On connait le burn out, mais pas le babble out, qui semble toucher de plus en plus de salariés. Les neurologues ont décrit ce nouveau trouble par ces mots – babble signifie bafouiller – car il conduit un certain nombre de travailleurs à ne plus pouvoir parler correctement. En cause, des lésions cérébrales, conséquences… du télétravail selon l’expert Hégésippe Duvoix, qui mène actuellement la première étude mondiale sur le sujet à l’Institut de l’Encéphale à Marseille.
L’info révélée en exclusivité pour Solution Numériques fait l’effet d’une bombe ! Hégésippe Duvoix et son équipe viennent tout juste de lancer leurs recherches scientifiques sur un groupe de télétravailleurs bénévoles. « Nous les avons équipés d’IRM cérébraux portatifs intégrant un dispositif 5G mis en place et sécurisé par Hub One. Les scans numérisés qui nous parviennent en temps réel à l’Institut montrent au fil de la journée la formation de lésions cérébrales dans l’aire de Broca, une des régions du cerveau impliquées dans le langage”, explique le neurologue, qui possède aussi un Master en ingénierie informatique.
Un syndrome lié au télétravail
Quelles sont les raisons de ces dommages ? La première explication évoquée est que les salariés passent de plus en plus de temps devant leur ordinateur à la maison. C’est donc essentiellement par l’écrit (qu’il s’agisse de produire des rapports, d’envoyer des mails par exemple ou de les lire) qu’ils s’expriment et interagissent, avance le spécialiste. « On sait que les horaires de travail sur une journée sont plus longs qu’au bureau. N’ayant plus besoin de se déplacer, les télétravailleurs commencent souvent à 8 heures, voire avant, pour terminer tard le soir. Le face-à-face avec l’ordinateur, et l’écrit, sont donc allongés d’autant. »
Pas ou peu de communications verbales
A ce temps passé devant l’ordinateur s’ajoute le fait que, parmi ces salariés, certains ne communiquent oralement que très peu, voire pas du tout, avec leurs collègues par téléphone. « Quant aux visioconférences, on a remarqué que des personnes n’arrivaient pas à trouver leur place et à participer. Le phénomène s’aggrave quand ces réunions se font en mode hybride, celles qui y assistent à distance se sentant davantage exclues ».
Des recherches à poursuivre
Les expériences cliniques se poursuivent activement car, selon les estimations du chercheur, 0,2 % des personnes souffrirait de babble out, ce qui, rapporté aux millions de télétravailleurs dans le monde, est un pourcentage élevé et inquiétant. 557 millions de personnes ont ainsi été en télétravail en 2020 rapporte l’Organisation internationale du travail, soit 1 114 000 victimes potentielles.
Hégésippe Duvoix a décidé de mettre à profit ses compétences de geek. Il est en train de développer une application (iPhone et Android) basée sur l’intelligence artificielle pour que les personnes atteintes puissent s’entraîner à parler. Le logiciel est capable, si le nombre de frappes sur le clavier de l’ordinateur du télétravailleur est trop important, d’entrer en contact avec ce dernier et d’initier une conversation orale sur des sujets qui l’intéressent spécifiquement, par exemple, en ce 1er avril, l’échange de blagues…