Selon le rapport du Haut Conseil à l’Egalité, le sexisme reste tenace dans le monde du travail. Les métiers de l’informatique, majoritairement masculins, sont concernés.
93 % des Françaises et Français constatent des inégalités de traitement, selon le rapport du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) publié à l’occasion de la semaine de lutte contre le sexisme fin janvier dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, école, famille…).
Et 80 % pensent que femmes et hommes ne sont pas égaux en pratique dans le monde professionnel. Ainsi, 20 % de la population estime que les femmes et les hommes y sont égaux : ce chiffre est en baisse de 3 points par rapport au baromètre 2022. La part chute à 10 % lorsque l’on interroge les femmes de 66 ans et plus.
Rappelons qu’une étude sur l’égalité des genres dans la tech publiée à l’occasion du Web Summit début novembre 2022 a montré que 50,4 % des répondantes (dont 79 % vivent en Europe) ont été victimes de sexisme sur leur lieu de travail, et ce uniquement dans les 12 derniers mois. 37 % des étudiantes du numérique en France ont été victimes de comportements sexistes, définis comme des comportements discriminants, humiliants, menaçants ou violents adressés aux femmes en raison de leur genre, et 16 % de harcèlement sexuel, défini comme un ensemble de comportements abusifs à caractère sexuel, pouvant se traduire par des atteintes à l’intégrité corporelle (étude Gender Scan 2022).
Inégalités de salaire, encore plus chez les cadres
Dans le monde du travail, 23 % des femmes ont vécu un écart de salaire avec un collègue homme à poste égal ou compétences égales et 13 % une discrimination à l’emploi, des taux qui s’élèvent à 34 % et 21 % pour les cadres.
Plusieurs phénomènes concourant à la polarisation du marché du travail peuvent expliquer ces résultats :
– la persistance de voies professionnelles qui s’ouvrent difficilement, notamment dans les filières numériques et scientifiques, qui composent la majorité des métiers d’avenir ;
– la surreprésentation des femmes dans les métiers précaires, notamment du soin, aux conditions de travail dégradées et aux horaires atypiques.
37 % des femmes affirment avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix d’orientation professionnelle. Une femme aura de façon quasi certaine des remarques de personnes de son entourage quand elle étudie, travaille ou se reconvertit dans les métiers du numérique, puisque ce sont des métiers à forte proportion masculine dans leurs effectifs, ce qui peut engendrer un cercle vicieux.
Orienter les filles vers les métiers du numérique
Le HCE émet des recommandations pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme. Certaines ont pour objectif de lutter contre les stéréotypes sexistes :
– adopter un plan national d’orientation professionnelle dès le collège pour orienter les jeunes filles vers les métiers scientifiques, techniques, numériques, et d’avenir ;
– évaluer et labelliser les formations existantes de prévention et de lutte contre le sexisme au travail, et les rendre obligatoires par tous les employeurs.
Le HCE préconise également de passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats pour les politiques d’égalité :
– extension au secteur privé des mesures déjà mises en œuvre dans le secteur public (réduction des écarts salariaux, dispositifs de lutte contre le harcèlement moral ou sexuel), et qu’elles soient évaluées sous trois ans ;
– extension de l’index de l’égalité professionnelle au secteur public ;
– dans le public comme le privé, les sanctions doivent aller jusqu’à 1 % de la masse salariale en cas de non-respect des mesures.
Le Haut Conseil estime en outre qu’il est nécessaire d’adopter des critères d’égaconditionnalité dans l’ensemble des aides et financements publics pour qu’aucun argent public ne soit distribué sans contrepartie en matière d’égalité, et de systématiser l’élaboration de budgets genrés.