Godefroy de Benzmann lors des vœux 2018 du Syntec Numérique au Pavillon Dauphine à Paris.
Alors que le Syntec Numérique, syndicat professionnel des entreprises de services du numérique (ESN), des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies, présentait ses vœux à ses adhérents, son président Godefroy de Benzmann a appelé à la création d’un “espace ou d’une maison numérique” pour rassembler l’ensemble des bonnes volontés autour du sujet, considérant que le digital est devenu un sujet transverse, impactant l’ensemble des entreprises, quel que soit leur domaine d’activité.
“Maison du numérique”, cela fait un peu “maison du chocolat” s’amuse Godefroy de Benzmann, qui préfère appeler pour le moment “espace numérique” cette nouvelle organisation qu’il appelle de ses vœux, et qui rassemblerait des acteurs de tout horizon, bien au-delà des seuls du secteur digital. “Un genre de Station F”, faisant référence au plus grand incubateur de startups français lancé par Xavier Niel, “avec des tiers”, pour faire avancer les travaux sur la transformation digitale qui touche, ou touchera toutes les entreprises et tous les secteurs. Pour le responsable, il ne s’agit plus d’un “sujet vertical”, mais d’un sujet transverse qui a un impact sur l’ensemble de l’économie, alors que l’on est rentré dans celle de la “data”.
Elargir les discussions et les parties engagées
Le Syntec Numérique cherche à repenser la manière dont il interagit avec son écosystème, à l’élargir, et travailler en amont sur des sujets importants, tels que la circulation des données en Europe ou encore la production de services à l’aide de ces dernières dans les entreprises… Le syndicat compte d’abord faire le tour des écosystèmes les plus proches, à l’instar des opérateurs et équipementiers télécoms, des fabricants d’équipements numériques, ou encore d’un Cigref, association dont la mission est de développer la capacité des grandes entreprises à intégrer et maîtriser le numérique (Henri d’Agrain, son délégué général, était d’ailleurs présent à ces vœux), pour aborder d’autres branches et secteurs ensuite.
Des atouts pour réussir
Le poids du syndicat des entreprises IT est important. Premier syndicat professionnel de l’écosystème numérique français, ses membres représentent 80 % du chiffre d’affaires du secteur en France (53,9 milliards d’euros) et 447 000 emplois répartis dans 26 800 entreprises. Il accueille aussi bien des startups et des TPE (700 membres environ) que des ETI et des grands groupes. Et en tant que membre de la Fédération Syntec, le syndicat co-gère une convention collective dite convention « Syntec ». A ce titre, il joue aussi un rôle important dans la formation, l’apprentissage et la politique de l’emploi.
Le CCNum, Conseil national du numérique, ne pourrait-il pas jouer ce rôle ? Godefroy de Benzmann ne le voit pas en pilote sur ce terrain alors qu’il a surtout “fait du sociétal” – rappelons que l’organisation est plutôt mal en point en ce moment, sa présidente Marie Ekeland et son équipe ayant démissionné collectivement à la mi-décembre – pas plus que TECH IN France (ex Afdel, Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet), “ce n’est pas leur sujet”. Reste à convaincre un maximum de parties prenantes, à trouver un lieu d’accueil et à former une nouvelle gouvernance… Si tout reste à faire, on aura compris que l’organisation veut peser davantage dans le paysage économique, à l’heure où le digital en envahit tous ses recoins, de l’assurance à l’industrie, du restaurant au loueur de camping cars, de l’expert comptable à la Bourse… en passant par l’Etat. Sinon, à long terme, le Syntec Numérique risque de “disparaître tout doucement”.