Diversité des services, sécurité… Le point sur l’évolution des Point d’échange Internet avec Mike Hollands, directeur marketing et business development, segment connectivité et Fabrice Coquio, président d’Interxion France.
Depuis leur apparition au début des années 90, les points d’échange Internet ont connu quelques difficultés en matière de rentabilité. Tandis que les prix du marché associés à la connectivité Internet ont chuté, les prix des services d’échange ont également connu une baisse significative. Ce constat a contraint les points d’échange européens à rechercher de nouvelles sources de revenus afin de préserver leur rentabilité. Pour ce faire, ils étendent désormais leurs activités à de nouveaux marchés, optimisent leur offre de services, et attirent de nouveaux membres en diversifiant les entreprises connectées.
Par le passé, les points d’échange Internet se contentaient de faciliter l’interconnectivité locale au sein de leurs marchés nationaux. Les opérateurs avaient conclu une sorte « d’accord tacite » selon lequel ils ne se feraient pas concurrence, chaque point d’échange exerçait ainsi un certain monopole sur son marché national respectif ou partageait cette position dominante avec d’autres points d’échange locaux.
Désormais, un grand nombre de points d’échange Internet s’implante sur de nouveaux marchés. Les États-Unis, par exemple, constituent une destination particulièrement prisée, LINX, AMS-IX et DE-CIX s’y étant récemment installés. Le point d’échange néerlandais AMS-IX, qui mène ses activités aux Pays-Bas depuis le début des années 90, s’est implanté à San Francisco, à Chicago et à New York au cours des dernières années. L’Allemand DE-CIX a établi des points d’échange à Dallas ainsi qu’à New York, où le trafic des données échangées atteint chaque jour de nouveaux sommets. DE-CIX s’est également développé au Sud et à l’Est, en créant des avant-postes à Dubaï, Istanbul, Palerme, Madrid et Marseille. Alors que cette évolution est synonyme de concurrence accrue entre les acteurs du marché, l’expansion de la plupart des points d’échange importants est indispensable à leur réussite.
En outre, les points d’échange tendent aujourd’hui à diversifier leurs services. À titre d’exemple, ils permettent de se connecter aux fournisseurs de services cloud par l’intermédiaire de partenariats instaurés avec les fournisseurs de réseau utilisant leur point d’échange. Leurs membres peuvent ainsi retirer un maximum d’avantages de leur adhésion en bénéficiant d’une connectivité au cloud en plus du peering traditionnel. La récente collaboration entre AMS-IX et Megaport en témoigne.
Les points d’échange Internet offrent également à leurs clients des services de sécurité haut de gamme afin de protéger leurs membres contre les attaques DDoS (déni de service distribué), et contre d’autres éventuelles menaces qui pourraient survenir sur les réseaux partagés. DE-CIX propose ainsi des services de « blackholing » (trou noir) à ses membres, et France-IX a créé une place de marché regroupant une vaste gamme de services en plus du peering.
Enfin, et bien que ce ne soit pas encore le cas, les observateurs ne seraient pas surpris si le terme de « point d’échange Internet » était totalement abandonné au profit d’un terme plus général et représentatif de la multitude de services désormais proposés. Un terme comme celui de « point d’interconnexion » serait mieux compris par un plus grand nombre de clients, au-delà des fournisseurs de services Internet auxquels les points d’échange étaient traditionnellement destinés.
Le principal changement structurel de ces points d’échange tient très probablement au fait que ces derniers ne restreignent pas leur activité qu’à la seule connectivité entre les fournisseurs de services Internet. En effet, ces points d’échange ciblent désormais de nombreuses entreprises pouvant tirer parti des services qu’ils délivrent.
Les fournisseurs de contenu tels que Twitter, LinkedIn et Google sont depuis quelque temps membres des points d’échange Internet, ce qui leur a permis d’améliorer l’efficacité avec laquelle leur contenu est délivré aux utilisateurs finaux. Les points d’échange Internet peuvent également être synonymes d’avantages significatifs pour les employés des entreprises, à l’instar des temps de réponse plus rapides des applications stockées sur le cloud public. Schneider Electric, l’une des premières sociétés à rejoindre France-IX, en est un parfait exemple. Alors que les fournisseurs de contenu disposent d’une expertise interne pour interagir avec les points d’échange Internet, ce n’est que rarement le cas pour les entreprises. Celles-ci peuvent néanmoins communiquer plus facilement avec ces plates-formes grâce à de nouveaux portails automatisés fournis par les points d’échange. Ces mêmes points d’échange bénéficieront alors de revenus croissants issus de ce segment de clientèle prometteur.