Les autorités américaines ont dévoilé jeudi un cadre pour répondre aux risques à la sécurité nationale posés par l’intelligence artificielle, un an après un décret de Joe Biden en ce sens.
Le Mémorandum de sécurité nationale (NSM) tente un délicat numéro d’équilibriste entre le développement de l’IA dans le but de contrer son usage militaire par des rivaux des Etats-Unis comme la Chine, et la mise en place de garde-fous efficaces permettant de maintenir la confiance du public dans cette technologie, ont affirmé des responsables américains. “Il existe des applications très claires de l’intelligence artificielle en matière de sécurité nationale, y compris sur des sujets de cybersécurité et de contrespionnage”, a déclaré à la presse un haut responsable de l’administration Biden. “Des pays comme la Chine identifient de telles opportunités pour moderniser et révolutionner leurs propres capacités militaires et de renseignement“, a-t-il ajouté sous couvert de l’anonymat. L’adoption de technologies d’IA de pointe par les services américains de sécurité nationale est donc “particulièrement impératif” pour maintenir l'”avantage compétitif” des Etats-Unis, selon ce haut responsable.
Accéder aux “systèmes d’IA les plus puissants“
Joe Biden avait demandé à ses services en octobre 2023 d’élaborer ce mémorandum après avoir émis un décret sur la réglementation de l’IA, demandant notamment aux agences fédérales d’édicter de nouvelles normes de sécurité pour les systèmes d’intelligence artificielle. Les Etats-Unis s’attendent à ce que l’évolution rapide de l’IA entraîne une course entre grandes puissances dans les champs militaire et d’espionnage. Les agences américaines de renseignement ont donc reçu pour consigner d’accéder aux “systèmes d’IA les plus puissants“, a déclaré un autre haut responsable de l’administration Biden.
Des associations demandent de solides garde-fous
Le NSM, qui fournit des directives sur comment les agences peuvent ou ne peuvent pas utiliser l’IA, a pour but de voir l’Etat fédéral “accélérer” son adoption de l’IA “de manière intelligente et responsable“, selon ce haut responsable. En juillet, plus d’une dizaine d’associations ont envoyé une lettre ouverte à de hauts responsables de l’administration Biden, dont le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, exhortant à l’instauration de solides garde-fous dans le NSM. “Malgré des engagements de transparence, peu est connu sur l’IA employée” par les plus grandes agences américaines de sécurité nationale, comme le FBI ou la CIA, ont écrit ces associations, mettant en garde contre le risque de “perpétuer des discriminations raciales, ethniques, ou religieuses” et celui de “pérenniser les atteintes à la vie privée et aux libertés civiles“.
Le communiqué de presse de la maison blanche sur ce tout premier mémorandum de sécurité nationale (NSM) sur l’intelligence artificielle indique que le NSM a pour mission notamment de “veiller à ce que les États-Unis soient à la tête du développement mondial d’une IA sûre, sécurisée et digne de confiance“, avec notamment des chaînes d’approvisionnement en puces électroniques sécurisées, le développement de la prochaine génération de superordinateurs gouvernementaux ou encore le contre-espionnage technologique. Si les systèmes d’IA se mettent au service de la sécurité nationale, ils doivent le faire conformément “aux valeurs démocratiques“, souligne le texte.
Juliette Paoli avec AFP