Stratégie multicloud, hausse et sophistication des cyberattaques, hybridation des postes de travail : Stéphane Huet, directeur général France, entouré de son état-major, a dévoilé la feuille de route de Dell France pour les prochains mois. L’américain confirme également un virage vers la durabilité.
Dell Technologies va plus que bien mais présente un bilan de santé “hémiplégique”. A la fin février, le chiffre d’affaires 2023 à franchi la barre des cent milliards (102 milliards), en hausse de 1 %. Si l’activité Datacenters fait preuve d’un grand tonus, la division PC tousse : la première bondit de 12 % à 38 milliards quand la seconde enregistre un déclin de 5 % de ses ventes à 58 milliards.
Le métier historique a subit un « ralentissement à partir du second semestre » constate son DG France Stéphane Huet, tandis que, toujours selon lui, la division Datacenters a connu « une bonne croissance des serveurs (ndlr : en progrès de 14 % à 20 milliards) et networking (18 milliards soit + 9 %) ». De quoi inciter le groupe à revendiquer le premier rang mondial sur les serveurs et le stockage, et la troisième place pour les PC « dans un mouchoir avec HP » et les autres, selon Stéphane Huet. Le résultat opérationnel grimpe de près d’un quart à 5,8 milliards de dollars. Quant à savoir si la filiale française et ses 2 000 salariés serait frappée par suppression de 6 500 emplois, le dirigeant s’est voulu rassurant.
De la multiplication des Clouds
La feuille de route de Dell s’articule autour de trois axes. Avec un premier, induit par ce que Stéphane Huet nomme « une pause dans la migration vers le Cloud public, un rééquilibrage vers le Cloud privé et l’edge Cloud », avec en moyenne, selon lui, au moins cinq Cloud différents opérés par client qui adoptent « des stratégies de plus en plus nuancées » en la matière. Dell Technologies table sur son projet Frontier de plateforme de gestion d’infrastructures et d’applications dans cet environnement. De même, il compte sur son offre APEX pour répondre à l’essor des demandes de solutions de paiement à l’usage. Un marché sur lequel il compte peser : si ses facturations dans ce domaine ne compte que pour 1 % des revenus, il espère les porter au-delà de 10 % à terme, sans autres précisions. Déjà titulaire d’une licence bancaire pour sa filiale Dell Financial Services, le groupe souhaite développer davantage de solutions en leasing, avec la même approche que dans le Cloud : promouvoir le paiement à l’usage parce qu’il permet de simplifier la facturation aux clients, vendre davantage de services personnalisés via son portail, et les partenaires de son channel.
S’agissant de cybersécurité, les équipes de Stéphane Huet sont conscientes du défi à relever. Elles rappellent que onze cyberattaques par seconde sont lancées dans le monde, plus particulièrement contre des acteurs publics. L’Hexagone figure ainsi dans le top cinq mondial des pays les plus agressés. Avec ses partenaires, dont l’Apave pour sensibiliser les PME à ces enjeux, Dell Technologies va ainsi pousser ses offres MDR dans le cadre d’une approche de bout en bout.
Dell attend beaucoup de son concept Luna de portables modulaires
Reste un dernier relais de croissance : l’hybridation des postes de travail, qui pourrait relancer sa division PC puisque le renouvellement de nombreux parcs devraient démarrer à partir de la fin de l’année. Dell attend beaucoup de son concept Luna de portables modulaires et reconditionnables presque à l’infini. Les prochains modèles de sa gamme devraient intégrer certains des composants développés par sa R&D, qui travaille sur un robot qui reconditionnera tout en enrichissant les appareils traités. Ce qui suppose une chaîne de récupération efficace des matériels périmés ou a remplacer, à édifier avec tous les maillons de son réseau.
Vincent Bussière
