Après avoir connu un essor sans précédent avec la pandémie de Covid-19, le travail à distance perd de son attrait. Aux Etats-Unis, les géants de la high-tech reviennent sur cette pratique. En France, les entreprises plaident également pour un retour plus prononcé au bureau.
Comme tout phénomène de société de grande ampleur, le télétravail connaît un mouvement de balancier. Généralisée au printemps 2020 avec la pandémie de Covid-19, la pratique a connu un essor fulgurant. Contraintes dans un premier temps à mettre en place le travail à distance, les entreprises y ont vu un moyen de gagner des mètres carrés de bureau. De leur côté, les salariés ont trouvé un nouvel équilibre vie professionnelle – vie personnelle en aménagement leur emploi du temps et en supprimant les trajets domicile – travail.
Un peu plus de trois ans plus tard, le soufflé est retombé. Un nombre croissant d’entreprises reviennent sur les modalités du télétravail constatant qui rien ne remplace le présentiel pour créer du lien, renforcer le sentiment d’appartenance et favoriser la créativité. Outre-Atlantique, les géants high-tech qui étaient le plus loin en pointe dans le domaine, allant jusqu’à proposer le « full remote » (100 % de télétravail) à leurs développeurs, font marche arrière.
Les GAFA font marche arrière
Début juin, dans un mémo interne, Google encourageait ses télétravailleurs à passer au travail en mode hybride. Quant aux nouvelles demandes de travail à distance, elles ne seront accordées qu’à titre exceptionnel. Certains employés verront même leurs badges contrôlés pour s’assurer qu’ils se rendent au bureau trois jours par semaine, nous apprend Les Echos.
Même virage à 180° chez Meta qui se voulait être « l’entreprise la plus en avance » sur le télétravail. En mars, son PDG, Mark Zuckerberg disait vouloir affiner cette approche après qu’une analyse interne démontrait que les recrues qui ont démarré en présentiel sont plus performantes. Un constat partagé par Marc Benioff, PDG de Salesforce.
D’autres sociétés se font plus pressantes. Les salariés d’Amazon qui ne sont pas en poste au moins trois fois par semaine ont été récemment avertis selon le Financial Times. En phase avec son tempérament, Elon Musk (X, Tesla, SpaceX) a déclaré, dans une interview à CNBC, que le télétravail était immoral, créant une injustice entre les salariés éligibles et les autres, et que tout le monde était plus productif en travaillant en direct. Pourtant spécialiste de la visioconférence qui permet le travail à distance, Zoom a, lui, carrément ordonné à son personnel de retourner au bureau d’après la BBC.
La France, un des pays les plus réfractaires au télétravail
De ce côté-ci de l’Atlantique, le reflux est beaucoup moins conséquent. La France a, de fait, adopté une approche plus modérée du sujet. Une étude de l’Institut Ifo et d’EconPol nous apprend d’ailleurs que notre pays est parmi les plus réfractaires au télétravail. Les salariés français ne travaillent à domicile que 0,6 jour par semaine contre 1 jour pour leurs homologues allemands, 1,4 jour aux États-Unis et 1,5 jour au Royaume-Uni.
Pour Laure Charbonneau, directrice chez Robert Half, cabinet de recrutement, les entreprises françaises sont actuellement à la recherche d’un équilibre, entre productivité et attractivité. « Elles sont conscientes que le télétravail est installé dans le paysage et que les collaborateurs souhaitent conserver cette flexibilité. Toutefois, certaines organisations ont été trop loin – en proposant 80 % voire 100 % du temps en télétravail – et reviennent en arrière. Elles veulent retrouver du liant et renforcer la culture d’entreprise dans un modèle hybride. ». Selon elle, un consensus se dessine autour de deux jours télétravaillés par semaine.
Xavier Biseul