Accueil Internet & Télécoms L’Etat lance un “Telegram” à la française cet été, ouvert à tous

L’Etat lance un “Telegram” à la française cet été, ouvert à tous

L’ANSSI avait annoncé à la presse le 17 avril « accompagner » la DINSIC (Direction Interministérielle du Numerique et du Système d’Information de l’Etat ), dans son choix d’une messagerie lancée cet été.

Basée sur de l’open source, cette messagerie instantanée cryptée pourrait  « concurrencer les solutions qui se présentent comme incontournables sur le marché et dans lesquelles nous n’avons aucun confiance », et passerait par « des serveurs dont on saura où ils sont basés », précisait Guillaume Poupard.

Le 20 avril, la DINSIC annonçait par un communiqué ce lancement.

L’État adopte sa propre messagerie instantanée sécurisée
D’ici l’été 2018, l’État disposera de sa propre messagerie instantanée, alternative aux applications WhatsApp et Telegram.
Elle garantira des échanges sécurisés, chiffrés de bout en bout, sans dégradation de l’expérience utilisateur. Elle sera compatible avec n’importe quel terminal mobile ou poste de travail, d’État ou personnel. En effet jusqu’à maintenant l’installation des applications comme WhatsApp ou Telegram n’était pas possible sur les téléphones mobiles professionnels ce qui ne permettait pas une fluidité parfaite de l’information et des partages de documents.
Piloté par la Direction Interministérielle du Numérique et du Système d’Information et de Communication de l’Etat (DINSIC), le projet reçoit les contributions de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), des DSI du ministère des Armées et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
L’outil développé s’appuie sur un logiciel open source (Riot) qui implémente un standard ouvert (Matrix). Porté par une startup franco-britannique (New Vector), et bénéficiant de nombreuses contributions, ce standard d’échanges de messages instantanés a déjà retenu l’attention d’autres États tels que les Pays-Bas et le Canada, avec qui la DINSIC collabore étroitement.
Le standard Matrix et son logiciel open source sont également utilisés par des acteurs privés tel que Thalès, ce qui a conduit les équipes à se rapprocher pour garantir l’interopérabilité des outils et coopérer dans le développement du logiciel libre source.
Après 3 mois de développement pour un coût très limité, cet outil est en cours d’expérimentation au sein du Secrétariat d’Etat au Numérique, de la DINSIC et dans les DSI de différents ministères. Il devrait être déployé au courant de l’été dans les administrations et les cabinets.
« Avec cette nouvelle solution française, l’Etat montre sa capacité à travailler en mode agile pour répondre à des besoins concrets en utilisant des outils en open source et à très faible coût de développement. Le partage d’informations de manière sécurisée est essentiel à la fois pour les cabinets mais aussi pour avoir un dialogue plus fluide avec les administrations », Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé du Numérique.

Une application disponible aussi pour le public

Henri Verdier, directeur de la Dinsic, « DSI de l’Etat », est un familier des startups et de l’open source, notamment au travers de ses responsabilités antérieures à Cap Digital puis Etalab. Son équipe n’a pas hésité à prendre comme base la plateforme d’une startup franco anglaise (basée à Londres et Rennes), New Vector. Elle a développé Matrix, un standard open source dédié à la « communication sûre et décentralisée », un client de messagerie instantanée, Riot et sa forge, Modular, store dédié à Matrix.

Henri Verdier s’est confié à Nextinpact. Selon le site, le développement de la plateforme de messagerie de l’Etat, fork de Riot, s’effectuait en interne, sans partenaire extérieur : « Ça ne coûte pas cher de reprendre une souche libre, de la sécuriser et de la redesigner un peu… ». La messagerie , actuellement en version alpha, serait disponible « peut-être en juillet ».

Opérée par l’Etat, la Dinsic aurait cependant décidé de diffuser sa messagerie auprès du public et des entreprises, au travers des stores d’applications.

La messagerie instantanée, Riot, qui sert de base à la plateforme développée par la Dinsic offre de nombreuses fonctionnalités : chat, communication voix (VoIP) et vidéo, cryptage de bout en bout, transfert de fichier. Elle est interopérable et ouverte aux API et à l’intégration. Elle est disponible en 7 langues: français, anglais, allemand, espagnol, russe, brésilien et chinois.

Elle offre le choix de l’hébergement et l’interopérabilité avec les autres applications de communication.

L’intérêt premier pour la Dinsic d’opérer la plateforme sera de contrôler le chiffrage, sujet sensible et, on le sait, source des problèmes vis-à-vis de Telegram notamment.

New Vector

 

L’appli d’origine: Riot

 

Thales, avec Citadel Team, aura-t-il un rôle à jouer?

Dans son interview avec NextInpact, Henri Verdi indique avoir “un accord de coopération et d’interopérabilité avec Thales”.

Thales, qui est en pointe sur le marché de la sécurité des mobiles, avec le smartphone sécurisé Teorem,  puis en 2016 la solution logicielle Teopad, a lancé la messagerie Citadel Team il y a un an, avec une V2.1.0 en mars. Elle est disponible sur les stores, pour iPhone et Android. Thales revendique plus de 20 000 utilisateurs, « dans plus de 50 grandes organisations ».

 

Réservée aux professionnels, l’application ne peut s’utiliser qu’avec un e-mail d’entreprise. Elle intègre un système de chiffrement utilisé au plus haut niveau de l’État français et dans 50 pays de l’Otan. L’ensemble du système (stockage, sécurité, haute disponibilité) est opéré de bout en bout, en France, par Thales et dans ses datacenters. L’appli est en cours de Qualification Elémentaire auprès de l’ANSSI.

L’application est gratuite et ouverte : “Citadel Team a des API accessibles par tous ceux qui souhaitent y bâtir sur service”, mais n’indique pas à ce jour d’origine open source…

Un certain nombre de questions se posent. Quelle sera la relation entre la messagerie de l’Etat et sa cousine proche Citadel Team ? Thales jouera -t-il le rôle de distribution et de maintenance pour la messagerie de l’Etat ?