de Total, qui a fait appel à l’entreprise il y a environ deux ans, précise le dirigeant.
Les chiffres de la troisième semaine de mars 2020 (1ère semaine de confinement) comparés à la première semaine de ce même mois montrent trois fois plus de nouveaux utilisateurs Wimi (50 000 utilisateurs quotidiens) et, pour la visioconférence, 10 fois plus d’utilisateurs qui y passent 20 fois plus de temps.