Accueil Ressources Humaines Les DRH entre refonte du management et chantier de la digitalisation

Les DRH entre refonte du management et chantier de la digitalisation

De droite à gauche : Benoit Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH, Audrey Marzouk, directrice adjointe, marketing & communication , Boston Consulting Group, Vinciane Beauchene, managing director and partner, Boston Consulting Group et Laurence Breton Kueny, vice-présidente de l’ANDRH
De droite à gauche : Benoit Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH, Audrey Marzouk, directrice adjointe, marketing & communication Boston Consulting Group, Vinciane Beauchene, managing director and partner  Boston Consulting Group et Laurence Breton Kueny, vice-présidente de l’ANDRH.

 

Deux ans de pandémie ont totalement bouleversé l’organisation du travail, entre hybridation, flexibilité, nouveau rôle du manager et impact des technologies. L’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) et le Boston Consulting Group sont allés à la rencontre des DRH pour recueillir leur vision du futur du travail. Ils l’ont dévoilée à l’occasion d’une webconférence. 

La deuxième édition de leur enquête, « Le futur du travail vu par les DRH », après celle de juin 2020, a été menée auprès de 588 professionnels RH français durant le mois de février. Elle les interroge sur l’impact de la crise et sur leur vision à l’horizon 2025. « En 2020, on pensait que le tout télétravail n’existerait pas et qu’on allait converger vers une situation hybride, mixte de télétravail et de présentiel, ce que l’enquête confirme, déclare Vinciane Beauchene, managing director and partner au BCG. Seul 1 % des répondants nous disent que leurs télétravailleurs sont éligibles à cinq jours de travail à distance par semaine ». Selon l’enquête, le consensus se fait autour de deux jours en moyenne, pour un répondant sur deux. « L’hybride est devenu la norme dans nos entreprises, estime à cet égard, Audrey Richard, présidente de l’association nationale des DRH. Elle précise que depuis le 1er janvier 2020, 5 799 accords ou chartes de télétravail ont été signés.

Le télétravail se développe tout de même car de plus en plus de postes s’y ouvrent. 40 % des professionnels RH interrogés ont déjà mis en oeuvre cette ouverture ou y réfléchissent. 39 % prévoient que plus de la moitié de leurs salariés éligibles télétravailleront a minima un jour par semaine d’ici 2025 (+ 8 points versus 2020). L’enquête scrute ensuite les bouleversements induits par cette hybridation du travail. « L’organisation du travail est le grand chantier du moment, souligne Vinciane Beauchene. Cela fait écho à un impératif de flexibilité sur le « où et quand on travaille », qui est maintenant la grande attente du côté des candidats et des salariés ». Il est important de l’intégrer sous peine pour l’entreprise de perdre ses avantages concurrentiels.

Les DRH peu impliqués dans la transformation numérique

Le deuxième chantier, qui arrive ex aequo, concerne la posture managériale. « 93% des responsables RH considèrent que le rôle de manager a significativement évolué suite à la crise. 70% estiment par ailleurs que soutenir ce manager va être une des conditions clés de succès pour la mise en place du travail hybride », note Vinciane Beauchene.

Il est intéressant de voir comment les attentes vis à vis du manager ont évolué. Si le partage du sens et la motivation reste l’attente numéro 1, le sujet de la délégation est passé de la sixième place à la deuxième. « On attend aujourd’hui le manager sur l’autonomie, la confiance, la culture du feed back, ce qui nous challenge en tant que DRH », affirme Audrey Richard. On a besoin de faire bouger le code du travail car on s’ouvre finalement sur un partage des responsabilités dans nos entreprises ».

Une chose est certaine, la fonction RH ressort renforcée de la crise. 60 % des répondants estiment qu’elle a pris une place stratégique. « Ce qui est fondamental pour la suite va être la capacité du DRH à sortir de ses prérogatives traditionnelles pour influer pleinement sur les chantiers prioritaires de l’entreprise dans les années à venir, analyse Vinciane Beauchene. Ces chantiers concernent en premier lieu la transformation digitale, suivie du modèle d’organisation agile ».

Pourtant, moins d’un DRH sur deux (47 %) déclare qu’il sera moteur sur le sujet de la transformation numérique (contre 74 % pour la mise en place d’un modèle d’organisation agile). « Tout comme seul un DRH sur cinq déclare qu’il aura un rôle majeur dans le déploiement de l’intelligence artificielle alors que les implications humaines vont être massives », constate la directrice associée. Ces sujets ne faisant pas partie des prérogatives historiques des DRH et la question de la formation et de l’acculturation au numérique peuvent expliquer en partie ces assertions.

 

Patricia Dreidemy